La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, se dit ouverte à mettre en place des mesures pour empêcher les évictions de locataires par des propriétaires qui veulent transformer leurs logements en Airbnb, et d’autres changements pour mieux protéger les locataires.

« Les gens vulnérables qui se font jeter dehors de leur logement après des années, pour des raisons que je dirais ordinaires, je trouve ça déplorable et je n’ai pas l’intention que ça perdure », a dit la ministre Duranceau, vendredi, lors d’une conférence de presse à Laval dans le cadre de laquelle elle inaugurait des logements sociaux.

Elle a expliqué qu’elle revoyait actuellement toutes les règles touchant les propriétaires et les locataires, avec son adjointe parlementaire, la députée de Labelle Chantale Jeannotte.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, et le maire de Laval, Stéphane Boyer, durant la conférence de presse soulignant l’avancement d’un important chantier de logements sociaux et abordables dans le quartier Val-Martin, dans Chomedey à Laval.

« Que ce soit la question des évictions pour Airbnb, la clause F, les rénovictions sauvages, on va agir là-dessus », assure Mme Duranceau.

La clause F permet à un propriétaire d’immeuble neuf, pendant une période de cinq ans, d’imposer à ses locataires une hausse de loyer qui n’est pas assujettie à la grille de calcul du Tribunal administratif du logement, ce qui se traduit souvent par de fortes augmentations.

« Je suis ouverte à tout parce que je suis en train de consulter. Je ne veux pas faire les choses à la pièce, et je ne veux pas que ça prenne des mois et des mois. On va attendre les recommandations », a ajouté la ministre.

Mercredi, Québec solidaire a demandé au gouvernement1 d’interdire les évictions de locataires dans les cas où les propriétaires veulent plutôt louer leurs logements à court terme sur des plates-formes comme Airbnb, en citant deux cas récents à Montréal, un dans Hochelaga-Maisonneuve et un dans le Vieux-Montréal.

AccèsLogis

France-Élaine Duranceau a également commenté les réactions négatives à la décision de son gouvernement, annoncée la semaine dernière, de mettre fin au programme AccèsLogis pour le financement du logement social.

« Le nom du programme n’est pas important. Ce que les Québécois veulent, c’est qu’on livre du logement, qu’il y ait des résultats », dit-elle.

Elle explique que le gouvernement va continuer de créer du logement social en accordant des subventions pour la construction de projets et par son programme de supplément au loyer, qui prévoit que les locataires à faible revenu ne paient pas plus de 25 % de leur revenu.

Quant au nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), destiné à appuyer financièrement des projets de logements locatifs abordables pour des ménages à revenu modeste, qui s’est attiré son lot de critiques, la ministre en promet une version améliorée pour corriger ses défauts.

Mme Duranceau promet aussi de financer les projets auxquels on a promis des fonds du programme AccèsLogis, mais qui attendent toujours leur argent pour construire des logements.

La ministre de l’Habitation a fait ces commentaires lors de l’inauguration du projet Val-Martin, à Laval, où 124 logements ont été remis en état et 235 nouveaux appartements ont été construits, grâce à du financement fédéral, provincial et municipal. Ottawa y a investi 33,6 millions, Québec, 35,5 millions et Laval, 20,3 millions. Un dernier bâtiment actuellement en construction abritera aussi le nouveau centre communautaire Simonne-Monet-Chartrand, dans lequel la Ville a investi 25 millions.

1 Lisez l’article : « Crise du logement : QS veut rendre illégales les évictions au profit des Airbnb »