(Québec) Après une première réforme en immigration décriée par l’opposition, qui a fait fondre le nombre d’étudiants internationaux qui restent au Québec au terme de leurs études, le gouvernement Legault veut corriger le tir. Il révisera une fois de plus ses programmes afin d’inciter les étudiants étrangers francophones à rester dans la province pour y débuter leur vie professionnelle.

Le cabinet de la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, a réitéré mercredi qu’il procède actuellement à une révision des programmes. « On est en train de regarder toutes les options. L’un de nos objectifs est de rehausser la connaissance du français dans le bassin d’immigrants permanents », a dit Mme Fréchette dans une mêlée de presse.

Le premier ministre François Legault a affirmé mercredi qu’une annonce aura lieu au cours des prochaines semaines.

Radio-Canada a rapporté que de nouvelles modifications seraient apportées au Programme de l’expérience québécoise (PEQ), qui avait fait l’objet d’une réforme controversée du ministre Simon Jolin-Barrette lors du dernier mandat caquiste. La ministre Fréchette modifierait les conditions d’accès au PEQ, considéré comme une voie d’accès rapide à la résidence permanente, afin d’améliorer l’attractivité du programme auprès des diplômés francophones.

En resserrant les critères d’admissibilité au PEQ au cours des dernières années, le nombre d’étudiants étrangers qui ont soumis une demande pour accéder au programme est passé de 5465 en 2020 et à 2268 en 2022. Aux yeux de l’opposition, il s’agit d’un échec du gouvernement, qui devrait plutôt encourager ces ressortissants étrangers qualifiés, qui ont suivi leurs études au Québec, à rester dans la province.

« Cette réforme du PEQ, elle a été imposée par Simon Jolin-Barrette pour respecter la promesse idéologique de François Legault d’un seuil de 50 000 par année. Ce n’était pas possible de respecter cette cible-là sans fermer les robinets du PEQ, un programme pourtant couronné de succès », a affirmé le chef de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois.

« Ça mesure l’ampleur de l’échec du gouvernement caquiste. Ça, c’est autant de personnes qui, sur une base humaine, étaient prêtes à s’investir au Québec […]. Ce qu’on demande, c’est le recul, l’abandon complet de cette mauvaise réforme caquiste-là qui nous aura fait perdre trois ans », a renchéri le leader parlementaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Monsef Derraji.

« Le PEQ, la manière que ça a été géré à l’époque de Simon Jolin-Barrette, c’était un fiasco épouvantable. […] On doit réussir à aller chercher des étudiants francophones, tenter de les intéresser à demeurer après leurs études », a complété Pascal Bérubé du Parti québécois (PQ), soulignant que ces étudiants étaient importants pour les établissements postsecondaires en région où la population locale ne suffit plus à remplir les classes.

Au cours des prochains mois, Québec entamera aussi les consultations pluriannuelles visant à établir les prochains seuils d’immigration. En campagne électorale, le premier ministre François Legault a déclaré qu’il serait « suicidaire » à ses yeux d’accueillir plus de 50 000 immigrants permanents par an. Son gouvernement s’est depuis donné l’objectif d’accueillir une immigration exclusivement francophone ou francotrope d’ici 2026.

Avec Tommy Chouinard