(Ottawa) Le Canada et le monde retenaient leur souffle mardi dans l’espoir qu’Israël et le Hamas se rapprochent d’un accord qui permettrait de libérer environ 50 otages dans la bande de Gaza – et entraînerait des pauses de plusieurs jours dans les combats pour fournir de l’aide humanitaire.

Les membres du cabinet israélien envisageraient un plan qui mettrait fin à l’offensive israélienne à Gaza pendant plusieurs jours, en échange de la libération d’environ 50 des 240 otages qui ont été capturés par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre.

Mardi, Izzat Rishq, un haut responsable du Hamas, a indiqué qu’un accord négocié par le Qatar pourrait être conclu « dans les prochaines heures ». De telles prédictions sont toutefois restées sans suite dans les derniers jours.

Le premier ministre Benyamin Nétanyahou s’est engagé à poursuivre la guerre jusqu’à ce qu’elle détruise les capacités militaires du Hamas et récupère tous les otages. Il a aussi prévenu que la guerre se poursuivrait après un éventuel cessez-le-feu temporaire.

Le bureau de M. Nétanyahou a déclaré que le cabinet de guerre spécial composé de trois membres s’était réuni mardi et que cette rencontre serait suivie de réunions de son cabinet de sécurité, de hauts responsables de la sécurité et de l’ensemble du cabinet israélien.

On ne sait pas si un vote aura lieu et les détails de l’accord n’ont pas été divulgués. Les médias israéliens ont rapporté qu’un accord comprendrait une suspension de cinq jours de l’offensive israélienne à Gaza et la libération de 50 otages détenus par le Hamas en échange de quelque 150 prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Le réseau de télévision israélienne « Channel 12 » a déclaré que les premières libérations auraient lieu jeudi ou vendredi et se poursuivraient pendant plusieurs jours.

Le Canada au fait de la situation

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Mélanie Joly

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a assuré plus tôt mardi que le Canada surveillait de très près les pourparlers entre Israël et le Hamas.

Mme Joly a reconnu les signes positifs dans les négociations, mais a aussi prévenu que des pourparlers difficiles se déroulaient depuis des semaines.

« Ce que nous attendons de cet accord, c’est que nous voulons nous assurer que tous les otages soient libérés, que tous les ressortissants étrangers soient autorisés à quitter Gaza, y compris, bien sûr, les quelque 200 Canadiens qui sont toujours à Gaza, et que l’aide humanitaire puisse entrer – et bien plus que ce qui est autorisé jusqu’à présent », a-t-elle déclaré mardi matin sur la colline du Parlement.

« Notre objectif à l’heure actuelle est qu’enfin, des pauses humanitaires soient autorisées, et nous pensons que cet accord potentiel pourrait conduire, à terme, à une forme de cessez-le-feu. »

Pas de Canadiens sur la liste

Un accord entre Israël et le Hamas pourrait marquer la première pause dans cette guerre dévastatrice qui a débuté il y a six semaines après que des militants du Hamas ont tué environ 1200 personnes en Israël.

Mme Joly a déclaré mardi matin aux journalistes qu’elle avait évoqué vendredi un éventuel accord sur la libération des otages avec le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, et qu’elle en avait discuté mardi matin avec son homologue qatari. « Nous réclamons toujours des pauses humanitaires, une trêve humanitaire, qui conduirait à un éventuel cessez-le-feu », a-t-elle indiqué.

Affaires mondiales Canada a par ailleurs déclaré mardi qu’un Canadien était porté disparu dans la région, mais ne confirme pas si cette personne est retenue en otage, une possibilité à laquelle Washington avait fait allusion dans un communiqué en fin de semaine. « Les familles reçoivent un soutien consulaire de la part des autorités canadiennes. Pour des raisons de confidentialité, aucune autre information ne peut être divulguée », indique Affaires mondiales.

L’armée israélienne étendait mardi ses opérations militaires dans le nord de Gaza, dans le cadre d’une campagne de représailles qui, selon les autorités sanitaires du territoire, a fait plus de 12 700 morts jusqu’ici.

Par ailleurs, aucun Canadien ne figurait mardi sur la liste des ressortissants étrangers autorisés à quitter la bande de Gaza assiégée et à gagner l’Égypte via le poste frontalier de Rafah. Selon la ministre Joly, environ 200 personnes ayant des liens avec le Canada attendent toujours une occasion de sortir de la bande de Gaza.

Ottawa affirme que 90 Canadiens, résidents permanents et leurs proches ont quitté le territoire palestinien au cours de la fin de semaine dernière, ce qui porte le bilan total depuis le début du conflit à plus de 450 sorties.

L’aide humanitaire

Après avoir déclaré la guerre au Hamas, Israël a lancé une campagne de frappes aériennes et a coupé la nourriture, le carburant, l’eau et les approvisionnements dans la bande de Gaza, à l’exception de livraisons occasionnelles d’aide humanitaire.

Lors d’un point de presse mardi pour les médias internationaux, le colonel Elad Goren, porte-parole des activités militaires israéliennes à Gaza, a soutenu que plus de 1400 camions d’aide humanitaire étaient entrés à Gaza depuis que les premiers ont été autorisés le 21 octobre, et que d’autres pourraient arriver si des problèmes logistiques non spécifiés sont résolus.

L’agence des Nations unies pour les Palestiniens, appelée UNWRA, affirme qu’avant la guerre actuelle, une centaine de camions entraient quotidiennement à Gaza, où plus de 60 % de la population dépend de l’aide de l’ONU. Depuis la guerre, les responsables israéliens ont inspecté tous les camions entrant à Gaza pour empêcher le Hamas d’accéder à davantage d’armes.

« Nos mécanismes de sécurité ont la capacité d’augmenter considérablement le nombre de camions entrant à Gaza, en fonction de l’amélioration de la logistique de l’ONU et d’autres organisations internationales », a déclaré le colonel Goren.

« Nous sommes prêts à augmenter considérablement le nombre de camions, à mesure que l’ONU et les Égyptiens nous feront part de leurs priorités et de leurs besoins. »

Joly condamne des colons juifs

Lundi soir, la ministre Joly avait aussi « fermement condamné » la violence que subissent les Palestiniens en Cisjordanie de la part de colons israéliens, qui vivent dans des communautés qui violent le droit international.

« Le Canada condamne fermement la violence des colons extrémistes envers les Palestiniens en Cisjordanie et est très préoccupé par les informations selon lesquelles des communautés palestiniennes sont expulsées de force de leurs terres, a-t-elle écrit sur X. Ces violences nuisent aux efforts déployés pour parvenir à une solution négociée à deux États. »

Alors qu’Israël lançait sa guerre contre le Hamas à Gaza, il a également bouclé la Cisjordanie, les autorités israéliennes effectuant des raids dans les villes, imposant des couvre-feux et arrêtant des adolescents. L’Associated Press affirme que des détenus ont été battus et que des miliciens juifs ont pris d’assaut des villages.

Les Nations unies affirment que les attaques des colons israéliens se sont multipliées à un rythme sans précédent, tandis que les autorités sanitaires affirment que des colons juifs ont tué neuf Palestiniens.