(Ottawa) La crise qui secoue Haïti promet d’être au cœur des échanges entre les leaders des pays des Caraïbes, qui se réunissent à Ottawa pour un sommet de deux jours à compter de mercredi.

Le sommet de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), dont le Canada est l’hôte pour la première fois, survient alors que les yeux du monde sont rivés sur la guerre entre Israël et le Hamas.

N’empêche, pendant ce temps, le chaos est loin de se résorber en Haïti, où une mission de maintien de la paix sous le commandement du Kenya se prépare à être déployée.

Des 15 États membres de la CARICOM, trois ont manifesté l’intention d’envoyer des renforts dans l’île, soit la Jamaïque, Antigua-et-Barbuda ainsi que les Bahamas.

Le premier ministre haïtien, Ariel Henry, qui sera au nombre des invités, réclamait une telle mission depuis plus d’un an.

Le Canada ne s’est pas engagé à déployer du personnel, bien qu’une haute fonctionnaire d’Affaires mondiales ait affirmé devant un comité que des policiers de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pourraient être envoyés à titre de formateurs.

« Je pense qu’un des objectifs de cette rencontre va être de voir comment coordonner les contributions de la CARICOM », prévoit Laurence Deschamps-Laporte, directrice scientifique du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal.

« Ça va être utile d’avoir ces discussions-là, parce qu’on serait naïfs de penser que le déploiement va être simple. Et il ne faut pas juste s’en tenir à l’ONU, il faut avoir des réponses multilatérales et bilatérales », fait-elle aussi valoir.

Une région stratégique

Fondée en 1973, la Communauté des Caraïbes est une organisation régionale formée de 15 membres à part entière et de 5 membres associés.

Au cours des 50 dernières années, le Canada et la CARICOM ont établi un partenariat durable, fondé sur les liens entre nos populations et sur notre engagement commun à l’égard de la démocratie, de la primauté du droit et des droits de la personne.

Justin Trudeau, en amont du sommet

Ses pays membres sont peut-être petits, mais ils ont une importance stratégique pour le Canada, signale Mme Deschamps-Laporte, qui a conseillé trois ministres des Affaires étrangères du gouvernement Trudeau.

Le Canada, par exemple, a courtisé les 15 nations et leurs 15 votes dans sa quête, finalement infructueuse, de ce fameux siège au Conseil de sécurité, rappelle-t-elle.

Mais ce n’est pas tout. « Certaines des grandes banques canadiennes jouent un rôle extrêmement important dans les économies des pays des Caraïbes », cite notamment la chercheuse.

Un lien chaleureux

La CARICOM est aussi un forum où le gouvernement canadien s’est forgé une réputation fort enviable – en particulier celui que dirigeait Pierre Elliott Trudeau.

À la mort de ce dernier, en septembre 2000, le secrétaire général de l’organisation publiait un communiqué où il exprimait la « consternation » et la « tristesse » de la Communauté des Caraïbes.

Il y saluait un homme qui fut « un ami véritable et fidèle des Caraïbes et de toute l’humanité ».

Le sommet organisé par Justin Trudeau s’ouvrira mercredi. La plupart des dirigeants caribéens sont attendus ce mardi.