(Québec) Que des entreprises jettent chaque année des tonnes de produits alimentaires ou des biens comme des appareils électroniques et des vêtements, alors qu’ils sont parfaitement utilisables, n’est plus socialement acceptable, affirme le Parti québécois (PQ). La formation politique déposera mardi un projet de loi pour que le gouvernement mette au pas les détaillants qui n’apportent pas leur contribution afin de trouver une seconde vie à leurs invendus.

« La production de déchets, ça coûte cher à la société, aux municipalités et aux contribuables du Québec. Quand ce sont des déchets qui sont des matières neuves, invendues ou que l’on peut consommer et utiliser, c’est ça qui rend la chose scandaleuse et qui nécessite que le gouvernement intervienne », affirme à La Presse le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau.

À titre d’exemple, il cite une étude réalisée par Recyc-Québec, selon laquelle 16 % des 7,5 millions de tonnes d’aliments qui entrent chaque année dans le système bioalimentaire de la province sont perdus ou gaspillés. Selon M. Arseneau, « le gouvernement doit nous aider à ramener les Québécois, et particulièrement l’industrie, à des pratiques qui sont beaucoup plus acceptables socialement, beaucoup plus économiques et beaucoup plus environnementales », dit-il.

Le rôle des entreprises 

Le projet de loi péquiste est la deuxième initiative parlementaire du genre à défrayer la manchette depuis quelques jours. Au début du mois, Québec solidaire (QS) a également proposé d’obliger les entreprises du secteur alimentaire à réduire le gaspillage en concluant des ententes avec des organismes d’aide alimentaire.

Au Parti québécois, on explique que leurs réflexions vont un pas plus loin, alors que la formation politique veut également s’attaquer au gaspillage des détaillants de meubles, de mode et des grandes surfaces qui détruisent intentionnellement des biens pour les rendre inutilisables, plutôt que de les confier aux entreprises d’économie sociale et aux organismes qui pourraient les utiliser.

Le PQ affirme que son projet de loi prévoit des sanctions « administratives, pécuniaires et pénales très répressives » contre les entreprises qui tenteraient de contourner la loi. Ces dispositions pénales pourraient varier entre 2500 et 1 500 000 $.

Réparer avant de jeter 

Selon Joël Arseneau, les Québécois ont perdu leurs bonnes habitudes de réparer les biens qu’ils possèdent avant d’en acheter des nouveaux puisque l’obsolescence programmée fait en sorte qu’un produit neuf coûte souvent moins cher à acheter que de réparer celui que l’on a déjà.

« Si on a perdu ce réflexe-là de ramener, par exemple, les appareils électroniques au réparateur, c’est soit parce que le détaillant nous dit que ça va coûter plus cher que d’en acheter un neuf, ou encore que les pièces vont prendre un temps fou à être commandées et obtenues, alors qu’on veut dans la société actuelle des résultats immédiats ou un service rapide », dit-il.

Les péquistes proposent que les commerçants ou les fabricants rendent disponibles « les pièces de rechange, les outils et les services de réparation nécessaires à l’entretien ou à la réparation d’un objet » et que cela fasse partie de leurs obligations à titre de détaillants.