(Ottawa) Le chef conservateur Pierre Poilievre a dénoncé une politicienne allemande vendredi après que plusieurs députés conservateurs ont été critiqués pour l’avoir rencontrée tandis qu’elle était au Canada plus tôt dans la semaine.

Les députés conservateurs Dean Allison, Colin Carrie et Leslyn Lewis ont été photographiés alors qu’ils dînaient avec Christine Anderson, députée au Parlement européen.

Mme Anderson représente l’Alternative pour l’Allemagne, un parti populiste de droite qui a été placé sous surveillance en tant que groupe extrémiste présumé par l’agence de renseignement allemande en 2021.

Le parti s’oppose à l’immigration, promeut une idéologie antimusulmans et a été accusé par des leaders juifs de minimiser les crimes des nazis.

Le parti nie également que le changement climatique soit un problème d’origine humaine et entretient une relation amicale avec la Russie.

Le président du « Canadian Anti-Hate Network », Bernie Farber, et au moins deux organisations juives canadiennes se sont dits préoccupés par le fait que des députés canadiens rencontrent ainsi Mme Anderson.

« Pour être clair, Christine Anderson est membre d’un parti d’extrême droite raciste, anti-LGBTQ et antisémite », a écrit jeudi sur Twitter M. Farber. Il soutenait que la direction du Parti conservateur se devait de la dénoncer haut et fort.

Dans une déclaration écrite répondant à ces préoccupations, M. Poilievre soutient que les opinions « ignobles », « racistes et haineuses » de Mme Anderson « ne sont pas les bienvenues ici ».

Les députés n’étaient pas au courant des opinions de cette membre du Parlement européen en visite, et ils regrettent de l’avoir rencontrée. Franchement, il aurait été mieux que (Christine) Anderson ne se rende jamais en visite au Canada.

Déclaration de Pierre Poilievre

Les trois députés ont affirmé dans leur propre déclaration qu’il n’est pas rare de rencontrer des élus en visite d’autres pays.

« Nous n’étions pas au courant des opinions ou des associations d’elle et de son parti politique. Nous ne partageons ni n’approuvons ses opinions et condamnons fermement toute opinion raciste ou haineuse », indique la déclaration attribuée aux députés Carrie, Allison et Lewis.

Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes a indiqué qu’il saluait le rejet clair par M. Poilievre des opinions affichées par Mme Anderson, mais estime que les députés devraient faire un peu plus de recherches avant d’accepter de telles rencontres.

Mme Anderson n’a pas répondu aux demandes de commentaires par courriel de La Presse Canadienne.

Dans une entrevue vidéo avec la plateforme numérique de droite True North, publiée sur Twitter, Mme Anderson a répondu à la déclaration de M. Poilievre et a dit qu’elle était « très désolée » qu’il se sente ainsi.

Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai passé un bon moment à rencontrer les membres de son parti. Je ne vois aucun instant où j’ai pu exprimer des opinions haineuses et racistes, comme il le dit.

Christine Anderson, députée allemande du parti l’Alternative pour l’Allemagne

Questionné sur la rencontre lors d’une conférence de presse vendredi, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré qu’il pense que les conservateurs doivent aux Canadiens une explication pour ce qu’il a appelé un modèle de conduite.

« Les Canadiens doivent cesser d’être traités comme des imbéciles et les conservateurs doivent admettre et vraiment se dissocier de la rhétorique haineuse, vile et intolérante, ou dire la vérité et expliquer qu’ils ont en fait de la place pour (cette rhétorique) et l’intolérance au sein de leur parti », a-t-il dit.

La tournée de Mme Anderson au Canada comprenait des arrêts à Calgary, Toronto et Montréal, ainsi qu’une visite à un barbecue du jour de la Famille près de Cambridge, en Ontario.

Au cours de son séjour, Mme Anderson est apparue sur une photo avec des membres du groupe d’extrême droite « Diagolon », posant avec le drapeau du groupe. Le groupe, décrit par la Police provinciale de l’Ontario comme un « groupe extrémiste », est associé au mouvement du « convoi de la liberté » et s’oppose aux restrictions de santé publique imposées par le gouvernement.

Le parti de Mme Anderson s’est également opposé aux restrictions liées à la COVID-19 et a été un fervent partisan des protestations des convois qui ont bloqué des passages frontaliers et les rues du centre-ville d’Ottawa l’année dernière.

M. Poilievre a été critiqué l’été dernier après avoir été photographié en train de serrer la main du fondateur de Diagolon, Jeremy MacKenzie, lors d’un évènement de campagne à la direction des conservateurs en Nouvelle-Écosse. Plus tard, il a dénoncé Diagolon comme des « perdants » et des « saletés » après que Jeremy MacKenzie et un autre membre du groupe eurent évoqué en direct la possibilité d’agresser sexuellement sa femme, Anaida Poilievre.

Dans un message sur Twitter jeudi, le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, a qualifié Mme Anderson de « légendaire » et a salué son opposition aux restrictions en cas de pandémie. Vendredi, il a qualifié la déclaration de M. Poilievre au sujet de Mme Anderson de « dégueulasse » et d’« attaque sans fondement contre une femme courageuse ».

Avec des informations de l’Associated Press