Le nouveau tracé 100 % souterrain du REM de l’Est, évalué à 36 milliards de dollars, n’est « pas réaliste » selon le premier ministre François Legault. Ce dernier affirme que son gouvernement avait demandé d’évaluer la possibilité d’une « petite partie » du tracé en souterrain, mais pas l’entièreté de celui-ci.

Ce qu’il faut savoir

• Le rapport final sur le REM de l’Est recommande un tracé 100 % souterrain, avec des prolongements à Rivière-des-Prairies, Laval et Charlemagne.

• Le projet, qui serait livré en 2036, coûterait approximativement 36 milliards de dollars.

• François Legault et son gouvernement affirment qu’il faudra à tout prix réduire les coûts pour aller de l’avant.

« J’ai été très surpris du coût de 36 milliards. J’ai comme mal avalé ma gorgée de café quand j’ai lu ça. On va examiner les coûts », a expliqué M. Legault lors d’une mêlée de presse à Québec, en début de journée.

Dès samedi, La Presse avait révélé que le comité derrière le projet recommande un tracé de Pointe-aux-Trembles au cégep Marie-Victorin, dans Montréal-Nord, avec deux points de connexion à la ligne verte du métro, en plus d’un prolongement de quatre stations vers Rivière-des-Prairies, Laval et Charlemagne. Les experts plaident pour une voie 100 % souterraine. La facture finale atteindrait 36 milliards. Le projet ferait 34 km et l’achalandage, en pointe du matin, serait de 29 000 passagers.

Lisez notre article « Rapport final sur le REM de l’Est : 100 % souterrain pour 36 milliards »

Pour François Legault, le comité n’a toutefois pas respecté le souhait initial de son gouvernement. « Ce n’est pas ce qu’on avait demandé au comité. On avait demandé qu’il y ait peut-être une petite partie qui soit souterraine. On n’avait pas demandé à l’ARTM [Autorité régionale de transport métropolitain] que ça soit complètement souterrain », a martelé le premier ministre.

« On va regarder les coûts, on va regarder ce qui était proposé, mais, définitivement, les Québécois n’ont pas la capacité de payer un projet de 36 milliards », a ensuite renchéri M. Legault, jugeant que le tracé proposé n’est « pas réaliste » et qu’il semble que « quelque chose a manqué quelque part ».

Une décision à l’automne ?

Ses propos font écho à ceux que le cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a tenus mardi dans la foulée de la présentation officielle du rapport final sur le Projet structurant de l’Est (PSE), le nouveau nom du REM de l’Est. « Le rapport nous donne des pistes et des recommandations à analyser et prendre en compte pour la suite. Cela dit, c’est certain que la proposition qui est faite dépasse la capacité de payer des Québécois », avait réagi mardi l’attachée de presse de la ministre, Léonie Bernard-Abel.

« Il va falloir travailler à réduire les coûts et la facture globale à laquelle est arrivée l’ARTM. Nous poursuivrons, avec tous les partenaires, l’analyse du projet et des prolongements possibles », a-t-elle ajouté.

Il faut dire que la décision du gouvernement fera foi de tout dans ce dossier. C’est en effet Québec qui déterminera ultimement quand et sous quelle forme le projet ira de l’avant. Selon nos informations, la décision de la ministre Guilbault ne viendra pas avant l’automne, son équipe souhaitant prendre le temps d’analyser tous les scénarios possibles en long et en large.

Tout indique que le tracé changera donc de ce qui est proposé dans le rapport final.

Mercredi, M. Legault a d’ailleurs clairement évoqué la nécessité de trouver des « alternatives », en insistant sur le fait que « ça n’a pas de bon sens, 36 milliards ».

À l’origine, le projet proposé par CDPQ Infra aurait coûté 10 milliards, mais le comité affirme aujourd’hui que bon nombre de facteurs expliquent cette hausse de coûts. D’abord, il y a le fait que sept stations envisagées à l’origine comme aériennes devront être souterraines.

Puis, la « provision aux risques » – on parle, par exemple, de surchauffe du marché prolongée ou d’un tremblement de terre – fait majorer le coût de 50 %. Enfin, l’estimation prend en compte l’inflation, évaluée à 30 % dans la prochaine décennie, et des pertes fiscales d’environ 15 %. C’est ainsi que la facture initiale du comité, qui était déjà de 17 milliards, passe donc à 36 milliards.