(Québec) Le ministre Mathieu Lacombe écarte le versement d’une aide financière d’urgence à Groupe TVA et plaide en faveur d’une solution « globale » pour aider les médias d’information à traverser la crise. Pour soutenir la production audiovisuelle, il promet de légiférer.

« C’est une triste nouvelle […] je sais à quel point les employés doivent vivre dans une certaine incertitude et puis [pour] ceux évidemment, qui recevront l’appel, ce seront des moments qui seront difficiles pour eux, donc je pense à eux, à leurs familles aussi », a déploré le ministre de la Culture et des Communications, qui s’est présenté devant les médias tout juste après l’annonce de nouvelles compressions à Groupe TVA.

Le grand patron de l’entreprise, Pierre Karl Péladeau, a annoncé jeudi 547 licenciements, ainsi qu’une réorganisation majeure des activités de production télévisuelle au sein de la filiale de Québecor. Les suppressions représentent 31 % de son effectif actuel. Le service d’information, les stations régionales et la production interne de contenu, notamment, sont touchées.

« On a déjà des programmes d’aide financière qui sont en place pour les médias en général », a expliqué M. Lacombe, soulignant des investissements de 217 millions depuis 2018. Le ministre a rappelé que « chaque entreprise est un cas particulier » et qu’il faut maintenant « regarder ça plus globalement ». Pas question pour l’instant donc, de verser une aide financière d’urgence à Groupe TVA.

C’est plus qu’une question d’argent, c’est une question d’environnement qui a changé. Et changer ça, ça ne se fait pas en claquant des doigts, ça se fait en se parlant. Moi, je pense que cette discussion-là, il faut l’avoir.

Mathieu Lacombe, ministre de la Culture et des Communications

Le ministre a brièvement évoqué la possibilité d’élargir ou d’adapter les programmes d’aide en place, comme les crédits d’impôt pour la presse écrite, mais n’a pas voulu aller plus loin. « Cette discussion-là, je dois l’avoir avec les entreprises de presse et on parle à beaucoup d’entre elles récemment. On intensifie ça parce que je pense qu’il faut effectivement trouver une solution », a-t-il dit.

Québec offre notamment le crédit d’impôt pour soutien à la presse d’information écrite, qui équivaut à rembourser 35 % du salaire des employés admissibles au programme (maximum 75 000 $ par année). Les médias électroniques réclament d’y avoir accès également.

« On ne peut plus continuer de gérer ça problème après problème et réagir à telle ou telle demande. Il faut voir ça dans un ensemble et se dire le système actuel, est-ce qu’il fonctionne ou ne fonctionne pas ? La réponse, c’est qu’il ne fonctionne pas », a expliqué M. Lacombe.

Production audiovisuelle

Comme La Presse l’a révélé récemment, le gouvernement Legault veut déposer un projet de loi qui forcera les plateformes numériques comme Spotify et Netflix à donner plus de place au contenu québécois. Jeudi, M. Lacombe a indiqué qu’il voulait revoir ce secteur de fond en comble. Une nouvelle loi ne sera « qu’un morceau » de son chantier, a-t-il dit.

« La production audiovisuelle traverse aussi des moments qui sont difficiles. […] Le système actuel ne fonctionne plus dans un environnement numérique », a-t-il précisé, expliquant qu’il fallait repartir « d’une feuille blanche » pour élaborer un nouveau modèle. Contrairement à ce vaste chantier, dont il n’a pas précisé la feuille de route, « l’enjeu est plus précis » dans le cas des médias d’information.

« Dans les médias, c’est surtout une question de revenus. […] Ça, je pense que ça peut aller plus rapidement. »

La classe politique réagit

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

François Legault, premier ministre du Québec

J’ai une pensée pour les employés du Groupe TVA et leurs familles qui sont touchés par ces mises à pied. L’information est au cœur de notre démocratie.

François Legault, premier ministre du Québec

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Tanguay, chef intérimaire du Parti libéral du Québec

C’est une nouvelle très préoccupante. Mes pensées vont aux 547 familles touchées par les pertes d’emplois. C’est une bien triste journée pour l’écosystème médiatique du Québec, notamment en région. Quand un de nos médias souffre, c’est notre démocratie tout entière qui écope.

Marc Tanguay, chef intérimaire du Parti libéral du Québec

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

Mises à pied massives au Groupe TVA : nouvelle catastrophique pour des centaines de familles. Lourde perte pour l’information régionale. Il faut mettre sur pied un Fonds québécois des médias.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Ces mauvaises nouvelles s’ajoutent à celles des dernières années dans l’industrie des médias québécois. Une industrie autant fragilisée ne peut signifier que des conséquences graves et négatives pour la diffusion et la consommation de la culture québécoise.

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Pascale St-Onge, ministre fédérale du Patrimoine canadien

Mes pensées vont d’abord aux travailleurs, à leurs familles et aux communautés touchées par ces nombreuses pertes d’emploi. Surtout à l’aube du temps des fêtes […] C’est une dure nouvelle pour l’industrie. Ces dix dernières années, on constate que les géants du web ont déstabilisé le secteur des médias d’information et le secteur culturel.

Pascale St-Onge, ministre fédérale du Patrimoine canadien

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Alexandre Boulerice, porte-parole du NPD en matière du travail

La nouvelle de la suppression de 547 emplois au Groupe TVA est un choc majeur pour ces travailleuses et travailleurs qui en arrachent déjà avec la crise du coût de la vie et toute la société québécoise. TVA est une institution incontournable dans notre paysage télévisuel – et culturel […] d’emblée, nous sommes inquiets pour l’avenir de la couverture des nouvelles régionales.

Alexandre Boulerice, porte-parole du NPD en matière du travail