(Québec) Tout en demandant à Québec solidaire et au Parti libéral du Québec de cesser d’acheter de la publicité sur Facebook, François Legault songe à recommencer à le faire. Le comportement de ses adversaires entraîne une situation « inéquitable » dans Jean-Talon, selon le premier ministre.

« Je demande au Parti libéral et à Québec solidaire d’arrêter d’utiliser META-Facebook. Sinon, il va falloir nous aussi qu’on se pose la question si on l’utilise parce que c’est vraiment inéquitable pour aller rejoindre les électeurs dans Jean-Talon », a lancé le premier ministre en se rendant à la période de questions. C’est jour de rentrée parlementaire mardi à l’Assemblée nationale.

Depuis que le géant Meta empêche les médias canadiens de partager leur contenu sur les plateformes Facebook et Instagram, le gouvernement du Québec a suspendu tout achat de publicités sur ces réseaux sociaux en signe de solidarité aux entreprises médiatiques. Le mouvement de boycottage s’est étendu aux grandes villes du Québec et au gouvernement fédéral.

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« On le sait, nos médias souffrent à cause de Facebook et Meta. Je pense que c’est important que tous les partis boycottent la publicité sur Facebook, sur Meta. Maintenant, on a une élection partielle le 2 octobre [dans Jean-Talon]. Facebook-Meta, c’est un outil puissant pour aller rejoindre les électeurs de certaines rues dans un comté », a expliqué brièvement M. Legault.

Ça n’a pas de bon sens qu’il y ait deux partis : le Parti libéral et Québec solidaire, qui utilisent Facebook et Meta, puis qu’il y en ait deux autres : le Parti québécois et la [Coalition avenir Québec] qui ne l’utilisent pas.

François Legault, premier ministre du Québec

Le premier ministre a appelé ses adversaires à maintenir le boycottage du géant du web. Du même souffle, il a laissé savoir que sa formation changerait sa stratégie si les libéraux et solidaires continuent d’acheter de la publicité pour cibler les électeurs de Jean-Talon.

Un geste symbolique inutile, selon QS

Ne pas financer les géants du web comme Facebook est un geste symbolique sans effet, selon Québec solidaire. Le parti a dû ainsi se défendre mardi pour avoir dépensé pour de la publicité sur les plateformes de Meta, après avoir pourtant laissé entendre en juillet qu’il n’allait pas encourager Facebook jusqu’à nouvel ordre.

Au dire du chef parlementaire Gabriel Nadeau-Dubois, dans le contexte de l’élection partielle dans Jean-Talon, ces plateformes sont essentielles pour contacter les électeurs et les gestes symboliques n’apportent pas de solution.

« On va continuer à placer de la publicité (dans Facebook), a-t-il dit en point de presse. Je pense que tout ça fait la démonstration que, les gestes symboliques, là, ils ne régleront pas notre problème. »

C’est ainsi qu’il a pu répondre « non » à la question à savoir si les boycottages sont inutiles, mais du même souffle affirmer qu’ils ont leurs « limites » et n’apportent pas de solution en l’occurrence.

Le porte-parole de QS refuse également de se faire donner des leçons par le ministre des Communications, Mathieu Lacombe, qui a condamné vertement lundi le retournement de QS, tout comme la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

« Il y a des intérêts qui sont supérieurs à votre intérêt de parti », a lancé le président de la CCMM, Michel Leblanc, dans une entrevue avec Québecor.

« Je vous dis que le pointage de doigts et les manifestations de symbolique, ça a une grosse, grosse limite puis ça ne réglera pas notre problème », a insisté M. Nadeau-Dubois.

Le Parti libéral du Québec a lui aussi affirmé qu’il n’allait pas mettre fin à ses campagnes publicitaires sur Facebook jusqu’au scrutin de la complémentaire, le 2 octobre.

Le chef intérimaire Marc Tanguay a fait valoir que 88 % des Québécois sont sur Facebook et qu’il est important de pouvoir entrer en contact avec ces électeurs.

Le PQ maintient le boycottage

Le Parti québécois (PQ), qui poursuit son boycottage de Meta, doute du sens de l’éthique de QS et dénonce son manque de solidarité.

« Nos médias se meurent faute de revenus, c’est le pilier de la démocratie, puis là tu as des partis politiques qui, pour faire un petit gain de 1 % ou 2 % dans une partielle, sont prêts à abandonner tous leurs principes puis à laisser tomber nos médias québécois au profit d’une multinationale », a condamné le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, en mêlée de presse.

« Je parle particulièrement de Québec solidaire, solidaire des multinationales GAFAM. C’est indéfendable à mes yeux. On doit demeurer unis et s’assurer que nos médias québécois soient viables vis-à-vis des géants qui sont sans scrupules. »

Le PQ allait d’ailleurs déposer une motion à l’Assemblée nationale en après-midi pour proposer aux élus d’être « solidaires de nos médias nationaux et régionaux qui ont vu leurs revenus publicitaires être détournés au profit des plateformes Meta ».

La motion demande aux partis de ne pas acheter de publicités ou commanditer des publications sur Meta dès maintenant, et de ne pas utiliser ces plateformes ce vendredi – journée de boycottage organisée par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) et la Société québécoise des professionnels en relations publiques. Le PLQ et QS n’ont pas appuyé la motion.

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