(London) Les libéraux, réunis pour une retraite de trois jours à London, en Ontario, assurent qu’ils se sont mis au diapason des plus grandes préoccupations des Canadiens, comme l’accès au logement, et plaident qu’ils arriveront avec des pistes de solution au terme de « discussions franches » en caucus.

Les idées lancées par les députés depuis mardi en rencontres de travail sont mises sur la table dans le contexte où une série de récents sondages place les libéraux loin derrière les conservateurs dans les intentions de vote.

Le stratège libéral Greg MacEachern s’attend à ce que les troupes de Justin Trudeau mettent la table pour d’éventuelles mesures en matière de logement à être présentées dès le début de la session parlementaire qui doit débuter lundi prochain.

« Je m’attendrais à ce que le premier projet de loi déposé par le gouvernement […] concerne le logement », a-t-il dit en entrevue avec La Presse Canadienne.

Il a soutenu que le gouvernement a été très occupé, au cours des dernières années, par la pandémie de COVID-19 et par l’invasion russe de l’Ukraine, de sorte qu’il tente aujourd’hui de s’attarder davantage au logement.

« Ils sont vraiment passés à côté de l’émergence du logement et de l’abordabilité en tant qu’enjeux et je crois que maintenant ils se concentrent vraiment là-dessus », a-t-il ajouté.

Le ministre de l’Innovation, François-Philippe Champagne, n’a pas voulu s’avancer, en mêlée de presse, sur la possibilité que la première pièce législative mise de l’avant cet automne réponde à ces enjeux prépondérants.

« On verra. […] Je ne veux pas déjà présupposer de toutes les conclusions (de nos rencontres), mais on aura la chance de se parler ensemble, de définir le plan d’action », a-t-il affirmé.

M. MacEachern estime que le premier ministre Justin Trudeau et sa garde rapprochée, en plus de chercher à s’adresser aux Canadiens, devront aussi parler à leur « (audience) à l’interne du caucus, qui a exprimé clairement qu’ils sont très mécontents ».

En effet, plusieurs se sont tournés vers divers médias, comme le réseau CBC, pour signaler sous le couvert de l’anonymat qu’ils ne se sentent pas écoutés par M. Trudeau.

« Il ne s’agit pas nécessairement juste de (députés) frustrés parce qu’ils n’ont pas fait leur entrée au conseil des ministres. Ils sont mécontents parce que c’est ce que leurs commettants leur disent », a ajouté M. MacEachern, qui est aussi président de la firme de lobbying KAN Strategies.

La présidente nationale du caucus libéral, Brenda Shanahan, n’a pas confirmé ce sentiment de grogne, mais a mentionné que des « discussions franches » ont cours.

M. Champagne a renchéri, à son arrivée à London mardi après-midi, en disant qu’il espère bien de telles conversations.

« On doit toujours être à l’écoute de nos collègues du caucus. C’est important parce que le caucus est une représentation des Canadiens et des Canadiennes dans les différentes régions du pays, a-t-il dit. Donc être à l’écoute, de passer les prochains jours ensemble […] va nous permettre de faire le point en équipe et de se focaliser sur les enjeux qui comptent pour (la population). »

Mme Shanahan a affirmé que l’ensemble du caucus « a l’écoute (du) chef (et des) ministres ».

Questionnée à savoir ce qui est nécessaire pour que la réunion pré-sessionnelle soit une réussite, elle a répondu qu’elle s’assurait, en tant que présidente du caucus, que « toutes les voix sont entendues, que tout le monde ait l’opportunité de parler directement à (au) chef […] et à toute l’équipe du gouvernement ».

Selon celle qui est aussi députée de la circonscription québécoise de Châteauguay—Lacolle, les députés ont beaucoup de propositions à soumettre, entre autres au chapitre du logement.

« C’est sûr que c’est un enjeu très important », a-t-elle souligné.

Elle a, du même souffle, défendu le bilan des libéraux depuis leur accès au pouvoir en 2015.

« Ce n’est pas d’hier que c’est arrivé (et) qu’on a agi contre la crise du logement. On est le gouvernement fédéral qui a installé la Stratégie nationale sur le logement à travers le pays », a-t-elle mentionné.

La retraite du cabinet a débuté, mardi, par des rencontres de différents caucus, soit celui des femmes, des Autochtones et des élus de circonscriptions rurales.

La majorité des 158 députés libéraux seront ensuite tous réunis en caucus national à compter de mercredi après-midi, après s’être rencontrés d’abord en sous-groupes régionaux. Le premier ministre Justin Trudeau devrait faire son arrivée à London pour le début des rencontres du caucus national.

Cette ville du sud de l’Ontario est un endroit stratégique pour le caucus libéral parce qu’elle a une importante population universitaire et regorge de jeunes familles que le gouvernement souhaite courtiser, a souligné M. MacEachern.