Kevin Lambert, un auteur qui a été complimenté pour son plus récent livre par François Legault, a profité de l’occasion pour faire valoir son opinion contraire à celle de la Coalition avenir Québec (CAQ) sur la crise du logement. Sa critique a été largement applaudie sur les réseaux sociaux.

C’est une pratique courante du premier ministre. Régulièrement, il publie ses lectures sur sa page Facebook et les accompagne de ses impressions personnelles, toujours pour complimenter l’individu derrière le livre. Cette fois, ç’a été un peu différent.

Dans une publication Facebook parue samedi, François Legault affirme que l’auteur de 30 ans a « beaucoup de talent ». Son livre Que notre joie demeure raconte comment une architecte de renommée internationale est accusée d’embourgeoisement des quartiers. Le premier ministre y voit une « critique nuancée de la bourgeoisie québécoise », mais aussi comment « des groupes de pression et des journalistes cherchent des boucs émissaires à la crise du logement à Montréal ».

« Je n’ai pas de problème avec le fait qu’il lise des gens qui sont en dehors de sa chambre d’écho, a expliqué Kevin Lambert, en entrevue dimanche. Ce à quoi je veux répondre, c’est son interprétation du livre. »

« M. Legault, en pleine crise du logement, alors que votre gouvernement travaille à saper les derniers remparts qui nous protègent d’une gentrification extrême à Montréal, mettre mon livre de l’avant est minable, a commenté l’auteur sur Facebook. Il faut lire les yeux fermés pour ne pas voir comment le portrait de la ville qui est dépeint dans le roman va à l’encontre des politiques destructrices, anti-pauvres, anti-immigrants, pro-propriétaires et pro-riches de votre gouvernement. »

Kevin Lambert et François Legault ont par la suite échangé plusieurs commentaires sous la publication d’origine.

« La crise du logement sévit partout dans les grandes villes du monde. On peut différer d’opinion sur les solutions. Nous pensons que la solution passe par une plus grande offre de logements et de l’aide aux personnes à bas revenus plutôt que par un gel du prix des logements qui viendrait nuire à une augmentation de l’offre », a notamment écrit le premier ministre durant cet échange.

Vous n’êtes pas des boucs-émissaires, vous êtes des gens en situation de pouvoir qui pourraient faire quelque chose et qui ne font rien. Il y a un mot pour ça : responsables.

Kevin Lambert s'adressant à la Coalition avenir Québec

Passer un message

Au final, l’auteur n’a pas eu l’impression d’avoir eu un vrai débat, ce que M. Legault qualifiait de « difficile » à faire dans sa publication. Il a le sentiment qu’on lui répondait des « phrases toutes faites ».

Natif de Chicoutimi, M. Lambert a été frappé par l’embourgeoisement de certains quartiers lorsqu’il a déménagé à Montréal. Son œuvre ne porte pas un seul et unique message précis, mais elle invite à réfléchir « sur l’impact des nouvelles constructions pour le tissu social » et sur la « marchandisation du logement » à des fins purement économiques.

Il ne s’attendait pas à ce qu’on réponde à son commentaire, mais se dit bien heureux du soutien et de l’enthousiasme que ses idées ont suscités chez des centaines d’internautes.

« Je me suis dit : “D’un coup qu’il le lit, j’ai la possibilité de lui passer un message directement, d’utiliser cette fenêtre.” Je ne suis pas un spécialiste, mais il y a quelques angles morts dans la vision de son gouvernement. »