(Québec) Dans un geste transpartisan, les élus de l’Assemblée nationale ont adopté à l’unanimité une motion pour condamner « la répression des femmes en Iran sous un régime théocratique oppressif ». L’initiative a été lancée par la députée solidaire Ruba Ghazal.

« Les femmes iraniennes en ont assez, assez d’avoir peur, assez d’être brimées dans leurs libertés, épiées dans leurs mouvements, surveillant la moindre mèche de cheveux qui dépasse, elles en ont assez de l’apartheid sexuel », a déclaré la députée de Mercier dans un discours senti à l’Assemblée nationale.

« Des jeunes femmes se filment sur les réseaux sociaux à visage découvert, cheveux au vent, un geste très banal pour n’importe quelle jeune fille, ici. En Iran, ce geste peut être fatal, des écolières en paient le prix de leur vie », a-t-elle ajouté.

Un mouvement de contestation en Iran est né après la mort de Mahsa Amini, une femme iranienne de 22 ans qui a perdu la vie alors qu’elle était détenue parce qu’elle n’aurait pas bien couvert ses cheveux. Par leur motion, les élus de l’Assemblée nationale ont voulu démontrer leur pleine solidarité aux femmes en Iran, qui manifestent pour le respect de leurs droits.

« On pose aujourd’hui un premier geste. Il faudra tout faire en notre pouvoir pour que la révolution ne s’essouffle pas et pour que ce régime infâme tombe », a lancé Mme Ghazal. À la fin octobre, la députée de Mercier avait écrit à toutes les femmes élues au 3 octobre dernier pour qu’elles signent une déclaration commune en soutien aux femmes iraniennes.

Elle souhaitait par ailleurs que cette déclaration soit envoyée à l’Organisation des Nations unies. C’est ce qui sera fait avec la motion adoptée vendredi.

Des représentantes de chaque formation politique ont aussi tenu un point de presse conjoint vendredi avant le dépôt en chambre de la motion. Pour le gouvernement, c’est la députée Sylvie D’Amours qui a été déléguée alors que la ministre responsable de la Condition féminine, Martine Biron, a expliqué avoir confié le dossier à sa collègue en raison de ses déplacements pour la Francophonie.

Voici le libellé de la motion adoptée à l’unanimité :

  • Que l’Assemblée nationale unisse sa voix pour condamner la violente répression des manifestations et les abus aux droits de la personne commis par le régime théocratique iranien envers sa population depuis la mort de la jeune femme kurde, Mahsa Amini ;
  • Qu’elle affirme son entière solidarité aux femmes en Iran qui prennent part à une véritable révolution féministe et démocratique en sortant dans la rue sans voile, au péril de leur vie, pour défendre leurs droits et ceux des générations futures ;
  • Qu’elle salue également les hommes iraniens qui se sont massivement solidarisés avec leurs concitoyennes, rompant avec l’antagonisme de genre dont le régime a cherché à en faire le fondement de l’ordre social iranien ;
  • Qu’elle affirme son entière solidarité à nos frères et sœurs de la diaspora iranienne du Québec, ils et elles portent avec force la voix de leurs proches en Iran pour que ces derniers voient un jour leurs droits fondamentaux et démocratiques respectés ;
  • Qu’elle condamne fermement les meurtres d’enfant commis par le régime iranien, l’utilisation de la torture dans les prisons iraniennes et la condamnation à la peine de mort à des manifestants emprisonnés de façon arbitraire ;
  • Que l’Assemblée nationale demande aux autorités de la République islamique d’Iran de collaborer pleinement avec la commission d’enquête internationale indépendante qui portera sur les violations alléguées des droits de la personne dans la foulée des soulèvements populaires suivant la mort de Mahsa Amini ;
  • Que l’Assemblée nationale demande le retrait de la République islamique d’Iran de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies.