(Ottawa) Le député montréalais Anthony Housefather, qui avait été le seul à voter contre le projet de loi gouvernemental sur les langues officielles en mai dernier, a été dépouillé de son rôle de secrétaire parlementaire.

L’élu de Mont-Royal a été discrètement écarté de la nouvelle équipe des secrétaires parlementaires dévoilée samedi dernier – un jeu de chaises musicales découlant du remaniement ministériel d’août dernier.

Il a été le bras droit de la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement entre décembre 2021 et septembre 2023. Dans la précédente législature, de décembre 2019 à août 2021, il a été secrétaire parlementaire de la ministre du Travail.

Joint par La Presse, mardi, Anthony Housefather a refusé de commenter.

Au bureau de Justin Trudeau, on n’a pas voulu dire s’il s’agissait d’une forme de sanction. « Anthony Housefather est un défenseur des intérêts de sa communauté qui a toujours su représenter les membres de celle-ci à Ottawa et au sein du caucus libéral », a écrit la porte-parole Alison Murphy.

« Il incarne parfaitement les qualités d’un grand député, et le premier ministre est impatient de poursuivre sa collaboration avec lui dans les dossiers qui importent aux Montréalais et à tous les Canadiens », a-t-elle ajouté.

Avant de s’opposer à la volonté du gouvernement en votant contre la modernisation de la Loi sur les langues officielles, le député montréalais s’était battu bec et ongles au comité parlementaire qui l’étudiait.

L’ancien dirigeant d’Alliance Québec en avait contre les références à la Charte de la langue française du Québec dans le projet de loi fédéral C-13, sous prétexte qu’elles pourraient menacer les droits de la minorité anglophone au Québec.

Plusieurs députés représentant des circonscriptions de la région de Montréal avaient exprimé des craintes similaires. Mais lors du vote final, Anthony Housefather a été le seul à voter non – Sherry Romanado, de la Rive-Sud, s’est abstenue.

La fronde des élus de l’île – Marc Garneau et Emmanuella Lambropoulos figuraient eux aussi parmi les détracteurs du projet de loi C-13 – avait fait sortir de ses gonds un de leurs collègues de l’Est ontarien, Francis Drouin.

« Le show de boucane mené par certains de mes collègues est honteux. Le Montréal island n’a pas le monopole sur la politique linguistique du Canada. La désinformation n’a pas sa place dans ce débat », avait-il écrit sur X en février dernier, alors que la mesure législative cheminait péniblement en comité.

Le rôle de secrétaire parlementaire, qui consiste à appuyer le ministre attitré, et qui nécessite une fine compréhension de ses dossiers, vient avec une prime salariale de 18 800 $. Cette somme s’ajoute à l’indemnité de base de 194 600 $.

Les secrétaires parlementaires sont choisis par le premier ministre.