(Ottawa) La députée antiavortement conservatrice Cathay Wagantall a échoué dans sa plus récente tentative de faire adopter un projet de loi qui, selon plusieurs, aurait ouvert une brèche dans le droit à l’avortement.

Sans surprise, la mesure législative a été battue à 205 voix contre 113 à la Chambre des communes, mercredi.

Sans surprise, car lors des débats, les libéraux, les bloquistes et les néo-démocrates avaient taillé en pièces ce projet de loi d’initiative parlementaire. Les échanges ont parfois été houleux — mardi, le député libéral Mark Gerretsen est allé jusqu’à exprimer sa frustration avec un doigt d’honneur.

Les libéraux avaient préparé le terrain avant le vote, mercredi, alors qu’ils étaient mitraillés de questions sur le transfert de Paul Bernardo et sur l’ingérence chinoise. « On ne laissera pas les conservateurs faire par la porte d’en arrière ce qu’ils n’arrivent pas à faire ouvertement », prévenait la ministre Pascale St-Onge.

« Le chef conservateur essaie de gagner des votes en tentant d’ouvrir le débat sur l’avortement. Au Canada en 2023, c’est honteux et inacceptable », a-t-elle ajouté en réponse à une « question plantée » en provenance des banquettes libérales.

Le projet de loi C-311 visait à amender le Code criminel afin d’y inscrire que « le fait d’agresser sciemment une femme enceinte » ou lui « causer des dommages corporels ou moraux » deviennent des « circonstances aggravantes aux fins de détermination de la peine ».

Dans les rangs conservateurs, beaucoup l’ont défendu et assuré qu’il n’avait rien à voir avec l’avortement.

La députée Wagantall n’en était pas à sa première tentative de rouvrir le débat sur l’enjeu.

L’une de celles-ci remonte à 2021. Son projet de loi sur les avortements sexosélectifs avait alors été battu en deuxième lecture, à 248 voix contre 82. Les conservateurs l’avaient très majoritairement appuyée, mais tous les élus du caucus du Québec s’y étaient opposés.

Dans le cas de C-311, tous les députés conservateurs, y compris les neuf du Québec, ont voté en sa faveur.

L’ancien député conservateur Alain Rayes, qui siège maintenant comme indépendant, a voté contre.