(Ottawa) La République dominicaine n’aurait jamais donné au Canada la permission d’installer sur son territoire un bureau ayant comme mandat de soutenir la Police nationale haïtienne, selon son ministre des Affaires extérieures dominicain – une affirmation que réfute sans hésitation le gouvernement canadien.

Le ministre des Affaires extérieures à Santo Domingo, Roberto Álvarez, y est allé de cette accusation dans un gazouillis publié vendredi matin, au lendemain d’une annonce faite par son homologue canadienne, Mélanie Joly, à laquelle il assistait virtuellement.

« Le gouvernement dominicain confirme qu’il n’a pas discuté, convenu ou accordé quelconque autorisation pour l’installation sur notre territoire d’un bureau de coordination en appui à la Police nationale d’Haïti, tel que l’indiquent les informations d’un média canadien », a-t-il écrit en espagnol.

La ministre Joly a annoncé l’ouverture prochaine du bureau de coordination de l’aide internationale lors de la réunion ministérielle de 2023 sur Haïti, jeudi matin. Comme elle l’a souvent dit, la cheffe de la diplomatie canadienne a exprimé le souhait d’élaborer des solutions « par et pour les Haïtiens ».

« Nous voulons que ce centre de coordination soit opérationnel cet été en République dominicaine », a-t-elle déclaré en ouverture de la rencontre, remerciant au passage « [s]on cher collègue Roberto de nous appuyer et de travailler avec nous ».

Dans une déclaration transmise vendredi, Affaires mondiales Canada souligne que « les discussions entre les partenaires pour rendre ce travail opérationnel ont lieu depuis plusieurs semaines […], y compris celles visant à finaliser un emplacement qui soutiendra le travail du groupe à proximité géographique d’Haïti ».

Par l’intermédiaire de la Cellule conjointe de coordination dirigée par le Canada, « plus de 20 pays et organisations internationales travailleront ensemble pour aider les Haïtiens et la police nationale haïtienne à répondre aux besoins de sécurité du pays », ajoute le Ministère.

« Notre seul intérêt, c’est d’aider les Haïtiens », a assuré une source gouvernementale canadienne.

Le contexte politique dominicain n’est peut-être pas étranger à la sortie du ministre Álvarez.

La veille, le candidat à la présidentielle du parti adverse, Abel Martínez Durán, a réagi très négativement au plan d’Ottawa. « Nous rejetons l’intention du Canada d’ouvrir des bureaux en République dominicaine pour supposément coordonner l’aide au pays voisin. Qu’ils les installent en Haïti ! », a-t-il gazouillé.

Le Canada s’est fait demander à maintes reprises, notamment par les États-Unis, de prendre la tête d’une mission d’intervention multinationale pour ramener l’ordre dans le pays des Caraïbes plongé dans le chaos depuis des mois. Il a cependant toujours résisté.