(Québec) Irrité par les quolibets de l’opposition, le gouvernement Legault veut faire bannir l’épithète « brouillon » en Chambre.

L’opposition libérale revient constamment avec ce qualificatif peu élogieux pour dépeindre les caquistes, mais mardi, le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, en a eu assez.

En reprenant constamment le terme « brouillon », le Parti libéral (PLQ) recycle ainsi une accusation souvent lancée par son ancien chef Philippe Couillard aux caquistes, pour leur accoler une étiquette d’amateurisme.

Or l’abandon récent par la CAQ de son engagement électoral si souvent martelé du tunnel autoroutier Québec-Lévis a permis aux libéraux de s’en donner à cœur joie.

À la période de questions, le député libéral Monsef Derraji a pris le soin d’insister en affirmant qu’« il n’y a pas uniquement le troisième lien où ce gouvernement est brouillon, il est brouillon dans plusieurs autres dossiers, […], mais il y a un dossier en particulier où ce gouvernement est brouillon, et c’est très simple ».

Et c’est là où, excédé, Simon Jolin-Barrette l’a interrompu en se levant pour invoquer une question de règlement auprès de la présidente, Nathalie Roy.

« Il y a une intention manifeste de la part de l’opposition officielle d’utiliser un terme pour l’utiliser d’une façon qui est blessante », a-t-il plaidé en rappelant qu’on ne peut avoir recours à des propos blessants en Chambre.

« Il est de votre pouvoir, Mme la Présidente, que les parlementaires entre eux utilisent un langage respectueux et non pas dans l’intention de blesser. Alors, je vous demande, formellement, de mettre le mot à l’index et de demander au collègue de retirer. »

La présidente n’a pas consenti immédiatement à la demande et ne s’est pas prononcée sur le fond, mais a mis en garde les parlementaires.

« Il n’est pas à l’index pour le moment, mais s’il est utilisé comme une insulte, s’il devient un propos blessant, il pourrait le devenir. […] Maintenant, je vous dirais d’utiliser avec parcimonie ce mot pour ne pas qu’il soit retiré. »

Rappelons qu’il existe ainsi des mots mis à l’index à l’Assemblée dans une liste de termes proscrits. On y retrouve entre autres « mauvaise foi », « cacher la réalité », « supercherie », etc.