Le maire de Québec, Bruno Marchand, hausse le ton contre Radio X, au lendemain de propos tenus en ondes par l’animateur Dominic Maurais, qui avait laissé entendre que l’élu aurait une vapoteuse à cannabis dans son bureau, faisant allusion à ses décisions sur le tramway. La Ville n’exclut pas une poursuite, mais, surtout, étudiera s’il y a toujours lieu de faire de la publicité dans cette station.

« On n’exclut rien, ni pour cet évènement ni pour les prochains. C’est fini, le temps de laisser dire n’importe quoi. Ça fait des mois que ça dure. Du début à la fin de cette émission, on est capable de mentir, de dire des faussetés, d’utiliser des surnoms, de tout faire pour décrédibiliser. Et ce n’est pas juste le maire, c’est la classe politique. Il y a un temps où ça s’arrête. C’est maintenant », a tonné jeudi le maire, en mêlée de presse.

Plus tôt, mercredi, dans son émission Maurais Live, l’animateur Dominic Maurais s’en était pris au maire de Québec durant un segment consacré notamment au projet de tramway, en lien avec les travaux préparatoires ayant débuté à Sainte-Foy.

« Est-ce que quelqu’un peut, durant la nuit, aller vérifier s’il y a un wax pen qui traîne dans le bureau du maire ? C’est une vérification. Je suis certain qu’il n’y en a pas, mais je veux juste être rassuré. C’est du gros stuff », a-t-il dit, qualifiant au passage l’élu municipal de « gourou », voire de « Raël Marchand » qui « vit dans son utopie ».

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

L’animateur Dominic Maurais

À la Ville, ces propos ne passent pas, au point que des poursuites pourraient être engagées. « On verra les moyens qu’on peut prendre et avec qui on peut s’associer. Après, sur l’investissement que fait la Ville en matière de publicité, si le cadre légal nous confirme qu’ils sont dans le tort, on verra quelles actions on pose. […] S’ils dépassent les limites du légal, c’est sûr qu’on va l’étudier », a expliqué M. Marchand.

Le maire a reçu jeudi l’appui du président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Jacques Demers.

Que les propos inconvenants ou diffamatoires soient écrits dans les médias sociaux ou dits derrière un micro de radio, cela reste inacceptable. Avoir un micro est un privilège et il faut l’utiliser avec jugement.

Jacques Demers, président de la FQM

Trois ans après Labeaume

Dans l’histoire récente, les relations entre la Ville de Québec et CHOI Radio X ont souvent été tendues. En septembre 2020, l’administration du maire Régis Labeaume avait mis un terme à ses achats de publicité sur les ondes de la radio, estimant que la station « constitu[ait] un danger pour la santé publique ». RNC Média avait ensuite mis en demeure la Ville de Québec, dans la foulée du départ de nombreux annonceurs des ondes.

Après son arrivée au pouvoir, en décembre 2021, Bruno Marchand avait défendu sa décision de recommencer à acheter des publicités sur Radio X. « L’argent public ne peut pas devenir de l’argent politique. […] Le jour où le maire utilise l’argent public pour faire des débats politiques, je pense qu’on a un problème démocratique », avait alors déclaré le maire.

Jeudi, l’élu a toutefois fait un lien clair avec la coalition « Sortons les radios-poubelles », que RNC Média accuse de nuire à ses activités, devant les tribunaux.

« Cette station se sent indignée, atteinte dans sa réputation parce qu’il y a un groupe sur Facebook qui reprend ses paroles. Elle fait appel aux tribunaux pour dire que sa réputation est entachée par l’action d’un citoyen. Pourtant, quand c’est leur cas d’entacher la réputation de gens, ce n’est pas grave. C’est une farce. Dans ce cas, c’est drôle », a poursuivi le maire, qui réclame « à tout le moins des excuses » de M. Maurais.

Le maire « malhonnête », rétorque RNC Média

Les deux hommes n’en sont pas à leur premier conflit. En septembre, Dominic Maurais avait fait un lien entre l’abbé Bernard St-Onge, qui l’aurait agressé dans sa jeunesse, et le maire. L’animateur de Radio X fait partie des dizaines de plaignants qui poursuivent le Diocèse de Trois-Rivières pour des agressions sexuelles commises par de nombreux prêtres et membres du personnel.

Philippe Lefebvre, vice-président de RNC Média, qui possède Radio X, défend quant à lui les propos de son animateur. Il soutient que l’interprétation du maire des propos tenus en ondes est « extrêmement malhonnête ». « De dire que notre animateur a associé le maire à quelqu’un qui consomme de la drogue, c’est faux et c’est malhonnête », écrit-il par courriel.

« Dire de quelqu’un qu’il en fume du bon lorsqu’on veut sous-entendre qu’une personne tient des propos farfelus ou flyés, ça n’a rien à voir avec la consommation d’une drogue quelconque. Ça veut dire, tout simplement, qu’une personne tient des propos, disons, qui sortent de l’ordinaire », ajoute M. Lefebvre.

« Jamais, jamais, jamais, ni dans son intention, ni sur le fond, ni sur le ton, ni dans le contexte, Dominic [Maurais] ne veut dire que le maire prend de la drogue », conclut-il.

Qui est Dominic Maurais ?

  • Né le 18 décembre 1967 à Shawinigan, en Mauricie, Dominic Maurais a fait ses débuts professionnels en 1986, sur les ondes de la radio locale CKSM 1220.
  • Après des passages dans plusieurs médias, il entre à CHOI Radio X en 2004, où il produira l’émission Le monde parallèle de Jeff Fillion avant d’animer Le show du matin. Il continuera d’être présent ailleurs, notamment avec une chronique dans Le Journal de Québec de 2014 à 2018.
  • Depuis 2009, il anime Maurais Live avec divers collaborateurs à Québec. Son émission a aussi été diffusée à Montréal de 2012 à 2014.