(Ottawa) Le Parti conservateur a soutenu vendredi soir qu’un accord touchant le mandat d’une enquête publique sur l’ingérence étrangère avait été conclu – une information démentie, puis nuancée, par le gouvernement libéral.

L’information communiquée par le Parti conservateur vers 20 h est survenue à l’issue d’une semaine au cours de laquelle la formation d’opposition et les libéraux s’étaient mutuellement accusés de faire entrave à la recherche de consensus.

« Un accord sur le mandat d’une enquête publique a été conclu. Tous les partis ont fait part des noms qu’ils suggèrent pour un commissaire potentiel », a indiqué dans une déclaration écrite Marion Isabeau-Ringuette, porte-parole conservatrice.

« Les conservateurs continueront à mettre les libéraux au pied du mur et à faire pression pour qu’une enquête publique soit ouverte dès que possible », a-t-elle ajouté.

Dossier réglé ?

Apparemment, non.

« Aucun accord n’a encore été conclu », a rapidement signifié Kelly Ouimet, directrice des communications du ministre Dominic LeBlanc, à qui le premier ministre Justin Trudeau a confié la responsabilité de ces négociations.

Une trentaine de minutes plus tard, invitée à réconcilier les deux versions, elle a indiqué ceci : « Nous nous sommes mis d’accord sur certains éléments ; d’autres détails doivent être réglés. »

Des pourparlers ont eu lieu vendredi entre le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, et les chefs parlementaires des autres partis en Chambre.

Le Bloc québécois n’a pas souhaité faire état de sa version des faits, vendredi soir, tandis que le Nouveau Parti démocratique n’a pas donné signe de vie. Les deux formations ont, depuis le début du processus, il y a un mois environ, exprimé leur optimisme quant à la possibilité d’en venir à une entente.

Demande de longue date

L’opposition à Ottawa réclame unanimement, depuis mars dernier, une enquête publique et indépendante sur l’ingérence étrangère dans les élections fédérales de 2019 et de 2021. Aucun parti n’a remis en doute le résultat de ces scrutins.

Après avoir tergiversé, le gouvernement avait confié à l’ancien gouverneur général du Canada David Johnston le rôle de rapporteur spécial sur l’ingérence étrangère. Dans son rapport déposé à la fin mai, ce dernier a écarté l’idée de tenir une enquête publique indépendante.

Environ une semaine plus tard, la Chambre des communes a réclamé son départ, en adoptant une motion néo-démocrate à 174 voix contre 150. Le principal intéressé a fini par se plier à la volonté des députés le 9 juin dernier.

Une fois que les partis se seront entendus sur le mandat d’une enquête publique, s’ils y parviennent officiellement, il leur faudra déterminer qui en prendra les rênes.

Le Parti conservateur attendait que la première étape, concernant le mandat, soit franchie avant de proposer des noms.

À la mi-juin, le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, avait proposé les noms de Louise Arbour, ancienne juge de la Cour suprême du Canada, Louise Otis, actuellement juge au tribunal de l’OCDE, Irwin Cotler, ancien ministre de la Justice libéral, ainsi que Guy Saint-Jacques, ex-ambassadeur du Canada à Pékin.

Des noms « intéressants et raisonnables », avait réagi Justin Trudeau en Chambre.