(Ottawa) La ministre des Anciens Combattants, Ginette Petitpas Taylor, et la ministre du Patrimoine, Pascale St-Onge, devront comparaître devant un comité parlementaire afin d’expliquer pourquoi le gouvernement Trudeau a décidé d’attribuer à la dernière minute le contrat de conception du Monument national commémoratif de la mission du Canada en Afghanistan à un groupe qui n’avait pas été retenu par le jury chargé d’étudier les propositions.

Mardi, le Bloc québécois a fait adopter une motion durant la réunion à huis clos du Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes afin que les deux ministres viennent témoigner pendant au moins deux heures au plus tard le jeudi 19 octobre. La réunion était à huis clos afin de planifier les travaux futurs du comité.

Le témoignage des deux ministres doit permettre de répondre « aux questions sur la gestion du gouvernement dans la controverse entourant le concours et l’attribution du contrat » pour la conception de ce monument, selon la motion adoptée par une majorité des membres du comité.

La motion a été proposée par le député bloquiste Luc Désilets. « Il y a beaucoup de questions qui demeurent sans réponses. Nous avons besoin de clarifications. On veut savoir ce qui a été fait et ce qui s’est passé et surtout pourquoi on n’a pas respecté un processus de sélection établi par le gouvernement », a indiqué M. Désilets en entrevue.

En août, La Presse a révélé que le ministre des Anciens Combattants de l’époque, Lawrence MacAulay, avait écarté le choix du jury et a annoncé en juin qu’un autre groupe avait été retenu pour ériger le monument – un projet de trois millions de dollars. Ce faisant, le ministre a bafoué les règles d’un concours qu’il avait lui-même établies.

« Après mûre réflexion »

Le jury avait sélectionné l’équipe Daoust, composée de l’artiste Luca Fortin, de Québec, de la firme d’architectes Daoust Lestage Lizotte Stecker, de Montréal, et de Louise Arbour, ex-haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, pour mener à bien ce projet. Cette sélection avait été faite au terme d’un concours de design lancé en 2019.

Or, le ministre Lawrence MacAulay, qui est aujourd’hui ministre de l’Agriculture, a avisé le groupe retenu par le jury, deux heures avant l’annonce officielle, le 19 juin, que le gouvernement du Canada, « après mûre réflexion », avait décidé de sélectionner le concept élaboré par une autre équipe. Cette autre équipe, c’est l’équipe Stimson, qui est composée de l’artiste visuel Adrian Stimson, ancien combattant des Forces armées de la Nation siksika de l’Alberta, du Groupe d’architectes paysagistes MBTW, de Toronto, et de Projets LeuWebb, coordonnateur en art public, également de la Ville Reine.

Le ministère des Anciens Combattants a justifié par la suite cette décision en plaidant que le concept de design de l’équipe Stimson était celui qui reflète le mieux les commentaires formulés par les vétérans, leur famille et les autres participants à la mission en Afghanistan, selon un sondage réalisé sur les cinq projets de design finalistes.

Des artistes en art public et des experts ont exprimé leur désarroi et leur colère devant cette décision « aberrante » du gouvernement fédéral. De nombreux artistes ont lancé un appel à la mobilisation pour forcer le gouvernement Trudeau à revenir sur cette décision.

Les trois partis de l’opposition ont aussi demandé au gouvernement Trudeau de revenir sur cette décision d’accorder « arbitrairement » la conception du Monument national commémoratif de la mission du Canada en Afghanistan à un groupe qui n’avait pas été retenu par un jury.