(Québec) Québec solidaire (QS) a demandé vendredi la démission du ministre de l’Environnement, Benoit Charette, pour avoir « menti par omission » sur le dépassement des normes de nickel dans le quartier Limoilou, à Québec.

Le ministre a riposté en demandant des « excuses officielles » au député QS Sol Zanetti, pour avoir fait une « récupération politique honteuse ». Il a toutefois refusé d’accorder une entrevue à La Presse Canadienne pour s’expliquer.

L’affrontement survient alors qu’une élection complémentaire bat son plein dans la circonscription de Jean-Talon à Québec.

La pollution de l’air est surveillée dans Limoilou, en raison notamment des opérations de transbordement de nickel du Port de Québec.

Lors d’une conférence de presse au mois d’août à l’hôtel de ville de Québec, portant sur la divulgation des données recueillies par des stations d’échantillonnage entre octobre et décembre derniers, le ministre n’a pas fait mention du dépassement de la norme sur le nickel en décembre et janvier.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Sol Zanetti

« Il a menti par omission », a condamné en mêlée de presse vendredi le député QS de Jean-Lesage, Sol Zanetti, dont la circonscription comprend Limoilou.

« Il n’a pas corrigé le Port de Québec qui lui disait quelque chose qui n’était pas vrai et moi, je pense qu’il savait que ce n’était pas vrai. Son rôle, c’est de nous informer et de nous protéger. Ce qu’il fait, ce n’est pas nous informer, il protège le port et dissimule de l’information dans des documents abscons et scientifiques que personne ne comprend, sauf les spécialistes. »

« Je demande des excuses officielles à Sol Zanetti et je l’invite à élever le débat dans ce dossier », a répondu le ministre sur la plateforme X, autrefois Twitter.

« Cette récupération politique est honteuse et indigne du rôle de député », a-t-il poursuivi.

La Presse Canadienne a demandé une entrevue au ministre. L’attachée de presse avait d’abord indiqué qu’un entretien téléphonique allait pouvoir être arrangé, pour ensuite répondre que « l’agenda est très chargé » et que « nous allons nous en tenir aux propos que le ministre a publiés ».

M. Charette soutient que toutes les données sur les dépassements de la norme avaient déjà été rendues publiques en ligne le 16 mai dernier.

Toutefois, M. Zanetti a soutenu que les documents mis en ligne sur le site Données Québec sont tout simplement incompréhensibles pour le commun des mortels.

En appui à son propos, il a déroulé sur le trottoir des pages et des pages de données de stations d’échantillonnage, autant de Rouyn-Noranda que de Québec, publiées sur le site.

La saga du nickel

Rappelons qu’en mars 2022, le gouvernement Legault a annoncé une augmentation des seuils de nickel autorisés.

La Commission de l’éthique en science et en technologie a d’ailleurs émis une synthèse et un appel à la prudence à ce propos.

À la recommandation d’un groupe interministériel, il est maintenant permis d’émettre cinq fois plus de particules de nickel dans l’air, de 14 à 70 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) par jour, ainsi qu’à 20 ng/m3 en moyenne par année.

Pourquoi ? Parce qu’on prévoit une forte augmentation du prix du nickel en raison notamment de la croissance du marché des batteries destinées aux véhicules électriques, a résumé la Commission de l’éthique. Une norme trop restrictive pourrait décourager les investisseurs, estimait le comité. Les minières déjà en activité au Québec comme Glencore réclamaient des assouplissements.

Les 18 directions régionales de la santé publique se sont prononcées contre cette hausse.

On évoquait entre autres les multiples incertitudes liées au cumul des risques et à l’effet additif de plusieurs polluants dans l’air.

Le Comité interministériel estimait pour sa part qu’il était sécuritaire de viser une norme annuelle de 20 ng/m3, tant pour les problèmes respiratoires critiques que pour les effets cancérigènes associés à une exposition répétée au nickel.

La Commission de l’éthique en science et en technologie en appelle au principe de précaution et à investiguer davantage les problèmes de qualité de l’air dans le quartier.