(Saint-Hyacinthe) Manon Massé a livré son dernier discours comme co-porte-parole de Québec solidaire en conseil national, mais souligne qu’elle reste bien en poste comme députée. « L’organisatrice communautaire » assure qu’elle a encore « la flamme qui brûle » pour se battre pour les luttes sociales qui l’ont toujours animée.

« Il y a une crise humaine qui se vit au quotidien dans les rues de ma circonscription. Chaque jour, je croise des gens qui ont de la détresse dans les yeux, parce qu’ils n’ont pas de logement, parce qu’ils n’arrivent pas à se nourrir à leur faim, parce que la dope est tellement rendue de la scrap qu’ils se scrapent complètement, parce qu’ils ont été abandonnés par le gouvernement », a lancé Mme Massé dans son discours devant les délégués du parti qui étaient réunis en conseil national à Saint-Hyacinthe.

La députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques représente le secteur Centre-Sud à Montréal. Elle se demande à quel moment « les riches vont catcher que laisser du monde dans la rue, c’est pas bon pour eux autres ».

« Le monde a peur de venir dans mon comté. Le jour où les riches vont catcher ça, peut-être que la redistribution de la richesse ne les inquiétera plus », a-t-elle affirmé. Elle souhaite faire front commun pour « expulser la misère humaine de nos quartiers, de nos réserves, de nos communautés, de nos villages ». « C’est à ça que je veux m’attaquer », a-t-elle affirmé.

La flamme

En quittant ses fonctions de co-porte-parole à l’automne, elle affirme qu’elle aura plus de temps et d’énergie pour « donner de l’amour » à ces gens. Son désir de rester en politique est motivé en partie par les combats qu’elle veut mener contre des décisions de la Coalition avenir Québec, notamment en matière de logement.

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Manon Massé a livré son dernier discours en tant que co-porte-parole de Québec solidaire dimanche.

Comment ça se fait, au Québec, que c’est rendu si facile de faire du cash comme ça avec un flip ? […] Comment ça se fait qu’on laisse faire ça ? Je n’accepte pas ça. […] C’est le moment d’écrire une loi qui va protéger le monde.

Manon Massé

« Si vous vous attendiez à un discours d’adieu, ben vous l’savez, vous vous êtes trompés, je ne m’en vais pas, a ajouté Mme Massé. C’est pour ça que le Québec a besoin de nous. C’est pour ça que j’ai encore la flamme qui brûle en dedans de moi. »

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Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois

Mme Massé est une membre fondatrice de Québec solidaire, et a été élue pour la première fois en 2014. Elle n’imaginait pas à ce moment qu’elle serait projetée sous les feux de la rampe en prenant le relais de Françoise David. Son collègue Gabriel Nadeau-Dubois l’a accueillie sur scène en utilisant une formule célèbre de Mme Massé. « Accueillons la pogo la plus dégelée de la boîte », a-t-il dit.

Succession

« Quand je suis arrivée dans cette aventure, je ne pensais pas être co-porte-parole. C’était pour Françoise [David] ça, pas pour moi. […] Regardez-moi, une organisatrice communautaire. J’aurais jamais pensé faire trois débats des chefs, dont un in English », a affirmé Mme Massé.

Si elle passe le flambeau, c’est aussi parce qu’elle avait la conviction qu’il y avait de la relève, notamment les trois aspirantes co-porte-parole Ruba Ghazal, Christine Labrie et Émilise Lessard-Therrien.

« Je cède ma place, comme porte-parole, parce que je suis prête. Et je suis prête parce que je sais que mon parti est prêt », a indiqué Mme Massé. Elle invite les « semeurs de changements », les « brasseuses d’idées » et « les gens qui n’en peuvent plus de ce qui se passe » de profiter de cette course pour « embarquer » avec Québec solidaire.

L’identité de la remplaçante de la députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques comme co-porte-parole sera connue en novembre prochain, à l’issue d’un scrutin qui se tiendra dans un conseil national du parti, à Gatineau.