(Ottawa ) Le député indépendant Alain Rayes souhaite rentrer dans ses terres. Il ne sera donc pas candidat aux prochaines élections fédérales qui doivent avoir lieu d’ici deux ans au plus tard.

M. Rayes, qui a quitté le Parti conservateur du Canada voilà un an après la victoire décisive de Pierre Poilievre au premier tour durant la course au leadership, avait évoqué l’idée de briguer à nouveau les suffrages comme candidat indépendant dans sa circonscription de Richmond-Arthabaska.

Après un été de réflexion, il en a décidé autrement, a-t-il confié dans une entrevue à La Presse, même si ses chances de remporter un autre mandat sans porter la bannière d’un parti politique étaient relativement bonnes.

« Ma décision est prise. Je ne serai pas candidat aux prochaines élections. Je vais rentrer dans mes terres. Après mûre réflexion, après un an comme député indépendant, j’en suis arrivé à la conclusion que je suis prêt pour un autre défi et prêt à passer à autre chose », a indiqué M. Rayes dans son bureau de la colline parlementaire.

Il a expliqué qu’il annonce dès maintenant ses intentions afin de permettre aux candidats de toutes les formations politiques qui voudront tenter leur chance au prochain scrutin d’avoir le temps d’y penser et de s’organiser.

Élu pour la première fois en 2015, l’ancien maire de Victoriaville a été lieutenant politique de l’ancien chef du Parti conservateur Andrew Scheer. L’ancien chef Erin O’Toole lui a aussi confié le même mandat après les élections fédérales de 2021. Durant la dernière course au leadership, M. Rayes a donné son appui à l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest. Ce dernier, malgré ses talents d’orateur et même s’il a présenté des idées innovatrices durant la campagne au leadership, n’a pu s’imposer face à un adversaire redoutable, Pierre Poilievre, qui connaît bien la base militante du parti.

Si certains le voyaient faire le saut sur la scène provinciale afin de briguer la direction du Parti libéral du Québec, M. Rayes ferme la porte à double tour sur cette possibilité.

« Je n’ai aucune idée le défi que je vais relever. Il n’y a pas de filet de sécurité. Aujourd’hui, la grosse décision que j’ai prise après plusieurs heures de discussions avec mes proches et ma famille, c’est que l’énergie et le cœur, la passion pour continuer ne sont plus au même niveau qu’avant », a-t-il exposé.

Un travail exigeant

« Je veux bien finir les choses. Je vais finir mon mandat et me rendre à terme. Entre-temps, on verra les opportunités qui vont se présenter. J’ai du temps devant moi. Il y a un gouvernement libéral minoritaire qui ne semble pas vouloir d’élections dans l’immédiat. Il veut continuer de gouverner grâce à l’entente qu’il a avec le NPD », a-t-il ajouté.

Cela dit, M. Rayes a indiqué qu’il a « encore le goût de m’impliquer politiquement », mais pas nécessairement en étant au front « avec ma face sur une pancarte durant une élection avec tout ce que cela comporte comme sacrifice familial ».

Il croit qu’il pourrait être utile d’une autre façon comme conseiller spécial ou d’autres fonctions pour un gouvernement. Il n’écarte pas non plus l’idée de retourner dans le secteur de l’enseignement. « Il manque du monde partout ! »

M. Rayes a souligné que faire de la politique aujourd’hui est un travail très exigeant, d’autant qu’un élu est une cible de choix sur les réseaux sociaux. « Les réseaux sociaux sont devenus extrêmement virulents à bien des égards. »

Cette tension, ce négativisme que j’ai vus durant la dernière année en particulier, j’ai envie d’en sortir et de retomber dans quelque chose de positif et constructif qui permet d’additionner dans la société.

Alain Rayes, député indépendant

M. Rayes confirme ses intentions deux jours après la fin du congrès du Parti conservateur à Québec. Le député indépendant se dit inquiet pour l’avenir de notre démocratie.

« Je suis inquiet à cause de cette manière de faire de la politique pour avoir des clics sur les réseaux sociaux, pour nourrir des groupes cibles basés sur des sondages. Je m’ennuie des grands discours de politiciens qui avaient de la profondeur et de la substance, qui avaient de la vision. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’occuper du quotidien. Le coût de la vie fait mal aux gens. Il faut poser des gestes. Mais je suis inquiet par la tendance que la politique prend. Je suis aussi inquiet de ce qui arrive aux différents médias ».

M. Rayes a affirmé que l’un des grands discours qu’il a entendus aux Communes a été prononcé par son ancien chef Erin O’Toole. « C’était son discours d’adieu. Il a envoyé plein de messages à son propre parti et à toute la classe politique sur la scène fédérale. » M. O’Toole a démissionné de son poste de député en juin.