(Ottawa) Le statut du Canada dans la région indopacifique devrait être renforcé alors que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) se prépare à faire d’Ottawa son dernier partenaire stratégique lors de la visite du premier ministre Justin Trudeau en Indonésie.

Cette décision de l’organisation est un geste symbolique qui reconnaît la présence élargie du Canada dans la région et reflète les progrès réalisés dans le cadre d’un accord de libre-échange Canada-ASEAN.

Le partenariat sera ratifié lorsque M. Trudeau se rendra à Jakarta mardi et mercredi aux côtés de la ministre du Commerce Mary Ng.

M. Trudeau a quitté Ottawa dimanche soir avec son fils Xavier.

Lors de sa visite, le premier ministre canadien rencontrera le président indonésien Joko Widodo pour discuter de la lutte contre le changement climatique, de la sécurité alimentaire et du développement des liens économiques, dont une partie comprend la production et le commerce énergétiques.

Le lancement du partenariat stratégique ASEAN-Canada aura lieu mercredi, et M. Trudeau devrait également prononcer un discours.

« L’ASEAN estime que l’engagement avec le Canada est beaucoup plus profond qu’il ne l’était peut-être auparavant », a déclaré Wayne Farmer, président du Conseil d’affaires Canada-ASEAN, dans une entrevue depuis Jakarta, en Indonésie.

« Nous commerçons davantage, nous nous engageons plus, et c’est une bonne chose à voir pour nous. C’est un autre petit pas dans la bonne direction ».

Le bloc de l’ASEAN, composé du Brunei Darussalam, du Cambodge, de l’Indonésie, du Laos, de la Malaisie, de la Birmanie, des Philippines, de Singapour, de la Thaïlande et du Vietnam, renforce ses liens avec le Canada depuis des années.

Bien qu’il ne soit pas un partenaire stratégique jusqu’à cette visite, le bloc a commencé à négocier un accord de libre-échange avec le Canada en 2021. M. Farmer, qui participe à ces discussions, a fait savoir que les pourparlers progressaient bien.

D’autres négociations sont attendues plus tard ce mois-ci, les parties ont convenu de finaliser un accord d’ici 2025.

Selon M. Farmer, il est inhabituel de voir le Canada bénéficier de cette opportunité commerciale, car d’autres, tels que les États-Unis et l’Union européenne, qui sont déjà des partenaires stratégiques de l’ASEAN, ont fait pression pour mener leurs propres négociations commerciales avec l’organisation.

« Nous avons certainement réussi un coup en étant sélectionnés », a déclaré M. Farmer.

L’indopacifique est le deuxième marché d’exportation de marchandises du Canada après les États-Unis, avec un commerce bilatéral annuel évalué à 270 milliards l’année dernière.

Mais Gaphel Kongtsa, directeur de la politique internationale à la Chambre de commerce du Canada, a déclaré que la priorité absolue des entreprises locales était de réduire les barrières commerciales dans la région.

Le commerce de marchandises du Canada avec l’ASEAN a augmenté de près de 29 % en 2022, l’industrie agroalimentaire étant l’un des secteurs économiques les plus importants.

« Il existe un réel besoin de talents canadiens et des marchandises qu’ils peuvent fournir à la région », a fait valoir M. Kongtsa.

Ce besoin s’est accru à la suite des perturbations économiques provoquées par la pandémie de COVID-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui ont également amplifié les appels à une transition énergétique accélérée dans la région indopacifique.

« Ces régions utilisent beaucoup de charbon comme source d’énergie et, à mon avis, la meilleure chose que le Canada puisse faire pour contribuer à réduire les émissions mondiales est d’amener les pays qui consomment du charbon à passer à ces autres formes d’énergie », a affirmé Goldy Hyder, PDG du Conseil canadien des affaires.

L’ASEAN considère le Canada et ses entreprises comme des alliés pour fournir la technologie, les services et les produits dont elle a besoin pour lutter contre l’insécurité alimentaire, la transition énergétique verte et la construction de villes intelligentes, a déclaré M. Farmer.

« Il y a un équilibre ici, en particulier avec les pays en développement, pour continuer à développer leur économie, à élever leurs populations vers la classe moyenne et vers la prospérité économique avec une transition énergétique pour atténuer les impacts environnementaux », a soutenu M. Farmer.

Les responsables gouvernementaux affirment qu’il s’agit d’un thème central que M. Trudeau abordera à Jakarta : promouvoir l’action climatique tout en favorisant la croissance économique.