(Québec) Face à l’impasse qui perdure dans les négociations pour renouveler les conventions collectives du secteur public, la députée libérale Marwah Rizqy en a assez. Elle déclare que la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, n’est plus la femme de la situation. Selon elle, le premier ministre François Legault doit s’impliquer dans les négos pour éviter que les grèves se multiplient.

En point de presse mardi, la députée libérale n’a pas mâché ses mots face à la négociatrice en chef du gouvernement. « Si elle n’est pas capable de négocier, il va falloir qu’on nomme quelqu’un d’autre pour négocier à sa place », a-t-elle dit.

« En ce moment, les Québécois, ce qu’ils veulent, c’est que ça se règle le plus rapidement possible. On veut une entente négociée, réglée, parce qu’en ce moment, il y a des services qui ne sont pas donnés. On est en train d’étirer les ressources qu’on a appelées nos anges gardiens. […] Si on traîne dans les négos, il risque d’y avoir un goût amer pour les travailleurs qu’on tente de garder dans le réseau public », a affirmé Mme Rizqy.

La députée de Saint-Laurent a ensuite fait la liste des syndicats avec qui la présidente du Conseil du trésor ne parvient pas, à ce jour, à conclure une entente de principe. « Zéro en dix », a-t-elle martelé, affirmant « qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas » et que l’impasse se retrouve selon elle au bureau de Sonia LeBel.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Marwah Rizqy

« Sur dix groupes, c’est zéro en dix. Elle n’est pas capable de signer personne. La seule chose qu’elle a été capable de signer, ça aura été les Kings de Los Angeles », a-t-elle dit.

Sonia LeBel a répliqué en se limitant à dire qu’elle ne veut pas entrer dans le jeu de la députée libérale. « Moi j’ai un très grand respect pour tous les députés de l’Assemblée nationale. J’ai un très grand respect pour Mme Rizqy. Je n’embarquerai pas dans ce genre de commentaires-là », a-t-elle affirmé lors d’une mêlée de presse.

La présidente du Conseil du trésor « garde l’objectif de la fin de l’année » pour conclure une entente négociée avec les syndicats. « On va trouver une solution, on va trouver des voies de passage, c’est la façon dont je travaille », a-t-elle dit.

La semaine dernière, à la demande du front commun, le gouvernement Legault a nommé Mathieu Lebrun, un conciliateur, à la table des négociations. Pour les syndicats, il s’agit d’une « mesure exceptionnelle », dans le contexte où « demander l’intervention d’un conciliateur à la table centrale, ça ne s’est jamais fait », ont-ils dit.

La dernière offre gouvernementale est de 10,3 % d’augmentation salariale sur cinq ans, en plus d’un montant forfaitaire de 1000 $ la première année. À cela s’ajoute une somme équivalant à 3 % réservée à des « priorités gouvernementales », ce qui fait que le gouvernement présente son offre comme valant 14,8 % sur cinq ans. Les syndicats ont rejeté cette offre, la qualifiant de « dérisoire ». Ils n’ont pas effectué de contre-offre, ce que réclame par ailleurs Québec.

Mardi, le front commun a par ailleurs annoncé que ses 420 000 membres ajoutaient sept nouvelles journées de grève, du 8 au 14 décembre. La prochaine étape serait la grève générale illimitée.

Avec Tommy Chouinard, La Presse et La Presse Canadienne

Christine Labrie accuse la CAQ d’« exploiter » les femmes

Alors que le conflit de travail entre les employés du secteur public et le gouvernement perdure, la députée solidaire Christine Labrie a provoqué de vives réactions au Salon bleu, mardi, en affirmant que « l’État du Québec participe à la violence économique envers les femmes » et que la Coalition avenir Québec (CAQ) exploite celles qui travaillent dans le secteur public.

« Quand le gouvernement refuse d’augmenter les salaires du secteur public en haut de l’inflation, c’est de la violence économique envers les femmes. […] Les trois quarts des personnes qui travaillent dans nos services publics, ce sont des femmes. Pourquoi la CAQ persiste à les exploiter ? », a-t-elle lancé lors de la période de questions.

Une affirmation qui lui a valu une réprimande de la présidente de l’Assemblée, Nathalie Roy. « Mme la députée, vous allez trop loin. Il s’agit de propos indignes. Je vous inviterais à retirer le dernier mot que vous avez dit », lui a-t-elle demandé.

« Je ne le retirerai pas, Mme la présidente, car je le pense », lui a répondu la députée solidaire, sur un ton frondeur. L’attitude de Christine Labrie a soulevé l’ire de plusieurs députés présents au Salon bleu.

Le leader de Québec solidaire, Alexandre Leduc, s’est porté à la défense de sa collègue à deux reprises. « En tout respect, Mme la présidente, je suis en total désaccord avec votre interprétation », a-t-il dit à Nathalie Roy.

La présidente a sommé une deuxième fois la députée de Sherbrooke de retirer ses paroles. « On me demande de mentir, Mme la présidente, alors je vais le faire, je retire mes propos », a finalement lâché Christine Labrie.

Thomas Laberge, La Presse Canadienne