(Québec) Tous les partis représentés à l’Assemblée nationale bloquent la route du militant ultranationaliste anti-immigration Alexandre Cormier-Denis et le désinvitent des consultations générales sur la planification de l’immigration.

Tour à tour, le gouvernement Legault et les partis d’opposition ont rejeté mercredi les théories véhiculées par M. Cormier-Denis sur l’internet, alors que ce dernier était inscrit jeudi pour témoigner en commission parlementaire.

« Je pense qu’on va s’entendre avec les oppositions pour qu’il ne vienne pas. Maintenant, ce que je veux vous dire, demain, c’est une grande journée pour l’économie du Québec. C’est pour des journées comme ça que je fais de la politique », a dit le premier ministre François Legault en référence à une annonce qu’il doit faire jeudi concernant la filière batterie.

« Je ne cautionne absolument pas les propos de M. Cormier-Denis et on ne tient pas comme formation politique à l’entendre demain », a brièvement commenté la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK D’ALEXANDRE CORMIER-DENIS

Alexandre Cormier-Denis

Une recension des dernières publications d’Alexandre Cormier-Denis sur le réseau social X, où il relaie des vidéos de sa chaînée vidéo et de ses passages sur les ondes de CHOI Radio X, témoigne des thèmes qui l’animent.

Lorsqu’il partage un article de journal sur des accusés étiquetés par un juge comme des « délinquants à contrôler », le militant anti-immigration les associe à leurs origines ethniques. Il affirme entre autres qu’ils ont de « bas Q. I., haute testostérone, comportement criminogène et haine raciale ».

« Ce n’est pas en prison qu’il faut les envoyer, mais dans le pays de leurs ancêtres », affirme-t-il ensuite.

Dans une autre publication, M. Cormier-Denis affirme également que la députée de Québec solidaire (QS) Ruba Ghazal « ne défend pas les intérêts du Québec, mais ceux de son véritable peuple : les Palestiniens ». Sur un couple qui a adopté un enfant noir, il écrira également que « l’adoption d’un enfant noir par un couple de Blancs est déjà louche ».

Qui approuvait sa visite ?

Avant de le désinviter, mercredi, le gouvernement Legault et les partis d’opposition se sont toutefois tiraillés dans des mêlées de presse interposées pour savoir qui avait insisté, dans un premier temps, pour que le militant anti-immigration soit invité au Parlement.

« Ultimement, c’est toujours le gouvernement qui décide de la liste des invités, il est majoritaire. Il nous consulte, mais c’est lui qui tranche ultimement », a dit Pascal Bérubé du Parti québécois.

Le leader du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, a pour sa part affirmé qu’il avait prévenu les partis d’opposition l’été dernier des propos tenus par M. Cormier-Denis et qu’il avait demandé s’ils consentaient à ce que le militant ne témoigne pas au Parlement.

« Aujourd’hui, le PQ fait le contraire de ce qu’il a dit cet été. […] Pascal [Bérubé] ne raconte pas toute la vérité, comme ça arrive dans certaines situations. […] Ce que je dis, c’est qu’il y a différentes versions entre ce qui se passe en privé et ce qui se passe en public », a-t-il dit.

Contrairement aux auditions particulières, où le gouvernement et les oppositions négocient une liste restreinte d’invités, les consultations générales comme celles au sujet de la planification de l’immigration permettent en temps normal à tous les citoyens qui soumettent un mémoire de venir le présenter en commission parlementaire.

En réaction au fait que son nom a été rayé de la liste des invités, M. Cormier-Denis a écrit mercredi sur X qu’il est « très inquiétant de voir que la présence d’un seul homme face à tout un système politique et médiatique puisse générer autant d’hystérie », sans toutefois préciser ses déclarations passées qui ont fait réagir les parlementaires.