(Québec) Depuis trois mois, les sondages se suivent et pointent tous dans la même direction. Le Parti conservateur détient une solide avance sur les libéraux de Justin Trudeau dans les intentions de vote à l’échelle du pays. L’avance dépasse souvent les 10 points de pourcentage. Si elle devait se maintenir le jour du vote, elle permettrait au chef conservateur Pierre Poilievre de décrocher un mandat majoritaire.

Le hic, c’est que des élections pourraient ne pas avoir lieu avant deux ans, si l’entente de gouvernance conclue l’an dernier entre le gouvernement Trudeau et le NPD tient le coup jusqu’en juin 2025.

Dans un tel contexte, comment peut-on maintenir un tel élan, sachant qu’une période de six mois est considérée comme une éternité en politique ?

« Il y a des hauts et des bas en politique. Ça a toujours été le cas. Il faut demeurer humble. L’humilité est extrêmement importante », lance d’emblée le député conservateur Bernard Généreux, qui a connu la défaite dans sa carrière sur la scène fédérale.

« L’humilité, c’est fondamental. Quand j’ai perdu en 2011, j’ai eu une très grande leçon d’humilité qui me sert encore aujourd’hui. Il y a des gens qui m’avaient reproché d’être hautain. Cela m’a extrêmement touché », a-t-il dit.

En politique, on est là pour servir. Le rôle d’un serviteur, c’est d’écouter ce que les gens ont à dire. Après huit ans de Justin Trudeau, ce n’est plus vivable au Canada, particulièrement dans les grandes villes. Tout a augmenté.

Bernard Généreux, député conservateur de Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup

M. Généreux, qui est l’un des neuf députés conservateurs au Québec, est arrivé au congrès national du Parti conservateur vêtu d’un t-shirt arborant le thème de prédilection de Pierre Poilievre : « le gros bon sens ».

« Qu’est-ce que ça veut dire, le gros bon sens ? On va prendre soin du monde. Pierre Poilievre a un message extrêmement clair pour les Canadiens et les Québécois, à savoir que l’on va prendre soin d’eux. On va baisser les taxes et les impôts. On va avoir des politiques extrêmement intéressantes dans notre programme électoral qui, je pense, vont favoriser la reprise en main des gens pour qu’ils soient capables de se payer une maison et de payer leur épicerie », a-t-il dit.

Sondage favorable

Un sondage de la firme Abacus Data publié jeudi matin, au premier jour du congrès, accorde au Parti conservateur 40 % des intentions de vote à l’échelle du pays, contre 26 % au Parti libéral et 19 % au NPD. Au Québec, le Bloc québécois obtient 30 % des appuis, contre 28 % au Parti libéral et 25 % au Parti conservateur. Le NPD doit se contenter de 12 % dans la Belle Province, selon Abacus Data.

De tels résultats font rêver les militants conservateurs, qui tiennent leur congrès national dans la Vieille Capitale jusqu’à samedi.

« Oui, ça va bien. Aujourd’hui, j’ai l’impression de revivre le congrès conservateur de 2005 qui nous a amenés au pouvoir en 2006 », a commenté le député conservateur de Lévis-Lotbinière, Jacques Gourde, qui est reconnu parmi ses pairs comme ayant un bon flair politique.

Mais son collègue de Louis-Saint-Laurent, Gérard Deltell, a tenté de minimiser l’importance des sondages tout en cachant mal son sourire.

Comme vous le savez, personne ne commente les sondages, même quand ils sont très bons. On ne peut pas faire de la politique à partir de sondages. Si je l’avais fait, je me serais tiré en bas du pont 25 fois durant ma carrière politique. Et ce n’est pas mon ambition.

Gérard Deltell, député conservateur
de Louis-Saint-Laurent

Selon lui, Pierre Poilievre a réussi à s’imposer rapidement comme chef du Parti conservateur depuis 12 mois en mettant l’accent sur les questions qui touchent les gens au quotidien, soit la hausse du coût de la vie et la crise du logement.

« Il faut être près des gens et c’est ce qu’il a fait depuis un an. »

Débats controversés

Durant le congrès, les quelque 2500 militants venus des quatre coins du pays se prononceront sur une série de résolutions dont certaines risquent de soulever la controverse. Entre autres choses, une résolution vise à interdire les interventions chirurgicales « qui changent la vie des mineurs de moins de 18 ans pour traiter la confusion ou la dysphorie de genre ».

Une autre résolution vise à couper les vivres à CBC et Radio-Canada, même si Pierre Poilievre a affirmé à de nombreuses reprises son intention de protéger Radio-Canada d’éventuelles coupes. Plusieurs résolutions prônent par ailleurs l’abolition de la taxe sur le carbone.

Le moment fort du congrès sera sans doute le discours que doit prononcer le chef conservateur ce vendredi en début de soirée. « C’est certain qu’on est le gouvernement en attente. Vendredi, on va entendre le premier ministre en attente. C’est cela l’objectif », a exposé Gérard Deltell.