(Ottawa) La possibilité de la tenue d’une enquête publique sur l’ingérence étrangère est-elle en train de s’évaporer ? Justin Trudeau a accusé mercredi les conservateurs de « bloquer » le processus à la table de négociations — ce que le conservateur Andrew Scheer a démenti, en affirmant que les libéraux ne répondaient plus aux appels et courriels.

Cela fait maintenant environ trois semaines que les partis ont commencé les pourparlers à ce sujet. Les négociations, que le ministre Dominic LeBlanc pilote du côté gouvernemental, se déroulent à huis clos, et peu d’informations filtrent.

Selon les plus récents échos, le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Bloc québécois n’avaient aucune insatisfaction à communiquer. Et depuis que la Chambre des communes a ajourné ses travaux pour la saison estivale, on évoque fréquemment l’intervention imminente d’une entente.

Or, mercredi, Justin Trudeau a semblé envoyer un signal discordant. « J’espère que oui », a répondu le premier ministre lorsqu’un journaliste lui demandait si une annonce était à prévoir dans les prochaines semaines.

Et après avoir insisté, la semaine dernière, sur la nécessité d’obtenir un consensus entre toutes les formations avant de donner le coup d’envoi à toute forme de processus public, il a cette fois fait clairement allusion à un blocage conservateur.

On ne pourrait pas avancer de façon sérieuse si le Parti conservateur refuse encore de participer ou d’accepter le processus qu’on met de l’avant. On a de très bonnes conversations avec le Bloc québécois et le NPD, on avance vers un consensus.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada lors d’un point de presse à Saint-Hyacinthe

« Mais pour l’instant, c’est les conservateurs qui continuent à bloquer le processus », a-t-il enchaîné.

« Alors j’espère pouvoir annoncer les prochaines étapes bientôt, mais ça dépend d’établir un consensus sur la marche à suivre pour tout le monde, parce que sinon, on a vu que les conservateurs veulent juste tout détruire […] et ils vont devoir choisir s’ils vont continuer à bloquer », a conclu le premier ministre.

« Les propos sont faux »

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le chef parlementaire du Parti conservateur, Andrew Scheer

Le chef parlementaire du Parti conservateur à la Chambre des communes, Andrew Scheer, a soutenu que les commentaires du premier ministre étaient « sans équivoque faux », et que dans son camp, on travaillait « de bonne foi » et qu’un accord « sur les conditions » se profilait à l’horizon.

Il a ensuite retourné les projecteurs vers les libéraux. « C’est le gouvernement libéral qui a constamment repoussé nos propositions et c’est lui qui a cessé de répondre au téléphone et aux courriels cette semaine », a-t-il fait valoir dans une déclaration écrite.

« Il est temps pour les libéraux de revenir à la table de négociations et de lancer cette enquête », a ajouté l’ex-chef du Parti conservateur, accusant le premier ministre de « cherche[r] à blâmer tout le monde sauf lui-même ».

Tous les partis d’opposition à Ottawa réclament depuis plusieurs semaines le déclenchement d’une enquête publique. Le gouvernement avait tenté de calmer le jeu en confiant à l’ancien gouverneur général David Johnston le mandat de lui faire des recommandations sur la voie à suivre, mais ce fut un échec.