(Edmonton) Les deux principales rivales de la campagne électorale en Alberta ont croisé le fer lors d’un débat télévisé houleux, jeudi soir, lors duquel la confiance des électeurs a entraîné des discussions envenimées.

Ce débat a eu lieu quelques heures après que la commissaire à l’éthique de la province a révélé que la cheffe du Parti conservateur uni, Danielle Smith, dans son rôle de première ministre, a enfreint les règles sur les conflits d’intérêts.

Lors du débat, la cheffe du NPD, Rachel Notley, n’a pas manqué l’occasion de marteler qu’elle n’avait jamais enfreint les lois sur les conflits d’intérêts lorsqu’elle était au pouvoir, entre 2015 et 2019.

À la suite des conclusions de la commissaire à l’éthique, Mme Notley a donc estimé que les électeurs ne pouvaient pas faire confiance à Mme Smith.

« Chaque jour, il y a un nouveau drame. Vous n’avez tout simplement pas à endurer ça », a affirmé Mme Notley en s’adressant aux électeurs.

Mme Smith n’a pas abordé directement la question du conflit d’intérêts, mais elle s’est décrite comme étant « imparfaite ».

Elle a également mentionné que les propos controversés qu’elle a tenus en ondes au cours de sa carrière antérieure d’animatrice de radio appartenaient au passé.

« Les Albertains sont mes patrons maintenant et mon serment est de vous servir et personne d’autre », a tranché Mme Smith.

Plus tôt jeudi, la commissaire à l’éthique de l’Alberta, Marguerite Trussler, a conclu que Mme Smith a enfreint la loi sur les conflits d’intérêts lors d’une conversation avec son ministre de la Justice au sujet d’une affaire très médiatisée en lien avec les restrictions sanitaires.

Mme Trussler indiquait dans son rapport que la violation était liée aux discussions que Mme Smith a eues avec le ministre de la Justice et procureur général de l’époque, Tyler Shandro, à propos d’accusations criminelles portées contre un pasteur de Calgary.

Artur Pawlowski a été reconnu coupable au début du mois de méfaits et d’autres accusations pour son rôle dans une manifestation contre les restrictions sanitaires, qui a bloqué le principal passage frontalier de l’Alberta vers les États-Unis au début de l’année 2022.

Mme Trussler devait décider si l’appel de Mme Smith à M. Shandro le 6 janvier était approprié.

« Le but de l’appel de la première ministre Smith était d’influencer la décision de la Couronne de poursuivre M. Pawlowski », a écrit la commissaire.

« Elle a demandé au procureur général s’il y avait quelque chose à faire au sujet des accusations et si elles pouvaient aider M. Pawlowski. Elle s’inquiétait de l’aspect politique de la conférence de presse que M. Pawlowski prévoyait d’organiser. »

Selon Mme Trussler, il est inacceptable qu’un premier ministre discute d’une affaire pénale en cours avec un procureur général.

« Je pense que le ministre Shandro a dû ressentir une pression considérable et s’inquiéter pour son mandat de ministre à la suite de cet appel », a-t-elle écrit.

« Dans l’ensemble, c’est une menace pour la démocratie que d’interférer avec l’administration de la justice. C’est le premier pas vers le type de système judiciaire que l’on trouve souvent dans un pays non démocratique ou pseudodémocratique où les membres et les amis du pouvoir sont protégés des poursuites ou sont acquittés par les tribunaux sur les instructions du pouvoir », a soutenu la commissaire.

Dans une déclaration transmise jeudi par son parti, Mme Smith a indiqué qu’elle avait toujours voulu trouver une voie vers l’amnistie pour les personnes accusées d’infractions et de violations non violentes liées à la COVID-19 au cours de la pandémie.

Elle a indiqué qu’elle demandait à M. Shandro, qui est avocat, son avis sur une éventuelle amnistie et qu’elle avait accepté son conseil. Elle a ajouté que la conversation s’était arrêtée là.

« J’ai invité la commissaire à me donner, ainsi qu’aux futurs premiers ministres, des conseils sur la manière d’aborder des questions politiques sensibles de ce type avec le ministre de la Justice, si elle pensait qu’il y avait une manière plus appropriée de procéder », a affirmé Mme Smith.

Mme Trussler ne recommande pas de sanctions contre Mme Smith pour le moment, mais dit qu’elle se réserve le droit de le faire une fois que la législature aura repris ses travaux.

La commissaire recommande aux nouveaux membres de la législature de suivre une formation sur les rôles des trois branches de l’appareil gouvernemental.

Les électeurs doivent se rendre aux urnes le 29 mai en Alberta.