Les agriculteurs de la relève et les fermes en difficulté financière se font tendre une bouée par Québec pour traverser la tempête inflationniste. Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, a annoncé jeudi après-midi la création d’un compte d’aide d’urgence doté d’un appui financier qui pourra atteindre jusqu’à 100 millions.

Grâce à la mise en place de cette mesure, les entreprises admissibles pourront obtenir un prêt de 50 000 $ sans avoir à rembourser le capital ou les intérêts pendant trois ans.

Jusqu’à 2000 entreprises pourront bénéficier de cette aide.

À la mi-avril, le syndicat de l’Union des producteurs agricoles (UPA) avait publié les résultats d’un sondage révélant qu’une ferme sur dix envisageait de mettre la clé sous la porte afin de répondre à ses obligations financières. Les entreprises en démarrage étaient parmi les plus touchées.

Cette annonce se veut en quelque sorte la réponse aux préoccupations des agriculteurs qui s’estiment pris à la gorge.

Lors de la conférence de presse, le président de l’UPA, Martin Caron, a salué la « célérité » de la mise en place de cette aide. « Je veux être clair, il ne faut pas le voir comme une dépense. Quand on soutient l’agriculture et l’agroalimentaire, on soutient le garde-manger [du Québec], on soutient l’autonomie alimentaire. »

700 entreprises en difficulté

Pour se qualifier, les entreprises devront avoir un chiffre d’affaires de moins de 1,5 million ainsi qu’un excédent monétaire et un fonds de roulement négatif.

La garantie de prêt de 50 000 $ s’échelonnera sur une période de dix ans. L’aide financière couvrira le remboursement des taux d’intérêt jusqu’à la hauteur de 5 %.

Le programme sera géré par la Financière agricole du Québec. Déjà, 712 entreprises agricoles ont été identifiées comme étant en situation précaire, dont 683 sont des entreprises de la relève, soit gérées par des agriculteurs de moins de 40 ans. On trouve aussi 26 entreprises en production porcine, un secteur qui vit une crise majeure depuis quelques années.

Le Québec compte environ 29 000 entreprises agricoles. Les plus touchées sont celles qui auront du mal à absorber une hausse des coûts d’intérêts et des intrants agricoles tels que les engrais.

Les 712 entreprises sur la corde raide seront toutes contactées pour faire l’objet d’un suivi personnalisé.

Cela fait plusieurs semaines que l’on sonne l’alarme pour les relèves agricoles de partout au Québec. Avec l’augmentation des taux d’intérêt, des coûts de production et on ajoute ça l’augmentation du prix des terres, cela crée une bombe à retardement qui plane au-dessus de la tête des relèves agricoles.

Julie Bissonnette, présidente de la Fédération de la relève agricole du Québec

Pour la moitié de ses membres, la hausse des taux d’intérêt pourrait les empêcher de s’acquitter de leurs obligations financières.

« Pour nous, dans cette annonce, il y a deux bonnes nouvelles. Oui, les montants annoncés aideront plusieurs agriculteurs et agricultrices, dont des relèves, à avoir des liquidités, mais surtout, c’est le message du gouvernement qui est important. Aujourd’hui, on nous démontre que les demandes des relèves agricoles ont été entendues et que celles-ci ne seront pas seules pour affronter la tempête », a-t-elle ajouté.