(Ottawa) Paul Bernardo, « l’un des monstres les plus diaboliques de l’histoire du Canada », doit être renvoyé dans une prison à sécurité maximale, plaide le chef conservateur Pierre Poilievre, qui ne digère pas le transfert du détenu vers un établissement carcéral à sécurité moyenne du Québec.

Flanqué d’amies d’une des victimes de Paul Bernardo, le chef conservateur a tenu un point de presse à Ottawa dimanche pour demander au gouvernement fédéral d’intervenir dans ce dossier et de forcer le Service correctionnel du Canada à retransférer l’homme de 58 ans vers une prison à sécurité maximale.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre

Selon M. Poilievre, le gouvernement « a le pouvoir » de forcer la main à la commissaire du Service correctionnel du Canada, Anne Kelly, pour qu’elle annule la décision qui a permis d’envoyer Paul Bernardo dans une prison à sécurité moyenne.

« La commissaire de notre système des prisons doit accepter des directives du ministre de la Sécurité publique. Plusieurs ministres ont déjà fait ce genre de directive par rapport à des prisonniers, donc le gouvernement Trudeau a le pouvoir de faire ce genre de directive », a martelé M. Poilievre.

Lundi, le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a cependant expliqué qu’il avait fait part de ses inquiétudes à la commissaire Kelly, mais qu’il ne pouvait pas annuler lui-même la décision, parce que le Service correctionnel fonctionne comme une institution indépendante.

M. Poilievre estime toutefois que les familles des victimes sont confrontées à du « harcèlement » lorsqu’elles reçoivent des appels pour les informer que le tueur et violeur en série a été transféré dans une prison où il jouit de « davantage de libertés ».

« Ça fait 31 ans depuis les crimes odieux de M. Bernardo et encore aujourd’hui, il est capable de harceler les familles des victimes. Assez c’est assez », a lancé le chef conservateur.

Controverse

Paul Bernardo purge présentement une peine d’emprisonnement à perpétuité pour l’enlèvement, la torture et le meurtre de Kristen French, 15 ans, et de Leslie Mahaffy, 14 ans, au début des années 1990 en Ontario.

Il a également été reconnu coupable d’homicide involontaire coupable en lien avec la mort de Tammy Homolka, 15 ans, qui est décédée après avoir été droguée et agressée sexuellement. Il a aussi admis avoir agressé sexuellement 14 autres femmes.

Le détenu était emprisonné à l’établissement à sécurité maximale de Millhaven, près de Kingston, en Ontario, mais il vient d’être transféré à l’établissement à sécurité moyenne de La Macaza, dans les Laurentides.

Tant à Ottawa qu’à l’Assemblée législative de l’Ontario, ce transfert a soulevé les passions. Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, est même allé jusqu’à réclamer la démission — ou le congédiement — de la commissaire Kelly.

Le Service correctionnel du Canada a jusqu’ici refusé d’expliquer pourquoi Paul Bernardo a eu le droit à ce transfert, citant son obligation de protéger le droit à la vie privée des détenus. Il a toutefois déjà annoncé la tenue d’« un nouvel examen du cas de ce délinquant » à la suite du tollé créé par cette décision.

« Il importe de noter que les établissements à sécurité moyenne sont dotés des mêmes contrôles périmétriques que les établissements à sécurité maximale (clôtures hautes, postes de contrôle armés, agents correctionnels armés équipés du matériel de sécurité adéquat, etc.) et que toutes les précautions possibles sont prises pour assurer la sécurité du public », ajoutait le Service correctionnel vendredi.

Projet de loi

Malgré tout, pour s’assurer que « tous les délinquants dangereux et les auteurs de meurtres de masse condamnés par un tribunal soient placés en permanence dans un établissement à sécurité maximale », les conservateurs vont présenter cette semaine un projet de loi à la Chambre des communes.

Porté par le député ontarien Tony Baldinelli, le projet de loi « forcerait tout meurtrier multiple comme Paul Bernardo à rester dans les prisons maximales pour toute leur sentence », a expliqué M. Poilievre dimanche.

« Il nous faut des lois claires pour protéger les Canadiens, mais encore plus, le personnel qui travaille dans nos prisons. Il faut de vraies conséquences pour un monstre comme ça », a tranché le chef conservateur, appelant les libéraux à adopter ce projet de loi « à l’unanimité ».