(Ottawa) Redoutant une crise financière d’ici deux ans en raison de l’endettement élevé des Canadiens et de la hausse sans précédent des taux d’intérêt au cours des 12 derniers mois décrétée par la Banque du Canada, le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre presse le gouvernement Trudeau de présenter un nouveau budget contenant un plan de retour à l’équilibre.

M. Poilievre, qui a livré un discours de quatre heures mercredi soir à la Chambre des communes dans l’espoir de bloquer l’adoption du budget, a affirmé que les députés conservateurs sont prêts à siéger tout l’été s’il le faut pour produire un nouveau budget qui contribuerait à réduire les pressions inflationnistes.

Le chef conservateur a soumis cette requête quelques heures seulement avant que la Chambre des communes vote le projet de loi C-47 visant à mettre en œuvre le budget présenté le 28 mars par la ministre des Finances Chrystia Freeland. Le projet de loi a finalement été adopté en troisième et dernière lecture jeudi après-midi par un vote de 177 à 146. Minoritaires aux Communes, les libéraux de Justin Trudeau ont réussi à le faire adopter en obtenant l’appui du NPD. Le projet de loi doit maintenant être adopté par le Sénat avant d’obtenir la sanction royale.

À ce sujet, M. Poilievre a affirmé n’avoir pas dit son dernier mot pour empêcher l’adoption du budget. Il a indiqué que les sénateurs conservateurs au Sénat utiliseront à leur tour tous les moyens à leur disposition pour bloquer l’adoption du budget.

« Depuis que M. Trudeau a présenté son budget, on a de nouvelles informations très, très graves », a affirmé M. Poilievre en conférence de presse jeudi matin.

« Premièrement, le Fonds monétaire international a dit que le Canada est le pays le plus à risque pour une crise de défaut hypothécaire. Deuxièmement, l’inflation est encore à la hausse et troisièmement, il y a eu une augmentation des taux d’intérêt », a-t-il souligné.

Selon lui, ce sont des facteurs qui mènent directement à une crise financière.

Le troisième budget de la ministre Freeland accorde une aide financière ciblée pour les personnes à faible revenu accablées par la hausse du coût de la vie, confirme la création d’un régime canadien de soins dentaires d’ici la fin de l’année, et offre un bouquet de crédits d’impôt pour doubler la production d’énergie propre d’ici 2050.

Toutefois, le budget est encore écrit à l’encre rouge. Un déficit de 40 milliards de dollars est prévu durant l’exercice financier 2023-2024. Le retour à l’équilibre budgétaire demeure un projet lointain et incertain. Le déficit devrait atteindre les 14 milliards de dollars en 2027-2028, selon les projections du ministère des Finances.

« Le premier ministre devrait reconnaître qu’il y a une vraie crise qui s’en vient pour les gens qui ont des hypothèques. Il doit avouer que le budget qui ajoute un autre 60 milliards de dollars à l’inflation, soit 4200 $ pour chaque famille canadienne, ça n’a pas de bon sens. Ça risque une crise financière ».

« Aujourd’hui, je dis à M. Trudeau : retirez votre budget, annulez vos vacances d’été et mettez le Parlement au travail pendant l’été pour réécrire le budget. Il faut un budget qui éliminera les déficits afin de réduire l’inflation et les taux d’intérêt. Il faut annuler toutes les hausses de taxes que vous promettez de mettre sur les épaules des Canadiens. »