(Ottawa) Contrairement au président américain Joe Biden, le premier ministre du Canada n’est pas encore prêt à certifier la version des faits du gouvernement israélien, selon qui le missile qui a frappé un hôpital de Gaza venait du Djihad islamique. L’hésitation de Justin Trudeau a mis en furie des organisations juives canadiennes, qui demandent une rétractation.

Réitérant qu’il a été « horrifié » par l’attaque qu’il avait qualifiée mardi d’illégale, Justin Trudeau a dit vouloir prendre connaissance de l’ensemble de la preuve avant de montrer quiconque du doigt.

« Oui, on a vu certains éléments préliminaires, mais on va continuer de travailler avec nos alliés […] avant d’établir les conclusions finales et fermes », a-t-il soutenu jeudi, en marge du sommet de la CARICOM.

Tous, en revanche, s’entendent sur une chose, a-t-il argué : « On peut être uni sur le fait que jamais on n’aurait dû voir […] l’explosion [dans l’enceinte] d’un hôpital plein d’innocents ».

Le premier ministre Trudeau n’a pas écarté la possibilité de se rendre dans la région, comme l’ont déjà fait plusieurs de ses homologues, dont le président américain Joe Biden.

Ce dernier a mis Israël hors de cause, mercredi, après la frappe meurtrière contre un hôpital à Gaza qui a soulevé un vent de révolte au Moyen-Orient.

« Sur la base des informations que nous avons eues jusqu’à maintenant, il semble que [la frappe] soit le résultat d’une roquette hors de contrôle tirée par un groupe terroriste à Gaza », a-t-il déclaré.

Le président des États-Unis a assuré avoir des éléments probants venant du Pentagone.

De son côté, le premier ministre britannique, Rishi Sunak, a appelé à la prudence. Lui non plus n’a encore pointé personne du doigt.

« Nous ne devrions pas sauter à des conclusions trop hâtives avant d’avoir tous les faits […] Tous ici savent que les mots que nous disons ici résonnent au-delà de cette Chambre », a-t-il dit à Londres, mercredi.

La communauté juive fustige Trudeau

Le refus de Justin Trudeau d’endosser la version israélienne a provoqué la colère des trois grands organismes de défense des droits des juifs au Canada.

Le B’nai Brith, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes ainsi que les Amis du Centre Simon Wiesenthal ont exhorté le gouvernement à « se rétracter » et à « clarifier » les propos en question.

Car ceux-ci « ne peuvent être interprétés comme une caution » des « faussetés propagées par le Hamas », ont-ils écrit dans une déclaration commune.

« Les élus canadiens, les médias et autres influenceurs ont une responsabilité de vérifier les faits avant de commenter, en particulier en temps de guerre », ont-ils insisté.

Le gouvernement canadien « doit remettre les pendules à l’heure de façon urgente », ont-ils conclu.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, semble croire que le premier ministre devrait souscrire aux conclusions des agences de renseignement des États-Unis.

« On ne s’étonnera plus [qu’il] ne soit pas en première ligne […] s’il se permet de désavouer le service de renseignement [de Washington] et de Joe Biden », a-t-il écrit sur X.

La frappe de mardi soir sur l’hôpital Ahli Arab a fait au moins 471 morts parmi des déplacés qui s’abritaient dans l’enceinte de l’établissement, assure le ministère de la Santé du territoire palestinien.

avec l’Agence France-Presse