(Montréal) Le premier ministre du Québec a profité de son message dominical pour relancer un appel au calme dans le débat entourant les droits des personnes transgenres.

François Legault a tenté ce rappel à l’ordre dans un long message où il traçait son bilan de la semaine.

Après avoir vanté son séjour à New York où il a participé au lancement de la construction d’une nouvelle ligne de transport d’électricité entre le Québec et l’État de New York et à une session de l’ONU, il a adopté un ton grave pour évoquer les manifestations sur la question du genre qui se sont déroulées cette semaine au pays.

Plaçant les participants des manifestations et des contre-manifestations sur le même pied, il a affirmé ne pas avoir vraiment aimé ce qu’il a pu observer.

De voir des gens, des deux côtés, se lancer des insultes dans les rues de Montréal, je trouvais que ça ne nous ressemblait pas. J’avais l’impression qu’on importait des façons de faire venues d’ailleurs. C’est pas comme ça qu’on débat au Québec ! On est un peuple modéré. On est capable de se parler.

François Legault, dans une publication sur Facebook

S’il reconnaît que « les insultes envers les personnes de la diversité sexuelle sont inacceptables », M. Legault déplore les étiquettes « de fascistes ou de transphobe » pour décrire ceux qui s’interrogent sur la question des identités de genre.

Le premier ministre juge qu’il est « normal que des parents et des citoyens se posent des questions, et s’inquiètent pour leurs enfants ».

M. Legault rappelle que le gouvernement n’allait pas ordonner l’installation de toilettes mixtes dans les écoles du Québec. Toutefois, il dit que le gouvernement allait « prendre [ses] responsabilité » pour les autres enjeux touchant la communauté LGBTQ+.

On va écouter tout le monde. On a le devoir d’être sensible envers les personnes de la communauté LGBTQ+, mais aussi d’entendre les inquiétudes de la population en général. On doit trouver un point d’équilibre, modéré comme le sont les Québécois.

François Legault

M. Legault a annoncé de nouveau qu’un groupe de sages sera créé afin de se pencher sur ces sujets. « Notre but, ce n’est pas d’enlever des droits à personne et encore moins de stigmatiser, mais plutôt de documenter et d’analyser les conséquences de ces enjeux sur toute la société, sur les parents, sur les enfants », réitère-t-il.

La sortie du premier ministre survient après la polémique soulevée ce week-end à la suite de la publication d’un message d’Hydro-Québec sur sa page X. M. Legault n’a pas évoqué la controverse dans son message dominical.

La polémique a été déclenchée après qu’Hydro-Québec eut publié un message d’appui envers les employés de la société d’État « afin qu’ils puissent vivre en toute sécurité et authenticité, peu importe leur orientation sexuelle, identité ou expression de genre. Hydro-Québec soutient la communauté LGBTQ+. »

Le message n’a pas été apprécié par les transphobes de ce monde qui ont réagi en inondant X de messages anti-transgenres à un point tel qu’Hydro-Québec a dû fermer les commentaires « en raison des nombreux dérapages et commentaires agressifs ».

Hydro-Québec avait elle-même jeté de l’huile sur le feu en publiant la photo d’un lézard accompagnée de la légende suivante : « Nous sommes démasqués. Les lézardo-woki-prolgbtq-mangeux-de-hummus sont partout ».

Ce message a soulevé l’ire de bon nombre d’opposants qui ont cru que les gens d’Hydro se moquaient d’eux, ce qui n’était pas du tout l’intention, affirme un porte-parole d’Hydro-Québec, Jonathan Côté.

Hydro-Québec voulait faire une blague en référence à une populaire théorie complotiste pour calmer le jeu, explique-t-il. Le porte-parole a convenu toutefois qu’un message mal interprété pouvait nuire aux débats.

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