(Québec) Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, soutient que son candidat dans Jean-Talon, Pascal Paradis, a « simplement consenti à des échanges exploratoires » avec la Coalition avenir Québec (CAQ), qui « l’a approché » l’an dernier et lui a offert le poste de ministre de la Capitale-Nationale avant de retirer sa proposition. L’un des points d’achoppement portait sur le troisième lien, a-t-il ajouté dans une sortie qui ne manquait pas de piquant.

De son côté, le premier ministre François Legault accuse M. Paradis de mentir. Il maintient que la CAQ ne lui a « offert aucun poste de ministre » et que celui-ci « a refusé d’être candidat parce qu’on ne lui garantissait pas d’être ministre ».

Dans un message publié sur les réseaux sociaux mercredi, Paul St-Pierre Plamondon a réagi à un texte de La Presse sur les démarches de son candidat Pascal Paradis pour porter les couleurs de la CAQ aux élections générales de l’an dernier.

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Le chef péquiste avait prévu sortir de son congé de paternité jeudi seulement, jour de l’annonce officielle de la candidature de Pascal Paradis, mais il a décidé de le faire une journée plus tôt « devant un manque flagrant d’éthique et d’honnêteté de la CAQ » au sujet de son candidat.

Le chef péquiste assure que Pascal Paradis a été « transparent » avec le parti et « a tout dévoilé quant à ses échanges avec la CAQ ». « Nous l’avons choisi en toute connaissance de cause », insiste-t-il. Rappelons que le Parti québécois avait refusé de commenter les informations obtenues par La Presse mardi soir.

Selon Paul St-Pierre Plamondon, « contrairement à ce que la CAQ affirme, c’est la CAQ qui l’a approché et non l’inverse ». Et Pascal Paradis « n’a jamais rien exigé de la CAQ », alors que cette dernière soutient que l’avocat voulait la garantie d’obtenir un poste de ministre.

« Au terme de ces échanges confidentiels, Pascal Paradis a refusé l’offre de la CAQ. L’une des raisons est qu’on lui a d’abord représenté qu’il serait ministre de la Capitale-Nationale, pour ensuite retirer cette offre dans le cadre de la discussion », affirme-t-il.

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Pascal Paradis

Toujours selon le chef du Parti québécois, « parmi les points qui ont achoppé, il y avait le troisième lien. Pascal Paradis a clairement indiqué son opposition au projet tel que conçu par la CAQ à l’époque. On lui a répondu qu’il devrait faire campagne en gardant le silence sur ce sujet et qu’il pourrait après les élections corriger le tir à titre de ministre de la Capitale-Nationale, ce qu’il n’était pas à l’aise de faire ».

La CAQ a reculé sur sa promesse de tunnel autoroutier entre Québec et Lévis le printemps dernier.

Pour Paul St-Pierre Plamondon, la CAQ « manipule les faits », « tente de faire de la politique de bas étage et de miner la crédibilité d’une personne en rendant publics de manière sélective des échanges confidentiels ». « C’est un manque flagrant d’éthique, nous démontrerons dans cette campagne que nous sommes capables d’offrir mieux », réplique-t-il.

Il présente M. Paradis comme un « indépendantiste assumé », « une candidature de calibre ministériel qui a choisi de se présenter avec le Parti québécois alors qu’il n’y a vraisemblablement pas de poste de ministre qui l’attend chez nous au terme de cette élection ».

« Il est brillant et a consacré les 20 dernières années de sa vie à des causes humanitaires. En ce qui me concerne, sa seule erreur aura été d’avoir fait confiance à la CAQ quant à la confidentialité de leur offre. »

« On n’a garanti aucun poste de ministre »

Le premier ministre François Legault a fait le point sur le dossier avec son directeur de cabinet, Martin Koskinen, mercredi matin, avant de rencontrer les médias en conférence de presse. Pascal Paradis a-t-il pris contact avec la CAQ, ou l’inverse ? « Ça a été commun, a-t-il répondu aux journalistes. Ça se peut qu’il y ait eu des discussions de notre part pour l’approcher. Mais il a quand même accepté de rencontrer Brigitte Legault [directrice générale du parti] et de rencontrer Martin Koskinen [directeur de cabinet du premier ministre]. »

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François Legault

Selon sa version, « M. Paradis a demandé à M. Koskinen : “Est-ce que j’ai de fortes probabilités d’être ministre ?” M. Koskinen m’en a parlé. Je lui ai dit qu’il était hors de question de garantir un poste de ministre à M. Paradis. Et ça a arrêté les discussions ».

On n’a offert aucun poste de ministre. On n’a garanti aucun poste de ministre. J’ai lu le texte de M. St-Pierre Plamondon et, de toute évidence, entre M. Paradis et Martin Koskinen, il y en a un des deux qui ment !

François Legault, premier ministre

Il n’est « pas au courant » si le dossier du troisième lien avait été abordé lors des échanges entre M. Paradis et la CAQ. « Je n’ai pas entendu ça. Ce que j’ai compris de M. Koskinen, c’est que M. Paradis a refusé d’être candidat parce qu’on ne lui garantissait pas d’être ministre. »

À la CAQ, on reconnaît que M. Paradis avait exprimé un malaise au sujet du troisième lien, tout en rappelant que l’avocat avait tout de même envoyé son CV au parti et qu’il était sorti satisfait de sa rencontre avec Brigitte Legault. « Au plaisir d’aborder les prochaines étapes ensemble », avait-il écrit à la directrice générale du parti dans un courriel. Il avait cherché par la suite à faciliter une rencontre avec M. Legault, rencontre qui n’avait finalement pas eu lieu.