Les militants du Parti québécois étaient réunis en Conseil national samedi et dimanche, à Saint-Hyacinthe

(Saint-Hyacinthe) Répliquant à François Legault, Paul St-Pierre Plamondon assure que les Québécois n’auront pas à faire de « sacrifices » au lendemain de la création d’un Québec souverain. Au contraire, le chef péquiste anticipe une « effervescence » qui les incitera à travailler à la transition bénévolement.

Paul St-Pierre Plamondon ne voit pas de conséquences négatives ou de « sacrifices », pour reprendre les mots du premier ministre, à la création d’un Québec souverain. Dans un discours senti, prononcé en clôture du Conseil national de sa formation politique à Saint-Hyacinthe, le chef péquiste a demandé à son tour à François Legault de faire la liste des « sacrifices » que fait le Québec en demeurant dans la fédération.

« J’aimerais ça que le premier ministre nous dise la vérité et nous explique les sacrifices qu’on devra faire si nous demeurons dans la fédération canadienne », a lancé M. St-Pierre Plamondon, devant un parterre de militants conquis. Selon lui, le statu quo mènera à « léguer à nos enfants le statut d’un Québec qui glisse lentement vers l’insignifiance politique, linguistique et culturelle ».

François Legault a affirmé, au lendemain de la présentation du budget de l’an 1 d’un Québec souverain, que l’ascension du Québec au statut de pays mènerait à des « sacrifices » pour les Québécois et que la situation pourrait perdurer pendant des années.

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« Je note d’abord et avant tout que le discours des fédéralistes n’a jamais été aussi faible qu’aujourd’hui », a rétorqué M. St-Pierre Plamondon devant des militants en liesse. C’était la première fois ce week-end que les membres du Parti québécois se réunissaient depuis leur victoire éclatante dans Jean-Talon. Samedi, le chef péquiste leur a rappelé que le succès ne doit pas les « déconcentrer » de leur objectif.

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Selon M. St-Pierre Plamondon, le débat sur la viabilité économique d’un Québec souverain étant clos, M. Legault est maintenant « contraint » de parler du « coût » de la transition au lendemain d’un référendum où l’option du Oui l’emporterait.

« Même si je reprends son discours qui, à mon avis, est erroné, les quelques années de transition dont il parle et qui seraient un ‟sacrifice”, même si c’était vrai, quand on compare les sacrifices auxquels on consent à demeurer dans le Canada […], c’est un cheval, un lapin », a expliqué le chef du Parti québécois, en conférence de presse.

Je prétends que c’est encore une opération de peur.

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois, au sujet du discours de François Legault

Reste que M. St-Pierre Plamondon admet ne pas être en mesure à l’heure actuelle de préciser combien de temps durerait la période de transition du Québec vers un pays. « Personne ne peut prédire l’avenir, donc non, je n’ai pas de capacité à dire combien d’années exactement », a précisé le chef péquiste, réitérant que le scénario « le plus probable » mènerait « à un bond économique ».

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Paul St-Pierre Plamondon

« Évidemment qu’il y aura des choses à négocier, des choses à ajuster dans cette période de transition, ça s’appelle une transition. Mais y travailler en sachant qu’on a fait le bon choix […], en sachant qu’on s’en va à l’ONU, qu’on va avoir notre équipe nationale de hockey », a-t-il énuméré.

Il ne nie pas cependant que des pertes d’emplois sont à prévoir chez des fonctionnaires fédéraux du Québec, comme les employés de l’Agence du revenu du Canada, mais refuse pour l’instant de les quantifier. « Avant de parler de sacrifices, on va faire une planification sérieuse de cette question-là », a-t-il dit.

Comme faire son sapin de Noël

Au contraire, Paul St-Pierre Plamondon croit fermement que la création d’un Québec souverain sèmerait au sein de la population un enthousiasme généralisé pour « travailler plus fort » à « bâtir le pays qui nous ressemble » et qui « va rayonner partout dans le monde ».

« J’ai l’impression que c’est ça qui va se produire le lendemain matin. Les gens vont se lever en disant : ‟Je viens de vivre un moment incroyable. Et là, qu’est-ce que je peux faire pour que cet édifice-là nous ressemble ?” », a expliqué M. St-Pierre Plamondon, prenant le pari que les Québécois voudraient même s’impliquer bénévolement.

Il va y avoir une effervescence. On peut appeler ça du travail, mais je ne le vois pas comme un sacrifice pour autant. Ça va se faire spontanément parce que ça va être la fierté qui remplace la peur. […] Travailler avec fierté et bonheur, moi, je le fais quand je fais mon sapin de Noël.

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Après le dépôt du budget de l’an 1 d’un Québec souverain, le Parti québécois doit présenter en 2024 sa réplique à l’Initiative du siècle, qui fait la promotion d’une croissance soutenue de l’immigration au Canada. Le « livre bleu » doit être présenté en 2025 et la définition de la citoyenneté québécoise, en 2026.