(Québec) Le maire de la capitale et le premier ministre François Legault doivent se rencontrer ce mercredi pour faire le point sur l’épineux dossier du tramway, une réunion qui n’a rien d’un « dîner de cons », assure Bruno Marchand.

Le gouvernement de François Legault s’est montré critique dans les derniers jours quant au « plan B » présenté par Bruno Marchand pour sauver le projet de tramway. Le premier ministre a laissé entendre que la nouvelle facture de 8,4 milliards de dollars était « très chère » et que l’aventure paraissait risquée.

Mardi encore, dans les couloirs du parlement, des élus caquistes ont refusé de dire si le projet de tramway était le bon pour la capitale. « On a toujours mentionné qu’on voulait avoir un réseau structurant, maintenant le moyen reste à déterminer », a déclaré le ministre responsable de la Capitale-Nationale, Jonatan Julien, dans une formule qui en dit long.

Le maire de Québec doit rencontrer mercredi le premier ministre François Legault et la ministre des Transports, Geneviève Guilbault. Le temps presse pour ce mégaprojet : l’entreprise Alstom, qui a obtenu le contrat pour le matériel roulant, attend le signal pour lancer la production.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le premier ministre du Québec, François Legault.

« On est rendus à la dernière ligne droite avant de lancer. On ne peut plus dire : on va attendre ou on va hésiter », note M. Marchand, qui ne cesse de répéter que la « balle est dans le camp du gouvernement du Québec ».

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a lui-même admis mardi que tout report du projet de transport collectif de la capitale allait encore faire gonfler la facture.

Bruno Marchand assure qu’il pense pouvoir convaincre le gouvernement du Québec de donner le feu vert à son fameux « plan B », qui implique que la Ville soit maître d’œuvre du projet.

« Je sens qu’ils ont une ouverture franche et honnête, je n’ai pas l’impression que c’est un dîner de cons », a répondu Bruno Marchand mardi à la question d’un journaliste.

« Un dîner de cons, c’est un dîner où on est là pour faire rire de soi. Ce n’est pas l’impression que j’ai. Je pense qu’on est conviés à avoir une discussion et à partager nos visions. La suite des choses est entre leurs mains. »

Guilbault s’en prend au fédéral

Bruno Marchand assure que son « plan B » est « rigoureux et réel ». Il s’agit en clair de se passer d’un consortium, d’assurer la maîtrise d’œuvre du projet et de séparer le projet en lots pour réduire les coûts. Le maire précise que l’estimation de 8,4 milliards inclut 2,2 milliards de contingences pour minimiser les risques.

Le gouvernement du Québec a donc le sort du tramway entre ses mains, lui qui doit assumer 51 % de la facture, contre 40 % pour le fédéral et 9 % pour la Ville. Mardi, la ministre des Transports a montré du doigt Ottawa. Selon Geneviève Guilbault, le ministre fédéral Jean-Yves Duclos joue sur les mots quand il dit qu’Ottawa est prêt à financer le projet de 8,4 milliards.

« La seule chose qui est attachée du fédéral présentement, c’est 1,2 milliard », a affirmé Mme Guilbault. « Si on prend le 1,2 milliard sur 8,4, on est à 14 % de financement fédéral. »

« S’il y avait 4 milliards d’argent fédéral d’attaché, ça ferait longtemps qu’on ne serait plus en train d’en parler », a ajouté la ministre.

Avec Tommy Chouinard et Fanny Lévesque, La Presse