De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Écrivez à nos correspondants parlementaires

Bonne semaine pour Seamus O’Regan et le NPD


Sous la pression du Nouveau Parti démocratique (NPD), le ministre fédéral du Travail, Seamus O’Regan, a déposé un projet de loi contre les briseurs de grève. C’était une condition du chef néo-démocrate Jagmeet Singh pour soutenir le gouvernement libéral. Le parti de l’opposition s’est assuré de bien y baliser la définition d’un travail, indique-t-on. Cette initiative, que le Bloc québécois réclamait aussi depuis longtemps, empêchera le recours à du personnel de remplacement durant une grève, afin de protéger les droits des travailleurs. Le Québec possède déjà une loi semblable, mais elle ne s’applique pas aux entreprises de compétence fédérale comme celles des secteurs bancaire, aérien, ferroviaire, portuaire et des télécommunications. Cela servira dans des situations comme celle de l’Office d’habitation d’Iqaluit, où les grévistes ont fait du piquetage pendant quatre mois pendant qu’ils voyaient d’autres personnes faire leur travail.

Paul Journet, La Presse

Dure semaine pour Dominique Ollivier et l’OCPM

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

La présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal, Dominique Ollivier, a dirigé l’OCPM de 2014 à 2021.

Celle qui contrôle les finances publiques de Montréal a démontré dans les derniers jours sa faible préoccupation pour le contrôle des dépenses et le respect des contribuables. Quand elle présidait l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), elle a autorisé et elle-même engrangé des dépenses que personne n’ose aujourd’hui défendre, comme des écouteurs à 900 $… À la suite des révélations des médias de Québecor, c’est tout l’OCPM qui est éclaboussé. Isabelle Beaulieu, successeure de Mme Ollivier, n’a pas fait mieux. Pire volet de cette histoire : son secrétaire général Guy Grenier a été embauché même s’il avait été auparavant destitué de son poste de directeur général de la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu à cause de dépenses douteuses. Une chance que l’OCPM n’organise pas de consultation sur son travail…

Paul Journet, La Presse

Citation de la semaine

On veut faire une pause de six mois. On ne reporte pas ça aux calendes grecques. On demande à des experts de la Caisse de dépôt d’évaluer le projet de tramway de Québec, qui est passé de 3-4 milliards à plus de 8 milliards, et de regarder d’autres projets possibles : train léger, métro. Mais on veut un projet de transport structurant pour Québec.

Le premier ministre François Legault, qui a décidé de retirer le projet de tramway des mains du maire de Québec, Bruno Marchand, et de confier un mandat à la Caisse de dépôt, pilote du Réseau express métropolitain

Chiffre de la semaine

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le ministre des Finances, Eric Girard

0,7

C’est le faible pourcentage de croissance économique attendue au Québec en 2024, selon la mise à jour économique du gouvernement Legault. C’est la moitié que ce qui était prévu dans le budget de mars. « Les six prochains mois seront très difficiles. Nous ne sommes pas en récession, mais certainement dans une période extrêmement difficile qu’on pourrait qualifier de stagnation », a dit le ministre des Finances, Eric Girard.

Oups !

IMAGE LA PRESSE

« Bulletin du jour » transmis aux journalistes par le cabinet du premier ministre

Surprise mercredi matin dans la boîte de courriels des correspondants parlementaires à Québec. Le cabinet du premier ministre a envoyé par erreur le « bulletin du jour », les lignes de presse que les ministres et les députés doivent répéter devant les caméras sur des sujets chauds. « On ne coupera jamais dans les missions de l’État ou dans les services aux citoyens », peut-on lire, une réponse toute faite pour répliquer à ceux affirmant que la mise à jour économique mènera à « l’austérité ». Rappelons que la croissance des dépenses sera en moyenne de 2,2 % dans les prochaines années – de 1,6 % seulement l’an prochain –, un niveau comparable aux années Couillard… Le lendemain, le cabinet du premier ministre a fait de l’humour avec sa bourde, transmettant aux journalistes de fausses lignes de presse. Un exemple ? Le premier ministre « va annoncer la tyrolienne Québec-Lévis » !

Lost in translation

PHOTO KELLY CLARK, LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, au côté du ministre Jean-François Roberge, qui représentait le Québec au Conseil de la fédération à Halifax cette semaine

La conférence de clôture du Conseil de la fédération a donné lieu à un moment cocasse lundi à Halifax. Jean-François Roberge – qui remplaçait François Legault, étonnamment absent en raison d’un « conflit d’horaire » – a pris la parole en français pour défendre les compétences des provinces. Après son intervention, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a souligné au ministre québécois qu’elle et ses collègues n’avaient pas accès à la traduction. « Je crois que c’est normal que je puisse parler en français durant le Conseil de la fédération », a répliqué M. Roberge en anglais. Ce court extrait, qui a abondamment circulé sur X, donnait à l’échange des allures de confrontation. Or, une version plus longue permettait d’entendre l’interprète offrir ses excuses puisque le service de traduction simultanée venait de connaître des pépins techniques… Voilà un bout de l’histoire qui s’est perdu dans la traduction.

De l’art de se gratter la tête

On ne saura probablement jamais le fin mot de l’histoire. Il faudra s’en remettre à la parole du député libéral Ken McDonald, que la whip conservatrice Kerry-Lynne Findlay a accusé d’avoir fait un doigt d’honneur pendant le vote sur la motion portant sur l’abolition de la tarification du carbone sur le chauffage résidentiel. « Je me suis gratté le côté de la tête avec deux doigts », s’est défendu l’élu visé par l’accusation. « Il est très inhabituel de se gratter le côté de la tête avec le majeur pendant un vote », a répliqué la conservatrice, dont la formation a chahuté Ken McDonald lorsqu’il s’est levé pour s’opposer à la motion. Le député de l’Atlantique a déjà rompu les rangs libéraux en votant avec l’opposition sur une motion contre la tarification du carbone. Et sinon, pour la petite histoire, en juin dernier, le libéral Mark Gerretsen s’était fait prendre en flagrant délit de majeur élevé par la même députée conservatrice. Il avait reconnu ses torts et présenté ses excuses.

Du carbone dans l’engrenage

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La ministre du Commerce international, Mary Ng

Un traité de libre-échange « woke ». Le Parti conservateur laisse entendre que l’adoption du projet de loi sur la renégociation de l’entente commerciale entre le Canada et l’Ukraine pourrait se heurter à une résistance de sa part, au motif que le texte fait référence à « la tarification du carbone ». Devant le comité qui se penche sur l’accord, cette semaine, la ministre du Commerce international, Mary Ng, a exprimé son étonnement que ce pacte soit considéré comme « woke ». L’épithète qui est revenue à la table du comité a été utilisée il y a quelques semaines par l’élu conservateur Stephen Ellis. « L’une des choses qui me préoccupent […] au-delà des mesures incroyablement “wokes” qui sont intégrées à cet accord de libre-échange […] est que cela place l’Ukraine dans une position de négociation difficile », a-t-il avancé en Chambre. L’ambassadrice de l’Ukraine au Canada, Yulia Kovaliv, a assuré jeudi en comité que l’entente était tout à fait souhaitable pour Kyiv. Et celle dont le pays est en guerre depuis février 2022 a évité de se retrouver dans les tirs croisés partisans entre libéraux et conservateurs.

Note discordante à la CAQ

Note discordante à la Coalition avenir Québec (CAQ). La députée d’Abitibi-Ouest, Suzanne Blais, s’est abstenue d’appuyer un amendement présenté par le ministre Christian Dubé lors de l’étude de sa vaste réforme en santé. Le libéral André Fortin plaidait pour l’ajout de représentants des MRC aux conseils d’établissement. M. Dubé a refusé puisque son projet de loi prévoit déjà la nomination d’élus municipaux. Cela n’a pas empêché le libéral de revenir à la charge : « Si vous êtes capable de faire dire à un seul député de région que ce n’est pas une bonne idée […], je vais tomber en bas de ma chaise », a lancé M. Fortin. Il a visé juste, Suzanne Blais préférant s’abstenir, ce qui est peu commun. La représentativité régionale est une corde sensible alors qu’aucun des trois députés caquistes de l’Abitibi-Témiscamingue n’a été nommé ministre responsable.

Ça s’est réglé en une semaine

Un lapsus du ministre du Travail, Seamus O’Regan, jeudi a permis de lever le voile sur les négociations entre les libéraux et les néo-démocrates pour le projet de loi anti-briseurs de grève. Le député Alexandre Boulerice a eu un fou rire lorsque le ministre a dit en point de presse que le Conseil canadien des relations industrielles aurait 15 jours pour rendre une décision. Le gouvernement a finalement fixé le délai à 90 jours. Les néo-démocrates auraient souhaité un délai plus court. Négocier cet article « a pris environ une semaine, alors il a le droit de rire », s’est exclamé le ministre. Comme dans toute négociation, les choses ont bougé à la dernière minute une semaine avant le dépôt du projet de loi même si les discussions avaient commencé des mois auparavant.