De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Bonne semaine : Caroline Proulx

Comme ce fut pénible de forcer Airbnb à respecter la loi afin de freiner la perte de logements. Le gouvernement Couillard promettait de sévir. Le premier gouvernement Legault a répété cette menace. Ça ne fonctionnait pas. La majorité des logements affichés sur la plateforme étrangère n’avaient pas de permis ou étaient situés dans des zones où l’hébergement à court terme était pourtant interdit. Et elles n’étaient pas embêtées, car les inspecteurs étaient trop peu nombreux et les amendes n’étaient pas dissuasives. La ministre du Tourisme, Caroline Proulx, passe enfin à l’attaque. Airbnb sera désormais obligée de faire appliquer la loi et si elle y contrevient, elle s’exposera à de lourdes amendes, tout comme les locateurs.

Paul Journet, La Presse

Dure semaine : le caucus caquiste

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Le projet de loi pour augmenter le salaire des députés a été déposé par le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barette.

Les députés caquistes se sont fait poser une question embêtante cette semaine à l’Assemblée nationale : que ferez-vous avec l’augmentation annuelle de 30 000 $ que vous vous accorderez ? Ils longeaient les murs, soudainement muets. Le projet de loi calque les recommandations d’un rapport d’expert dont deux des trois rédacteurs étaient d’anciens députés. Il aurait été pourtant plus simple – et économique – de suivre les recommandations d’un autre rapport déposé en 2013, qui proposait le compromis suivant : bonifier le salaire mais amincir le régime de retraite pour attirer de nouveaux visages en politique tout en évitant d’en faire un métier permanent. Les caquistes ont préféré hausser leur salaire sans réduire leur rente. S’ils trouvent que l’idée est bonne, ils n’avaient pas le courage de dire pourquoi.

Paul Journet, La Presse

La citation de la semaine

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois

Le smoked meat, […] ça ne vient pas des Filles du roi !

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, s’est lancé mardi dans un vibrant plaidoyer pour l’immigration qui, a-t-il insisté, enrichit la culture québécoise plutôt que de la menacer. Par exemple, les Irlandais ont influencé la musique traditionnelle, et les Juifs nous ont offert cette charcuterie emblématique.

La période des questions

Est-ce vrai que le premier ministre François Legault s’appropriera de l’argent venant du fédéral pour les soins dentaires et qu’il n’a pas l’intention de s’en servir pour ces services ?

Claudette Messier

Ottawa a annoncé un programme de soins dentaires destiné notamment aux mineurs et aux aînés. Dès le départ, Québec a réclamé un droit de retrait de ce programme avec pleine compensation financière, ce qui représente 3 milliards en cinq ans. Cela signifie qu’il veut faire respecter sa compétence en santé et qu’il pourrait utiliser l’argent comme bon lui semble s’il a gain de cause. Le ministre des Finances, Eric Girard, se dit conscient que « les soins dentaires sont importants ». Le Québec a déjà son propre programme, moins généreux que celui annoncé par le fédéral. « Les négociations se poursuivent avec le gouvernement fédéral et il est trop tôt pour confirmer quelle forme prendra chacune des modalités du programme. » On comprend qu’au moins une partie de l’argent d’Ottawa servira aux soins dentaires et que les détails sont à venir.

Soumettez votre question

« Défiscaliser » les heures sup ?

Avis aux militants caquistes réunis en congrès ce week-end : il n’y a pas que la résolution sur la fin du monopole de la SAQ, proposée par le comité de Saint-Jérôme, pour laquelle le gouvernement n’a aucun appétit. C’est le cas aussi de la « défiscalisation des heures supplémentaires » dans certains secteurs d’activité touchés par la pénurie de main-d’œuvre, une idée proposée par les jeunes caquistes. Aux Finances, cette mesure a déjà été étudiée et rejetée. Ce serait trop compliqué d’identifier les secteurs où les travailleurs auraient le droit de faire des heures exemptées d’impôt, il y aurait un risque d’iniquité, et le gain de productivité serait faible, a-t-on expliqué au cabinet du ministre Eric Girard.

Dubé vit le « jour de la marmotte »

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre de la Santé, Christian Dubé

Christian Dubé a eu une impression de déjà-vu mardi quand le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le DMarc-André Amyot, y est allé d’une charge à fond de train contre sa réforme. « C’est comme si je vivais un peu le jour de la marmotte », a lancé le ministre, étonné du ton du DAmyot. Cette sortie musclée n’est pas sans lui rappeler que la FMOQ, il y a un an, lui avait demandé de déchirer son projet de loi 11, qui visait à augmenter la prise en charge des médecins. Québec et la FMOQ ont ensuite conclu une entente sur le sujet. « Si c’est comme ça que ça a commencé l’an passé et que ça finit comme ça finit… bien, merci pour vos bons commentaires », a rétorqué M. Dubé.

7 ans et 6 mois

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Katie Telford, chef de cabinet du premier ministre Justin Trudeau, lors du sommet de l’OTAN en 2019

Katie Telford a fracassé le record de longévité au poste de chef de cabinet d’un premier ministre qui était jusqu’à présent détenu par Jean Pelletier, sous Jean Chrétien. Celle qui a fait ses premiers pas comme page à Queen’s Park – encouragée à s’y joindre par son voisin, un certain Bob Rae – occupe une place privilégiée dans le cercle rapproché du premier ministre libéral. Elle était d’ailleurs de la retraite secrète à Mont-Tremblant, en 2012, là où l’entrée en scène de Justin Trudeau dans la course à la direction a été échafaudée. Le rôle de chef de cabinet, extrêmement exigeant, avait été occupé par une seule femme avant Mme Telford, très brièvement, sous Kim Campbell. Traditionnellement, le roulement de personnel à ce poste est important : Stephen Harper a eu quatre chefs de cabinet, Jean Chrétien, quatre, et Brian Mulroney, cinq.

Une vieille photo de Steven Guilbeault refait surface

L’utilisation d’accessoires durant les interventions des députés a beau être interdite à la Chambre des communes, Steven Guilbeault et l’un de ses adversaires politiques ne s’en sont pas privés cette semaine. Le ministre de l’Environnement a d’abord brandi la dernière plateforme électorale du Parti conservateur pour rappeler que sous la direction d’Erin O’Toole, les conservateurs étaient d’accord avec une tarification sur le carbone industriel de 170 $ la tonne. Ils réclament aujourd’hui l’abolition de la taxe sur le carbone. Le député de la Saskatchewan Fraser Tolmie a rétorqué en brandissant, sourire en coin, une photo de l’arrestation de Steven Guilbeault en 2001 lorsqu’il avait escaladé la tour CN pour Greenpeace. Le coup d’éclat visait à attirer l’attention sur les changements climatiques.