(Ottawa) Les interruptions, interjections et autres débordements ne seront plus tolérés par le nouveau président de la Chambre des communes, Greg Fergus. Ironiquement, des députés conservateurs ont tenté de l’interrompre à plusieurs reprises lorsqu’il a fait sa déclaration mercredi.

Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a ouvert le bal en se levant pour poser sa question, faisant fi du fait que le président venait de commencer à parler. La déclaration de ce dernier avait lieu tout juste avant le début de la période des questions.

D’autres députés l’ont interpellé pendant qu’il commençait à parler et se sont moqués de ses propos. Le député conservateur Andrew Scheer, qui a déjà présidé la Chambre des communes, s’est levé à quelques reprises pour faire des rappels au règlement parce que la déclaration repoussait le début de la période des questions, interrompant ainsi la déclaration du président.

« J’ai remarqué une détérioration du décorum », a affirmé M. Fergus après trois tentatives. « Cette détérioration n’est pas inévitable. Elle n’est pas le prolongement naturel de l’avènement des réseaux sociaux. »

Il a appelé l’ensemble des députés à se conduire autrement, sans quoi il allait sévir. « Premièrement, le tapage excessif, perturbateur et bruyant doit être atténué », a-t-il dit. Ce genre de tapage « a pour but d’intimider, d’insulter ou d’enterrer » ceux qui ont la parole.

Les députés devront également surveiller leurs propos. « Nous avons déjà vu des députés comparer leurs collègues à Mussolini, traiter une autre personne de raciste ou crier des obscénités », a-t-il rappelé.

J’accorderai aux députés la latitude nécessaire pour qu’ils expriment leur opinion, mais les termes discutables et les déclarations inutilement provocatrices ne seront plus tolérés.

Greg Fergus, président de la Chambre des communes

Les attaques personnelles ou le fait de souligner l’absence d’un député en chambre seront également proscrits. Le chef conservateur Pierre Poilievre a déjà critiqué l’absence du premier ministre Justin Trudeau lors de la période des questions à Ottawa alors qu’il assistait à des réunions internationales à l’extérieur du pays.

Le président de la Chambre des communes est l’arbitre des débats politiques. Il a le pouvoir de refuser de donner la parole à un député jusqu’à ce qu’il présente ses excuses, comme l’avait fait en mai le prédécesseur de M. Fergus, Anthony Rota. Il peut également en dernier recours ordonner au député fautif de quitter la chambre.

« Je ne veux pas me rendre en juin avec un asile de fous et je suis désolé si “asile de fous” n’est pas un mot parlementaire, mais c’est exactement à quoi ça ressemble », avait déploré M. Rota.

Le ton des débats était alors particulièrement acrimonieux. Les conservateurs multipliaient les coups d’éclat dans le dossier de l’ingérence chinoise et Pierre Poilievre était passé à un cheveu de se faire expulser de la chambre. Deux députés conservateurs avaient perdu leur droit de parole après avoir traité le ministre de la Sécurité publique de l’époque, Marco Mendicino, de menteur. Ils refusaient alors de s’excuser.