Précision : Dans un dossier intitulé « Pratiques « inutiles », factures salées » publié le 20 novembre 2023, nous avons écrit que les experts consultés par La Presse étaient d’avis que le fait de pratiquer des incisions relaxantes suite à l’implantation d’une lentille torique tel que pratiqué par les Cliniques d’ophtalmologie Bellevue pour les opérations réfractives de la cataracte était superflu et inutile. Or, selon des informations fournies par les Cliniques d’ophtalmologie Bellevue, plusieurs spécialistes reconnus en la matière seraient d’accord avec cette pratique visant une correction optimale de l’astigmatisme lors des chirurgies phacoréfractives. De plus, les Cliniques d’ophtalmologie Bellevue affirment effectuer 2 à 3 biométries optiques en préparation des chirurgies phacoréfractives, en plus de la biométrie ultrasonique. Enfin, selon des informations fournies par les Cliniques d’ophtalmologie Bellevue, leurs factures seraient compétitives par rapport à celles des autres cliniques spécialisées dans le domaine au Québec.

L’opposition officielle à l’Assemblée nationale demande au Collège des médecins de se pencher sur les procédures jugées « inutiles » réalisées aux Cliniques Bellevue. Pour le cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, les faits rapportés dans le reportage de La Presse « soulèvent des questions ».

« Nous demandons au Collège des médecins de se pencher sur le cas précis de la clinique afin de comprendre pourquoi ils utilisent des procédures médicales jugées ‟bizarres, inexplicables ou risquées” selon plusieurs experts », a déclaré lundi André Fortin, porte-parole en matière de santé pour le Parti libéral.

La Presse a rapporté lundi que les Cliniques Bellevue, l’un des plus grands regroupements de cliniques d’ophtalmologie au Québec, réalisent des procédures jugées « superflues et inutiles », selon des spécialistes du milieu consultés par La Presse. Ces procédures font gonfler de plusieurs milliers de dollars la facture remise aux patients subissant une opération réfractive de la cataracte.

« La triste réalité, c’est que les listes d’attente en chirurgies sont trop longues et que sous la CAQ, elles n’ont fait que s’allonger. Les Québécois se tournent donc de plus en plus vers des cliniques privées comme celles-ci », a ajouté M. Fortin.

Le cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, se dit pour sa part « très empathique à la situation vécue ». « Les faits rapportés soulèvent en effet des questions. Chaque professionnel de la santé doit faire des besoins des patients la priorité. Si des patients jugent que les soins reçus n’ont pas été à la hauteur de la qualité qui est attendue, on les invite à porter plainte directement auprès des autorités concernées. Si des vérifications doivent être faites, elles le seront. »

« Des patients floués et impuissants »

Pour le porte-parole du Parti québécois en matière de santé, Joël Arseneau, le reportage « soulève des questions éthiques et déontologiques, en plus de mettre en lumière l’absence de système de plaintes efficace face aux cliniques privées ». « On voit ici non seulement que les coûts sont prohibitifs, mais que des procédures inutiles, voire dommageables peuvent avoir été prescrites et réalisées », dit-il.

Le député de Rosemont et responsable solidaire en matière de santé, Vincent Marissal, estime que « la privatisation des soins de santé tolérée et même encouragée par le gouvernement mène immanquablement à des abus de la sorte et laisse des patients floués et impuissants ». « Le moins que le ministre de la Santé puisse faire est de s’assurer du respect des meilleures pratiques par les cliniques privées et d’interdire les facturations abusives. »

Le Collège des médecins a confirmé à La Presse avoir pris connaissance du reportage. « Au sein d’un ordre professionnel, les enquêtes sont menées par le Bureau du syndic et sont confidentielles. Par conséquent, je ne peux ni confirmer ni infirmer si le Bureau du syndic enquête », a déclaré par courriel la conseillère principale des relations médias, Leslie Labranche.