(Ottawa) Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, effectue cette semaine une tournée dans les provinces de l’Atlantique afin de mettre en évidence les problèmes d’abordabilité – et espérant reprendre deux sièges aux libéraux lors des prochaines élections fédérales.

Selon M. Singh, les électeurs sont de plus en plus aux prises avec le coût de la vie et ils sont mécontents du gouvernement libéral, alors que son parti serait selon lui le véritable défenseur de la classe moyenne.

Il souligne que le Nouveau Parti démocratique (NPD) a fait pression pour des initiatives d’abordabilité par le biais de son entente de soutien et de confiance avec les libéraux, notamment en ce qui a trait aux soins dentaires, au supplément unique à l’Allocation canadienne pour le logement et à la bonification ponctuelle du remboursement de la TPS.

M. Singh présente toutes ces mesures comme des victoires néo-démocrates. « Nous faisons une réelle différence, mais il ne me suffit pas de pousser le gouvernement », a-t-il déclaré mardi aux journalistes à Saint-Jean, Terre-Neuve-et-Labrador. « Je veux être celui qui décide et m’assurer que les décisions sont prises dans l’intérêt des travailleurs. »

Le NPD aimerait bien reprendre St. John’s-Est à Terre-Neuve, un comté qui était autrefois un bastion néo-démocrate, ainsi que Halifax, une circonscription qui alterne entre libéraux et néo-démocrates.

Cet historique fait de ces sièges les plus faciles à reprendre pour le NPD, a soutenu Lori Turnbull, professeure agrégée de sciences politiques à l’Université Dalhousie.

Une troisième circonscription, St. John’s South-Mount Pearl, est également connue pour élire des néo-démocrates. Mais Mme Turnbull estime peu probable que le ministre du Travail, Seamus O’Regan, soit renversé de sitôt.

Bien que toute la région de l’Atlantique soit actuellement un bastion libéral, les frustrations augmentent en raison du coût de la vie, de la crise du logement et d’une population vieillissante qui a du mal à joindre les deux bouts avec ses seuls revenus fixes, a déclaré la professeure Turnbull.

« Pour les libéraux, le problème c’est qu’ils sont en poste. Et la chose la plus facile à faire pour les gens est de dire :’’Pourquoi ne faites-vous pas plus pour nous ?’’ »

Tournée aussi de Poilievre

Aussi bien M. Singh que le chef conservateur, Pierre Poilievre, ont exploité ce sentiment d’insatisfaction, effectuant des tournées dans les provinces de l’Atlantique cet été et essayant de proposer des idées sur la façon de rendre la vie des gens plus abordable.

Lors d’un rassemblement en Nouvelle-Écosse, le mois dernier, M. Poilievre a déclaré que les besoins des habitants de la région « se perdent souvent à Ottawa ».

M. Poilievre a également visé dans cette région la réglementation « sur les combustibles propres » du gouvernement libéral, qui devrait entraîner une augmentation de 6 à 13 % du prix de l’essence d’ici 2030.

Les offices de l’énergie de deux provinces de l’Atlantique, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, ont décidé de commencer à répercuter les coûts sur les consommateurs dès maintenant, à différents niveaux, et M. Poilievre a tôt fait d’imputer ces dépenses supplémentaires aux libéraux à Ottawa.

Le mois dernier, le Conseil des premiers ministres de l’Atlantique a lancé une campagne demandant au gouvernement fédéral de revoir la réglementation, un point de vue que partage M. Poilievre.

Mais lors de sa tournée cette semaine, M. Singh a rappelé aux gens une campagne conservatrice bien différente. L’ancien premier ministre progressiste-conservateur de Terre-Neuve-et-Labrador Danny Williams avait lancé une offensive contre les conservateurs fédéraux lors de la campagne fédérale de 2015, implorant les électeurs conservateurs de ne pas soutenir les troupes de Stephen Harper.

La professeure Turnbull a rappelé que M. Harper utilisait un langage désobligeant pour désigner les régions de l’Atlantique, comme les appeler des provinces démunies, économiquement déprimées et affichant une culture de la défaite.

Mélanie Richer, ancienne directrice des communications du NPD fédéral, a déclaré qu’un défi au cours des prochains mois sera pour les néo-démocrates de rappeler aux gens le conservatisme de M. Harper et le fait que M. Poilievre a servi dans son cabinet.

M. Singh devra selon elle « exploiter cette méfiance des gens à l’égard des conservateurs » et montrer ce que le NPD a pu réaliser grâce à son entente de soutien et de confiance.

« C’est l’occasion de dire :’’J’ai actuellement une petite place à la table pour pousser le gouvernement à en faire plus. Alors imaginez ce qu’on pourrait faire de plus si j’étais moi-même aux commandes ?’’ », a déclaré Mme Richer.

Alors que les néo-démocrates et les conservateurs soutiennent que les libéraux ne sont pas à la hauteur, chaque siège comptera probablement lors des prochaines élections fédérales, a souligné la professeure Turnbull.

« Il est essentiel de gagner tous les sièges dans les régions du pays où ce n’est pas nécessairement riche en voix ou en sièges. Il n’y a pas actuellement de vague déferlante pour un parti dans ce pays. »