(Ottawa) Le cabinet du chef conservateur Pierre Poilievre se fait discret à propos d’une photographie montrant un de ses députés avec deux personnes vêtues de chandails arborant des slogans contre les mesures concernant l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans les écoles.

L’image, partagée sur les réseaux sociaux, a fait surface peu de temps après que M. Poilievre s’est dissocié d’une autre photo sur laquelle il se tenait à côté d’un homme portant un t-shirt faisant référence à la « fierté de droite ».

La dernière photo montre le député de Calgary Forest Lawn, Jasraj Singh Hallan, porte-parole conservateur en matière de finances, debout avec trois autres hommes lors d’un petit-déjeuner aux crêpes ouvert au public la semaine dernière dans le cadre du Stampede de Calgary.

Deux des hommes portent des t-shirts blancs avec des lettres noires qui disent : « laissez nos enfants tranquilles ». Les chemises montrent également une image plus petite et stylisée d’une famille sous un parapluie les abritant de l’arc-en-ciel de couleurs associé aux drapeaux de la fierté LGBTQ+.

Les cabinets de MM. Poilievre et Hallan n’ont pas répondu aux demandes de commentaires sur la photo ou s’ils sont d’accord avec le message sur les t-shirts.

Militant et inculpé

L’un des hommes sur la photo, Mahmoud Mourra, a protesté contre les politiques et les activités de l’école qui reconnaissent l’orientation sexuelle et l’identité de genre des élèves.

M. Mourra, qui a partagé la photo sur les réseaux sociaux, fait également face à une accusation de harcèlement criminel motivé par la haine. La police de Calgary affirme que cela découle d’allégations liées à de « multiples interactions en ligne » le 26 juin.

Selon la police, M. Mourra a été accusé le 3 juillet et sa prochaine date d’audience est en août.

Lors d’un entretien téléphonique, vendredi, M. Mourra a qualifié l’accusation portée contre lui de « blague », affirmant qu’elle était le fruit d’une dispute avec quelqu’un qu’il connaît.

Il a dit qu’il ne pensait rien de son t-shirt lorsqu’il a posé pour une photo avec M. Hallan, qu’il a appelé un ami. M. Mourra a déclaré que les deux n’avaient pas discuté de son point de vue sur l’enseignement de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre dans les écoles, et qu’il n’avait pas informé le député de l’accusation à laquelle il faisait face.

« Ce n’était pas intentionnellement. Je n’y ai même jamais pensé jusqu’à ce que je voie ce qui s’est passé avec Danielle Smith », a-t-il déclaré à La Presse Canadienne.

Il faisait référence à une photo récente de la première ministre de l’Alberta debout avec un homme portant une chemise « Fierté hétérosexuelle ». Son bureau a depuis indiqué qu’elle n’approuvait pas le message, envers lequel M. Poilievre a également exprimé son désaccord aux journalistes.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le chef conservateur, Pierre Poilievre

En ce qui concerne la communauté LGBTQ+, M. Mourra a déclaré qu’il était préoccupé par le fait que les enseignants poussent ce qu’il appelle « ce programme » sur les enfants.

« Je crois que j’ai la chance de déterminer ou de décider comment mes enfants devraient grandir. Je ne leur enseigne aucune haine », a-t-il indiqué.

Discorde et désinformation

Un incident récent à Edmonton a déclenché des protestations en Alberta contre l’éducation à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre dans les écoles, après qu’un enseignant a enseigné à un élève musulman qu’il devait éviter les évènements de la fierté. L’enseignant a dit à l’élève qu’il « ne peut pas être Canadien » et qu’il « n’a pas sa place ici » s’il ne croit pas aux droits des LGBTQ+.

Lors d’un récent évènement communautaire à Calgary, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré qu’une grande partie de la discorde était alimentée par la désinformation, en particulier de la part de « la droite américaine », sur ce qui se trouve réellement dans les programmes scolaires provinciaux.

« Ils militarisent la question des LGBT », a déclaré M. Trudeau lors d’une conversation avec des parents musulmans lors de l’évènement, qui a été enregistré et partagé sur les réseaux sociaux.

« Ils utilisent ces peurs pour diviser les gens », a-t-il ajouté.

Le premier ministre a dit au petit groupe de parents que le gouvernement fédéral défend sans équivoque les droits et libertés de chacun, y compris la communauté musulmane et les jeunes LGBTQ+.

Outre son rôle de premier plan en tant que porte-parole de l’opposition, M. Hallan est également l’un des députés conservateurs impliqués dans la sensibilisation des communautés d’immigrants et de nouveaux arrivants où le parti espère accroître le soutien pour les prochaines élections.

M. Mourra, un père musulman de cinq enfants, a déclaré que bon nombre de ses valeurs s’alignaient avec celles des conservateurs. Il croit que le parti fédéral soutient le message qu’il défend sur la base des récents commentaires de M. Poilievre au sujet d’une politique au Nouveau-Brunswick.

Le premier ministre progressiste-conservateur de la province, Blaine Higgs, a suscité la controverse en modifiant une politique afin que les enseignants ne soient plus tenus d’utiliser les pronoms préférés des élèves transgenres ou non binaires de moins de 16 ans.

Au lieu de cela, un enseignant devrait obtenir le consentement parental pour utiliser ces pronoms. Le gouvernement Higgs dit que si cela n’est pas possible, un élève serait dirigé vers un psychologue scolaire ou à un travailleur social pour élaborer un plan pour informer ses parents « si et quand ils sont prêts à le faire ».

Interrogé sur cette initiative, M. Poilievre avait dénoncé la réaction de Justin Trudeau à ce sujet, affirmant que ce n’était pas de ses affaires.

« Laissez les provinces gérer les écoles et laissez les parents élever leurs enfants », avait déclaré M. Poilievre aux journalistes le mois dernier.