(Ottawa) Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a déclaré jeudi que son parti n’avait pas voté contre un accord de libre-échange avec l’Ukraine, mardi, mais qu’il rejetait plutôt le projet de loi parce qu’il favorise la tarification du carbone.

Les libéraux rétorquent que les conservateurs suivent les traces d’élus républicains aux États-Unis qui veulent réduire le soutien à Kyiv contre l’invasion russe, ce qui a conduit à un échange houleux, jeudi, à la Chambre des communes.

Le Parlement débat d’un projet de loi gouvernemental qui prévoit la mise en œuvre d’un nouvel accord de libre-échange entre le Canada et l’Ukraine.

La mise à jour proposée de l’accord de 2016 se concentre principalement sur le maintien de l’accès aux marchés qu’avait négocié le gouvernement conservateur de Stephen Harper. L’accord amendé comprend également de nouvelles dispositions en matière d’investissement qui, selon l’Ukraine, pourraient contribuer à une éventuelle reconstruction du pays déchiré par la guerre.

Le texte déposé en Chambre ajoute également un nouveau chapitre environnemental, dans lequel les deux pays conviennent de « promouvoir la tarification du carbone ».

L’Ukraine a mis en place il y a des années un système de tarification du carbone et son ambassadeur exhorte le Canada à adopter cette loi.

Les conservateurs, qui s’opposent à cette mesure, ont voté à l’unanimité, mardi en Chambre, contre le renvoi du projet de loi pour étude au Comité permanent du commerce international, malgré l’approbation de tous les autres partis.

« Nous avons introduit l’accord de libre-échange [avec l’Ukraine], (mais) nous avons voté contre l’imposition par Justin Trudeau d’une taxe sur le carbone dans cet accord », a expliqué jeudi M. Poilievre, affirmant que la tarification sur le carbone avait été « dévastatrice » pour l’économie canadienne.

De passage à Toronto jeudi, M. Poilievre a déclaré aux journalistes qu’une tarification sur le carbone en Ukraine entraverait sa reprise économique, même si le pays l’applique depuis 2011.

« C’est cruel et franchement dégoûtant que l’obsession idéologique de Trudeau de taxer la classe ouvrière, les personnes âgées et les familles qui souffrent ait eu préséance sur ce qui aurait dû être un accord de libre-échange », a-t-il déclaré.

La leader libérale en Chambre, Karina Gould, a soutenu que les conservateurs abandonnaient l’Ukraine et ne prenaient pas le changement climatique au sérieux. « Avec le vote de mardi, lorsque le Parti conservateur du Canada a voté contre l’accord de libre-échange Canada-Ukraine dans une manœuvre de diversion […] il se passe quelque chose de plus profond », a-t-elle déclaré aux journalistes sur la colline du Parlement.

« Nous avons assisté dans les cercles politiques de droite aux États-Unis à un tournant radical contre l’Ukraine et vers un soutien à la Russie », a déclaré Mme Gould, accusant les conservateurs d’inaugurer « une politique de droite à l’américaine ».