(Québec) Le travail de l’opposition a été « presque impossible » particulièrement durant la première vague de la pandémie, en grande partie à cause du gouvernement, selon le Parti québécois (PQ).

Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon avalise ainsi les conclusions d’une étude universitaire publiée récemment dans une revue scientifique spécialisée et diffusée par La Presse Canadienne1.

Après analyse de centaines d’interventions, les chercheurs arrivent à la conclusion, avec des données quantitatives et qualitatives, que la capacité des partis d’opposition de surveiller l’action du gouvernement a été « clairement sapée ».

En entrevue téléphonique lundi, le chef du PQ s’est dit d’accord avec les constats de l’étude.

« La confusion était complète » entre le premier ministre et le directeur de la santé publique, qui faisaient leur conférence de presse ensemble, aux heures de grande écoute, jour après jour, sans que l’espace réservé aux voix de l’opposition soit le moindrement proportionné, a argué M. St-Pierre Plamondon.

En outre, il n’y avait « pas de transparence sur les fondements scientifiques de chaque décision » et, par conséquent, cela a créé un « environnement très difficile pour un dialogue démocratique sain », a-t-il poursuivi.

Aux yeux de M. St-Pierre Plamondon, le gouvernement a contribué à l’ostracisation des partis d’opposition à des fins politiques durant la pandémie.

« Le gouvernement a participé activement [au climat d’affaiblissement de l’opposition] non seulement par l’utilisation des points de presse à des fins politiques, pour imposer sa version, mais également en ligne, en demandant au personnel de l’Assemblée nationale de la CAQ de traiter de complotiste chaque élu des partis d’opposition, ou de les accuser d’être contre la science. »

Dans ces circonstances très tendues, où les médias relayaient des points de vue à juste raison très critiques de la désinformation et du complotisme, il était facile pour le gouvernement « d’associer au complotisme toute question ou critique légitime, ce qui rendait la tâche des oppositions très difficile », a poursuivi le chef du PQ.

Le gouvernement caquiste a ainsi polarisé l’opinion et jeté dans les bras de certains courants extrêmes des citoyens qui pourtant ne faisaient que se poser des questions ou exprimer leur scepticisme, a regretté M. St-Pierre Plamondon.

Le chef du PQ espère que, à défaut d’une commission d’enquête qu’il avait réclamée sur la gestion de la crise sanitaire, les universitaires poursuivront leurs recherches pour faire avancer la connaissance et pour éviter de reproduire les mêmes erreurs lors d’une éventuelle crise.

L’article des chercheurs universitaires est paru en anglais paru dans la revue scientifique Journal of Legislative Studies.

Les auteurs ont constaté qu’en raison du contexte, autant le Parti libéral (PLQ) que Québec solidaire (QS) et le PQ ont donc renoncé aux critiques et attaques personnelles et opté plutôt pour la formulation de propositions.

Ils ont fait jusqu’à presque sept fois plus d’interventions avec des propositions que d’interventions critiques, par rapport au niveau d’avant la pandémie.

Mais encore, cela restait un champ de mines pour les partis d’opposition, selon M. St-Pierre Plamondon.

« Le simple fait de formuler des propositions menait rapidement à des accusations d’être contre la science, d’être contre la solidarité des Québécois. Et ces accusations venaient du premier ministre lui-même à plusieurs reprises. »

Pas moins de 657 interventions parlementaires, soit des déclarations ou des questions, ainsi que 728 interventions dans les médias ont été analysées, entre janvier 2019 et décembre 2020. Cela permettait ainsi une comparaison avec un échantillon prépandémie, de janvier 2019 à mars 2020.

Des 657 interventions effectuées, 163 (24,8 %) ont été faites après la déclaration de l’état d’urgence.

De même, sur les 728 interventions dans les médias, 303 (41,6 %) ont été effectuées après l’annonce de l’état d’urgence.

Les interventions retenues étaient celles des porte-parole en matière d’Éducation, de Santé et de Sécurité publiques, qui ont été les plus sollicités durant la pandémie.

L’étude a été réalisée par Jeanne Milot-Poulin, Lydia Laflamme, Jeanne Desrosiers, Cédrik Verreault, Carolane Fillion, Nicolas Patenaude ainsi que le professeur Marc-André Bodet.

1. Lisez « L’opposition n’a pas pu jouer son rôle pendant la pandémie, conclut une étude »