De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Écrivez à nos correspondants parlementaires

Bonne semaine : Lionel Carmant

Lionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux, n’a pas eu un premier mandat facile. Mais dans les derniers jours, il a fait quelques bons coups. Il a enfin déposé un projet de loi pour mettre en œuvre une recommandation phare de la commission Laurent, soit de créer un poste de commissaire au bien-être et aux droits des enfants. La personne sera choisie par un vote aux deux tiers de l’Assemblée nationale et sera indépendante. M. Carmant a aussi finalement décidé de se joindre à la demande d’action collective intentée par la Colombie-Britannique contre des pharmaceutiques mises en cause pour la crise des opioïdes. Il refuse toutefois encore d’écouter la Santé publique et les chefs de police qui lui demandent de décriminaliser les drogues afin de mieux venir en aide à ceux qui y sont dépendants.

Paul Journet, La Presse

CHIFFRE DE LA SEMAINE

5211

C’est le nombre de personnes qui ont reçu l’aide médicale à mourir au Québec en 2022-2023, un bond de 42 % en un an. Il s’agit de 6,5 % des décès survenus au cours de cette période. Québec s’interroge sur cette augmentation et mandate une équipe de recherche pour comprendre le phénomène.

Mauvaise semaine : Steven Guilbeault

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement du Canada

Le ministre de l’Environnement du Canada savait que sa mission serait périlleuse. On ne s’attaque pas aux émissions de gaz à effet de serre d’une puissance pétrolière sans se faire de puissants ennemis. Mais ces derniers temps, les obstacles viennent de partout. Il y a eu, plus tôt en octobre, la décision de la Cour suprême qui s’en prend aux évaluations environnementales fédérales. Et maintenant, son chef Justin Trudeau assouplit la taxe carbone, qui ne s’appliquera plus aux livraisons de mazout. Certes, le changement n’est pas radical. Mais il donnera des munitions aux adversaires de M. Guilbeault qui se diront que plus ils diabolisent son plan vert, plus ils risquent de convaincre M. Trudeau de le diluer.

Paul Journet, La Presse

Citation de la semaine

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

François Legault, premier ministre du Québec, en conférence de presse

Ça m’arrive aussi de consulter des anciens premiers ministres. Donc, c’est correct. Mais je veux dire, nous, on tient à nos décisions.

François Legault qui a rejeté la demande des six ex-premiers ministres du Québec critiquant certains aspects de la réforme Dubé en santé

Boire la tasse

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, avec son omniprésente tasse à café

Pierre Fitzgibbon se promène régulièrement dans les corridors du parlement une tasse de café à la main. Mardi, lors d’un point de presse, il a pu boire une bonne gorgée de café. Les caméras ont, à ce moment, capté le nom de la véritable propriétaire de la tasse : Danielle McCann, ancienne ministre de la Santé. Mais le ministre semble peu attaché aux objets. Lorsque l’activité médiatique s’est terminée, il a quitté la salle en laissant sa boisson chaude derrière le lutrin. « Vous oubliez votre tasse, M. Fitzgibbon », a lancé un reporter. « Ce n’est pas grave, il n’y a plus de café dedans », a répondu l’élu.

Pas d’indépendance sous les conservateurs ?

Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a bien fait rire ses adversaires mardi en accusant le premier ministre Justin Trudeau de nuire à l’unité nationale avec ses déficits. « Le Parti québécois a mentionné pouvoir créer l’indépendance pour les raisons économiques. C’est quelque chose que le parti n’aurait jamais osé faire pendant les années conservatrices », a-t-il soutenu, ce qui a provoqué l’hilarité dans la Chambre. Les taxes, les impôts, la dette fédérale et l’inflation étaient peu élevés et la croissance économique était forte, a-t-il ajouté. « Mon ami Paul à Québec sera content de savoir que le budget de l’an 1 a permis d’amener le débat sur l’indépendance du Québec au Parlement canadien par rien de moins que la voix du chef de l’opposition officielle », s’est moqué le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet. Le premier ministre Justin Trudeau a rétorqué à M. Poilievre que son gouvernement allait continuer d’aider les Canadiens « pendant que les partis d’opposition ramènent des vieilles chicanes ».

« Ennuyeux à mourir », les débats ?

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Jean Chrétien, ancien premier ministre du Canada, en 2017

Jean Chrétien n’a jamais eu la langue de bois, et il se languit du temps où elle n’était pas la langue officielle du Parlement. « À l’époque, à la Chambre des communes, nous n’avions pas le droit de lire quoi que ce soit. Nous devions nous lever et parler. C’était amusant. Aujourd’hui, [les députés] arrivent tous avec des discours préparés par des jeunes de leur bureau, et c’est ennuyeux à mourir », a-t-il lâché en entrevue sur le plateau du réseau CTV, où il était invité pour discuter du 30e anniversaire de l’élection de son gouvernement. S’il est vrai que de nombreux députés se réfèrent à des notes écrites pour poser des questions ou débattre en Chambre – et les ministres, à des notes préparées par leur personnel politique –, certains préfèrent toujours éviter cette béquille. Mais les lignes, qu’elles soient consignées par écrit ou dites de mémoire, ne sont jamais bien loin…

De politicien courageux à paria

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Jean Charest, ancien premier ministre du Québec, et François Legault, actuel premier ministre, lors de l’inauguration du barrage hydroélectrique de la Romaine 1, il y a quelques semaines.

Le courant qui passait si bien entre le premier ministre François Legault et l’ex-premier ministre Jean Charest au mégacomplexe hydroélectrique de la Romaine, il y a deux semaines, produit désormais un court-circuit. Sur la Côte-Nord, M. Legault vantait les mérites de l’ancien chef libéral. « Je pense que c’est important pour moi d’inviter Jean Charest qui a de façon courageuse lancé le chantier de la Romaine en 2009 et qui s’est fait beaucoup critiquer », disait-il. Or, quand le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a comparé M. Legault à Jean Charest au Salon bleu cette semaine, en lien avec sa défense du fédéralisme, on sentait l’électricité dans l’air. « Est-ce qu’il y a quelque chose de plus insultant que de se faire traiter de Jean Charest  ? Il a même dit Jean Chrétien ! », s’est indigné le premier ministre caquiste.