(Québec) Malgré les tentatives répétées de l’opposition, Geneviève Guilbault a refusé de divulguer le coût du projet de tunnel réservé au transport collectif. La ministre des Transports n’a pas non plus précisé les contours du nouvel engagement caquiste, affirmant que tout est sur la table, même la possibilité d’y faire circuler un métro.

La ministre des Transports a été talonnée mardi par l’opposition sur la décision du gouvernement Legault d’abandonner son engagement de creuser un tunnel autoroutier sous-fluvial reliant Québec à Lévis, mais surtout sur le nouvel engagement caquiste de livrer un troisième lien 100 % consacré au transport collectif.

Lors de l’étude des crédits budgétaires de son ministère, Geneviève Guilbault a indiqué ne pas avoir communiqué les estimations de coûts d’un nouveau projet lors de sa rencontre avec le premier ministre, le 5 avril. « De mémoire, je ne crois pas », a-t-elle indiqué en réponse au député solidaire de Taschereau, Étienne Grandmont. « Je suis assez certaine qu’on n’a pas discuté des autres scénarios », a-t-elle ajouté.

Le gouvernement Legault fait pourtant de ce nouveau projet un engagement aussi ferme que celui de construire un lien autoroutier. Le premier ministre a révélé la semaine dernière qu’il ignorait le coût estimé du nouveau projet de tunnel de transport collectif.

Une étude réalisée par le consortium Union des rives fait une estimation sommaire de quatre options de projet, dont celle d’un tunnel réservé au transport collectif. L’étude a été rendue publique la semaine dernière, sauf que les coûts par scénario sont caviardés.

La seule donnée financière qui a été transmise à François Legault est la dernière estimation du coût du projet promis en campagne, soit un tunnel bitube, a expliqué la ministre. « On a évoqué ensemble […] que, en ce moment, si on maintenait le bitube […], on était autour de 9,5 à 10 milliards », a expliqué Mme Guilbault.

La discussion visait essentiellement à informer M. Legault des nouvelles données sur les temps de parcours et l’achalandage post-pandémique, a fait valoir la ministre. Elle n’a pas voulu dire si elle avait fait une recommandation finale, se contentant de dire « qu’ultimement, la décision a été prise » par le premier ministre.

Elle a aussi révélé avoir eu une première étude dès le 27 janvier, mais celle-ci était incomplète et ne contenait pas non plus d’estimations du coût du projet, a-t-elle indiqué.

Par ailleurs, Mme Guilbault a assuré qu’aucun élu caquiste n’a fait campagne en ayant un doute sur la faisabilité du troisième lien autoroutier. « Aucun d’entre nous […] ne s’est engagé à faire le troisième lien en ayant à l’esprit qu’on devrait changer le projet de façon aussi significative par la suite. Jamais on n’aurait menti sciemment à nos électeurs », a plaidé la députée de Louis-Hébert.

Les coûts resteront caviardés

Mme Guilbault a défendu à nouveau la décision du gouvernement Legault de ne pas dévoiler les coûts estimés du nouvel engagement caquiste sous prétexte que ces estimations sont trop préliminaires. « Ce n’est pas pour cacher, ce n’est pas un complot, une manigance […]. Ça ne serait pas responsable à ce stade-ci de donner ces chiffres », a-t-elle répété.

Elle a par ailleurs avancé que ces évaluations « sont de toute façon appelées à changer, le temps qu’on travaille le projet » et que les scénarios étudiés « ne se feront pas parce qu’on a resserré le projet pour un tunnel de transport collectif ». Cependant, dans les quatre options évaluées, il existe bel et bien le scénario d’un tunnel de transport collectif, centre-ville à centre-ville.

Transport collectif : « Tout est possible »

La ministre Guilbault n’a pas été en mesure de préciser les contours du futur projet, affirmant que des études sont à venir. « Tout est possible dans le tunnel », a-t-elle lancé. « Il faut prendre le temps de l’analyser et on va choisir ce qui est plus adéquat, rentable, structurant pour nos deux régions », a ajouté la ministre, révélant que les détails du nouvel engagement n’ont pas été discutés avec le premier ministre.

On a un tunnel vierge en ce moment et on peut mettre ce qu’on veut dedans, contrairement au bitube où on était limité aux autobus.

Geneviève Guilbault, ministre des Transports

Mme Guilbault a aussi indiqué que le tracé du projet reste à déterminer, tout comme le moyen de transport collectif qui sera choisi. Elle a évoqué, tout comme M. Legault la semaine dernière, les autobus électriques, un tramway, un REM et même un métro. « Le métro fait effectivement partie des possibilités de ce qui peut passer dans le tunnel », a-t-elle souligné sans préciser sa préférence.