Le gouvernement Trudeau examine actuellement « plusieurs options » pour évacuer les 230 Canadiens qui demandent toujours son assistance au Soudan, malgré la fin des évacuations aériennes en raison des conditions dangereuses à l’aéroport Wadi Seidna.

C’est ce qu’a prudemment détaillé dimanche la ministre de la Défense nationale, Anita Anand, en confirmant que 200 personnes ont été évacuées du Soudan samedi, lors de deux vols d’évacuation distincts tenus par les Forces armées canadiennes (FAC). Du nombre, environ 60 étaient des Canadiens.

Dès samedi soir, Ottawa avait toutefois indiqué mettre fin à ces vols en raison du contexte trop risqué pour ses pilotes, ses employés et les ressortissants. « Les vols d’évacuation du gouvernement du Canada sont terminés. Évitez de vous rendre à l’aérodrome de Wadi Seidna en raison de la détérioration des conditions de sécurité », peut-on désormais lire sur le site du gouvernement fédéral.

Jusqu’ici, six vols d’évacuation canadiens avaient eu lieu. Au total, ils ont permis d’évacuer près de 550 personnes, dont près 400 étaient Canadiens et résidents permanents. Vendredi, deux vols avaient permis de faire sortir du pays 221 personnes, dont 68 Canadiens et six résidents permanents, mais deux autres avaient aussi été annulés. Un vol avait notamment été refoulé lorsque l’aéroport a été fermé à la suite de tirs sur un avion turc depuis le sol ayant endommagé l’appareil et blessé un membre d’équipage.

Parce que les conditions sont « dangereuses », le gouvernement canadien appelle donc toute personne qui souhaiterait revenir au pays à ne plus se rendre à l’aéroport Wadi Seidna. D’autres options d’évacuation, notamment par la voie maritime depuis Port-Soudan, seront dorénavant priorisées. Plusieurs des activités du gouvernement canadien y ont d’ailleurs été relocalisées.

C’est une situation très volatile. Il y a des combats autour de l’aéroport. Nos pilotes ont pu voir des échanges de coups de feu [samedi].

Wayne Eyre, chef d’état-major des Forces armées canadiennes

« On a différentes options qui se présentent à nous en ce moment, notamment avec nos navires ou encore avec des navires commerciaux. On travaille constamment avec nos alliés également, pour trouver d’autres moyens de quitter le pays. […] Ce réseau d’amis et de partenaires est essentiel dans ce genre de situation », a indiqué Mme Anand.

L’option d’évacuation terrestre « n’est pas toujours la meilleure option » actuellement, vu la situation « très volatile et dangereuse », a toutefois prévenu la ministre.

Celle-ci réitère par ailleurs que le projet des États-Unis, qui ont mis en place un convoi de bus pour faire sortir du pays environ 300 de leurs ressortissants piégés au Soudan vendredi, pourrait être utilisé par Ottawa afin d’évacuer des Canadiens. À ce jour, le gouvernement canadien affirme avoir évacué environ 140 Américains à bord de ses avions.

Mélanie Joly au Kenya

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, passera de son côté les prochains jours au Kenya, en Afrique de l’Est, afin d’orchestrer la réponse du Canada à la crise au Soudan. Elle doit notamment y rencontrer des personnes qui ont été évacuées du pays plongé dans les combats depuis 16 jours, ainsi que du personnel diplomatique qui y travaillait jusqu’au début des affrontements.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly

Mme Joly doit également s’entretenir avec des groupes humanitaires afin de mieux cerner les besoins des habitants du Soudan, ainsi que de ceux des personnes qui ont fui vers les pays voisins, en cette période de crise. Elle prévoit aussi de rencontrer l’ancien premier ministre soudanais Abdalla Hamdok, le seul dirigeant civil du pays au cours des dernières décennies, qui a été renversé lors d’un coup d’État en 2021.

Le Kenya a joué un rôle de premier plan dans la recherche d’une solution au conflit au Soudan et abrite l’Autorité intergouvernementale pour le développement, un groupe axé sur la paix et la prospérité dans les pays d’Afrique de l’Est. Selon son bureau, la ministre Joly espère en apprendre davantage sur le rôle du Kenya en tant qu’acteur majeur sur le continent africain.

Les forces armées soudanaises et des groupes paramilitaires devaient au départ fusionner, mais les négociations ont échoué le mois dernier et ont créé un conflit généralisé qui a fait des centaines de morts chez les civils ces deux dernières semaines. L’ambassade du Canada à Khartoum, la capitale du Soudan, a été transférée à Nairobi, au Kenya, lorsque les combats ont éclaté.

Samedi, la ministre Anand avait déjà annoncé que le Canada explorait ses options pour mener des évacuations maritimes et terrestres. Deux navires militaires canadiens ont justement reçu l’ordre de rester à proximité du Soudan, « au cas où ils deviendraient utiles pour les efforts d’évacuation ».

Avec La Presse Canadienne