(Ottawa) Le député Han Dong met sa menace à exécution et dépose une poursuite en diffamation : il réclame 15 millions à Global News, quelques-uns de ses journalistes, et sa société mère, Corus Entertainment, pour avoir laissé entendre qu’il était à la solde de Pékin.

L’élu torontois, qui a quitté le caucus libéral le 22 mars dernier, avait annoncé son intention de s’adresser aux tribunaux après que le réseau eut publié des allégations selon lesquelles il aurait conseillé au consul chinois de Toronto de retarder la libération de Michael Kovrig et Michael Spavor.

« Les défendeurs ont publié des articles et diffusé des reportages malveillants, erronés et diffamatoires au sujet de M. Dong, lesquels ont démoli sa réputation et sa carrière durement gagnées, en plus de l’exposer, lui et sa famille, à des menaces et à des messages haineux », lit-on dans le communiqué de son avocat.

Dans la poursuite déposée jeudi devant la Cour supérieure de justice de l’Ontario, il réclame solidairement, contre chaque défendeur, des dommages-intérêts de 5 millions, des dommages-intérêts majorés de 5 millions et des dommages-intérêts punitifs d’un montant de 5 millions.

Car ils « ont dit au public, directement et par insinuation », que l’élu désormais indépendant « est un agent de la République populaire de Chine », qu’il a usé de « tactiques illégitimes pour gagner des élections », et qu’il a voulu garder les deux Michael en prison, y lit-on.

Chez Global News, on n’a pas commenté directement, jeudi, sauf pour réitérer que l’organisation est « régie par un ensemble rigoureux de normes et pratiques journalistiques », et qu’elle est « très soucieuse de l’intérêt public et de la responsabilité légale » de ses reportages.

Le député avait signalé son intention de poursuivre le média dans une entrevue accordée au Globe and Mail à la fin du mois de mars. Dans le même article, le quotidien torontois affirmait par ailleurs avoir été mis au courant des allégations visant Han Dong, puis jugé qu’elles n’étaient pas assez solides pour être publiées.

Le réseau Global News a rapporté, sur la foi de deux sources confidentielles de sécurité, que Han Dong aurait suggéré en 2021 au consul général de Chine à Toronto, Han Tao, que Pékin attende avant de libérer Michael Kovrig et Michael Spavor, qui étaient alors détenus arbitrairement en Chine depuis plus de deux ans.

« Comme parlementaire et comme personne, jamais je n’ai – et jamais je n’aurais – appuyé ou milité en faveur de la violation des droits fondamentaux de n’importe quel Canadien, ou de quiconque, où que ce soit, point », s’est défendu le principal intéressé dans son discours de démission du caucus libéral.