(Québec) Des experts doivent définir la capacité d’accueil du Québec avant qu’on décide de réduire à moins de 470 000 le nombre d’immigrants temporaires sur le territoire.

C’est ce que réclame Québec solidaire (QS), qui a brandi jeudi le spectre de « déportations massives » si on fixe un seuil qui serait déjà dépassé actuellement.

La sortie de QS fait suite à sa décision, la veille, de bloquer une motion du gouvernement Legault qui demandait au fédéral de réviser ses politiques d’immigration à la baisse pour respecter la capacité d’accueil du Québec.

Par cette motion, la CAQ souhaitait protester contre la hausse de près de 50 % d’immigrants temporaires au Québec, de 322 000 à 471 000, entre juillet 2022 et juillet 2023, ce qui met beaucoup de pression sur les services publics et le marché locatif.

QS a toutefois refusé son consentement pour débattre de la motion, prétextant que ses amendements au libellé avaient été refusés.

En mêlée de presse jeudi matin, le député Guillaume Cliche-Rivard a exigé en premier lieu un comité d’experts « apolitique non partisan » pour définir la capacité d’accueil.

« Après ça, on va prendre une décision. Est-ce qu’on l’augmente ? Est-ce qu’on investit ? Est-ce qu’on donne plus dans les services sociaux pour accueil ? »

Il veut entendre « des experts démographes, des experts économistes, des gens qui connaissent l’état de nos services sociaux par région », tout en reconnaissant que la capacité d’accueil était quelque chose de « politique, parce que la capacité d’accueil, c’est quelque chose de dynamique dans lequel on investit ou on n’investit pas ».

M. Cliche-Rivard, qui est avocat spécialisé en immigration, a ajouté qu’il était prêt à s’incliner et se rallier si les analyses démontraient que la capacité d’accueil est « remplie » et qu’il faut prendre des « décisions difficiles » et qu’on « coupe », selon ses mots.

« Moi, je vais suivre la science », a-t-il résumé.

Cependant, le porte-parole de QS a laissé présager des décisions difficiles à venir, voire des conséquences funestes.

Rappelons que dans sa motion déposée mercredi, la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, demandait à Ottawa d’effectuer un dénombrement plus « fréquent et efficace » et que les données soient transmises automatiquement au Québec.

« On coupe qui ? On va commencer à faire une déportation… on va commencer à faire des déportations massives. »

Rappelons que dans sa motion déposée mercredi, la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, demandait à Ottawa d’effectuer un dénombrement plus « fréquent et efficace » et que les données soient transmises automatiquement au Québec.

Elle invitait aussi le fédéral à réviser ses politiques, pour respecter la « capacité d’accueil du Québec », notamment parce que « cette hausse est incompatible avec la nécessité d’assurer la protection de la langue française dans le contexte unique du Québec en Amérique du Nord ».

Dans les amendements qu’il proposait, QS voulait notamment biffer la formulation voulant que cette augmentation de l’immigration temporaire était incompatible avec la nécessité d’assurer la protection de la langue française. Selon QS, cela « soulève des enjeux », mais ce n’est pas incompatible.

En outre, le parti de gauche voulait qu’on souligne que le système actuel « perpétue la vulnérabilité de nos résidents non permanents ».

Le Parti libéral du Québec (PLQ) était d’accord avec la motion, même s’il voulait demander le rapatriement au Québec du programme des travailleurs temporaires étrangers. Le PLQ avait hissé un « drapeau rouge » concernant la capacité d’accueil du Québec après la publication des données.

Le Parti québécois (PQ) propose quant à lui de ramener le seuil d’immigration permanente à 35 000 par an.

Les 470 976 immigrants temporaires au Québec estimés par Statistique Canada en juillet se divisent comme suit : il y a 146 723 demandeurs d’asile et 324 253 titulaires de permis d’études et/ou de travail, avec les membres de leur famille.

En comparaison, en juillet 2022, il y avait 93 428 demandeurs d’asile et 228 917 titulaires de permis d’études et/ou de travail, avec les membres de leur famille.

QS déplore que pendant qu’on a discuté sur l’accueil de 50 000 à 60 000 immigrants permanents par année dans les consultations à l’Assemblée nationale, le gouvernement caquiste a refusé de parler des catégories d’immigrants temporaires.

QS préconise de fixer le seuil d’admission de l’immigration permanente dans une fourchette entre 60 000 et 80 000 par an. Le parti demande qu’on régularise le statut des immigrants à statut précaire et sans statut pour en faire des immigrants permanents, à raison de 10 000 par an.

Rappelons qu’au printemps dernier, Mme Fréchette avait présenté deux scénarios concernant l’immigration permanente : maintenir les seuils à 50 000 immigrants par année, ou les augmenter graduellement à 60 000 d’ici 2027.

Il s’agissait d’un revirement majeur pour l’équipe de François Legault, qui avait déclaré en campagne électorale que de hausser les seuils au-delà de 50 000 serait « suicidaire ».