(Ottawa) L’ancien ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau, quitte la vie politique.

M. Garneau, qui a aussi été ministre des Transports pendant cinq ans dans le gouvernement Trudeau avant de prendre les commandes de la diplomatie canadienne en janvier 2021, a rencontré le premier ministre lundi soir pour lui faire part de ses intentions. Il a quitté officiellement ses fonctions de député de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount mercredi après avoir prononcé un discours d’adieu rempli d’émotions à la Chambre des communes.

M. Garneau, qui est en train de rédiger son autobiographie et qui est âgé de 74 ans, a pris le train pour rentrer à Montréal en soirée, mettant fin à une carrière politique de près de 15 ans.

Dans son discours, M. Garneau a notamment lancé un appel au respect. « Le défi que je lance à tous est de faire appel à vos meilleurs sentiments et de mettre de côté la colère et la fausse indignation. Critiquez, bien sûr, mais faites-le avec respect et peut-être même avec humour. Faites en sorte que les Canadiens soient fiers de cette Chambre et des gens qui y siègent. »

À la surprise générale, M. Garneau avait été écarté du cabinet par Justin Trudeau après les élections fédérales de septembre 2021.

Le premier ministre a alors jeté son dévolu sur la ministre Mélanie Joly pour diriger les Affaires étrangères. Justin Trudeau a tenté de convaincre M. Garneau d’accepter le poste d’ambassadeur du Canada à Paris. Mais ce dernier a refusé l’offre.

Dans une récente entrevue accordée à La Presse, M. Garneau a indiqué qu’il n’aurait pas brigué les suffrages au dernier scrutin si le premier ministre l’avait informé qu’il ne ferait plus partie du cabinet. D’ailleurs, il avait déjà convenu avec sa famille que la campagne de 2019 serait la dernière et qu’il rentrerait dans ses terres au terme de ce mandat.

Mais M. Garneau a précisé qu’il est revenu sur sa décision après avoir obtenu le poste de ministre des Affaires étrangères en janvier 2021. Il a expliqué qu’il voulait assurer une stabilité à ce ministère qui avait connu quatre ministres en six ans, tandis que les turbulences se multipliaient sur la scène internationale.

« J’aurais terminé mon mandat »

« J’ai pris la décision avec ma famille de prendre ma retraite de la politique. En fait, j’avais dit à ma famille après les élections de 2019 que ce serait ma dernière campagne. J’avais alors été reconfirmé dans mes fonctions de ministre des Transports. J’aurais terminé mon mandat. Mais il y a eu une surprise. Le premier ministre m’a demandé d’être ministre des Affaires étrangères. Et à peine sept mois plus tard, il y a eu une autre élection », a expliqué M. Garneau durant l’entrevue qui s’est déroulée à son bureau de la colline du Parlement.

« Je me suis dit que j’étais le quatrième ministre aux Affaires étrangères en cinq ans et demi. La raison pour laquelle j’ai décidé de solliciter un autre mandat, c’est parce que je venais à peine de commencer mes nouvelles responsabilités et il y avait toutes sortes de choses que je voulais faire. Je voulais assurer une certaine stabilité aux Affaires étrangères. »

Quand il a fait quelques appels après sa nomination aux Affaires étrangères, plusieurs de ses homologues étrangers lui ont dit : « On espère que tu seras en poste plus longtemps que ton prédécesseur ! »

Il a poursuivi en disant que si le premier ministre lui avait indiqué qu’il ne serait plus le chef de la diplomatie canadienne, « presque certainement, j’aurais décidé de ne pas me représenter. C’était quelque chose que j’adorais faire et j’avais à peine commencé le travail ».

Élu pour la première fois à la Chambre des communes en 2008 après une brillante carrière comme astronaute, M. Garneau a passé les sept premières années sur les banquettes de l’opposition. Après la victoire des libéraux aux élections de 2015, il a été nommé ministre des Transports – un poste qu’il a occupé pendant six ans, le troisième mandat quant à sa durée à la tête de ce ministère dans l’histoire du pays.

« J’ai vraiment aimé la politique. C’était ma troisième carrière après mes années dans la marine et ensuite comme astronaute. Toute mon expérience en politique – que ce soit dans l’opposition, comme ministre ou comme président d’un comité parlementaire –, j’ai trouvé cela très satisfaisant. »

Des hommages

Plusieurs ministres ont tenu à saluer la carrière de M. Garneau mercredi après avoir appris la nouvelle de son départ.

« Marc Garneau est un homme qui a donné sa vie pour son pays. Il a inspiré des millions de Canadiens. Alors c’est un ami, une personne que j’apprécie beaucoup, et je suis sincèrement triste de le voir [partir] », a déclaré la ministre Mélanie Joly.

« Rarement un Canadien peut avoir autant fait, je pense, pour notre pays, non seulement au niveau de la science, non seulement au niveau de ses accomplissements comme astronaute, mais aussi comme parlementaire », a pour sa part affirmé le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne.

« C’est un grand homme. J’ai eu l’occasion de travailler avec lui durant près de 17 ans. C’est un homme qui a donné beaucoup à ses concitoyens et au Canada. […] Je veux le remercier pour son courage et sa détermination, et aussi sa grande humilité. On a beaucoup à apprendre de lui », a commenté le ministre du Patrimoine, Pablo Rodriguez.

M. Garneau a annoncé sa démission au moment où le débat sur le projet de loi C-13 sur les langues officielles fait rage. M. Garneau a indiqué qu’il s’oppose à ce projet de loi dans sa forme actuelle au motif que les droits de la minorité anglophone au Québec ne seraient pas adéquatement protégés en raison de certains amendements qui ont été adoptés lors de l’étude en comité.